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îes habîtans de Smyrne l’avoient bien
peinte, en lui Mettant la corne d’Amal-
thée à la main , et une sphère sur la
tête , pour désigner l’abondance et la
mobilité.
Près de Gérés étoit aussi le temple du
Soleil, du Beiier ou d’Apollon K-améen.
Comme on trouve dans le voisinage
le Temple de la Déesse Syrienne, il y
a assez d’apparence, que ce culte, soit
de la Déesse de Phare, soit de la Déesse
Syrienne, leur vint d’au-delà des mers ,
ou d’Asie.
On voyoit à Messène un Temple de
Cérès et les filles de Leucippe ( Pleïades)
portant les figures des Dioscures, dont
le culte et l’origine étoient disputés aux
Lacédémoniens par les Messéniens ,
qui les revendiquoient. Il est certain,
que dans toute cette contrée, Cérès et
Proserpine étoient de'signées sous leur
vrai nom de Divinités Cabiriques, ou
de grandes Déesses , et que ce nom de
CaBire ou de Grand leur est commun
avec les Dioscures. On trouvoit aussi au
même lieu , prés du Temple de la
Déesse Illythie, le Temple des Curètes ,
où l’on immoloit toutes sortes d’animaux
, depuis le boeuf jusqu’à l’oiseau,
que l’on i jetoit dans le feu , comme
on faisoit en Syrie à la grande fête du
printemps, dont parle Lucien (1) , et à
Tithorée en Phoeide (a) en honneur
d’Isis .(z).- Nous remarquerons d’ailleurs
que cette Déesse , ainsi que Séra-
pis , avoient leur Temple à Messène
près du théâtre (3). On retrouve au
reste à Messène l ’origine du culte des
Curètes , dans la tradition qui fait
naître en ge lieu Jupiter , dont les Curètes
s’étoient emparés pour le soustraire
à Saturne. La montagne d’Itho-
me , et le fleuve Néda , furent en conséquence
métamorphosés en Nymphes 1 2 3 4 5
(1) Ibid. p. 141.
(2) Lucian de Deâ Syr.
(3) Pausan. Pbocic. p. 350.
(4) Pausan. Messeniae, p. 143.
(5) Pausan. Mess. p. 143.
nourrices de Jupiter, dans les fictions
poétiques de ce pavs (4).
Sur les bords du fleuve Babyras, au
midi de MeSsène, est l ’ancienne OEcha-
lie (5) , où l’on trouvoit un bois de cyprès,
dans lequel on célébroit les Mystères
des grandes Déesses, sur lesquels
Pausanias croit devoir garder un religieux
silence , et à qui il donne le second
rang après ceux d’Eleusis. Le
compagnon fidelle des Déesses d’Eleusis
et de Flsis Egyptienne, le Dieu conducteur
des âmes, Mercure y étoit représenté
portant son Beiier ; Cérès y
prenoit le surnom de la Chaste Vierge.
Telle étoit la chaste Minerve de Sais.
Une fontaine d’eau claire couloit le long
du piédestal de la statue. Le Dieu Soleil,
Apollon , sous le nom de Kaméen,
y a voit aussi son image. Si ce mot,
comme nous le croyons , n'est que le
mot Arnos, Agneau , précédé du K ,
dans la prononciation ou dialecte dn
pays, il est clair que ce sera le Jupiter
Ammon , le Soleil-Dieu-Àgneau , honoré
chez tant de peuples , et dont une
Vierge chaste fut lanière. On donnoit le
nom de pure ou d’Agna, en Arcadie, àla
fontaine prés de laquellejupiter fut nourri
sur le mont Lycéen , ou Olympe, près
des Temples de Pan, des autels de Mars *
et du sanctuaire d’Erato , femme d’Areas
(6). Pan est figuré dans le Cocher
céleste ; Mars a son siège au Beiier ;
et Erato est une des sept Pleïades-(7);
Erato rendit des Oracles , et fut une
Nymphe Naïade (8) , comme l’étoient
les Pleïades , filles de l’Océan. Près du
lieu où nous voyons la statue du Soleil
Karnéên, on trouvoit la petite ville et
le fleuve Electre , qui porte aussi le
nom d’une Pléiade ; et peut-être , observe
Pausanias, y a-t-il des rapports
entre ce fleuve et Electre, fille d’Atlas ,
ou la Pleïade, celle que l’on prétendoit (9)
(6) Pausan. Arcad. p. 263.
(7) Hygin. Fab. 145.
(8) Pausan. ibid. Messen. p, 143.
(y) Theon. Arat. p, 134.
jtre la septième , et qui étoit devenue
invisible , ou qui avoit été se placer près
de l’extrémité du grand Chariot ou de
l’Ourse. Au reste , on remarquera, que
ces Mystères d’OEchalie se célébroient,
tout près du lieu, où du temps de Pausanias
on trouvoit les ruines d’Anda-
ïiée , ville qui, comme nous l’avons vu
plus haut, fut le berceau du culte de
Cérès en Messénie.
Les Dryopes , transplantés de Més-
sénie à Asina, avoient apporté dans, ce
pays le culte .d’Apollon , honoré en
Phoeide (1) ; et tous les ans ils célébroient
les mystères de Dryope , fils du Dieu-
Soleil , à qui ils avoient élevé un temple
et une statue , dpns leur nouvel établissement
d’Asina. Ils y avoient consacré
les monumens du culte, quïls rendoient
auparavant à l’Astre du jour , sur les
sommets du Parnasse , et conservé les
établissemens religieux, qui renfermoient
tout ce qu’ils avoient eu autrefois de plus
sacré.
Si nous passons en Elide , nous trouvons
un peuple très-religieux et très-
civilisé , qui donna au culte toute Ja
pompe possible , dans ses monumens ,
dans ses Fêtes solaires et dans ses Assemblées
sacrées : la célébration ,des
Jeux Olympiques et le temple d’Olym-
pie en sont une preuve. Ces Peuples ,
dont le nom est emprunté de celui du
Soleil, leur grande Divinité , avoient
consacré chez eux le tombeau de l’Amant
de la Lune, Endymion , la statue
du Cocher céleste , Sphoereus, Cillas ,
Myrtile Cocher d’OEnomaiis ( aa ) ;
ce qui indique assez , que le Sabisme fut
le fond primitif de leur religion , et leur
culte celui de la Lumière. Aussi le
nom d’Augias , fils du Soleil ,; étoit-il
fameux parmi eux (2) , et Minerve ,
la Déesse de Saïs , qui se disoit mère
du Soleil, mérita-t-elle d’avoir chez eux
des temples , où on l’invoqua sous le
(0 Pausafl. Messen. p. 14 5 : :-
(2) Pausan. Hcliac. p. 14$ * -14*? ? 15° » 15**
.(3) Pausan. Heliac. p. 162«
nom de Mère. Elle étoit ailleurs la
Déesse Mère , ou Démâter, autrement
dite Cérès , comme nous l’avons déjà
observe". C’est sous ce nom, qu’elle étoit
honorée dans la partie méridionale de
l’Elide, appelée Triphylie, dans la ville
de Léprée , où l’on retrouvoit aussi un
tombeau de Caucon , de ce Caucon qui,
comme nous l’avons vu ci-dessus , établit
le culte, de Cérès à Andanée , près
Messène. Près de-là étoit aussi la fontaine
de l’Agneau ou Arnê, qui prenoit
son nom de l ’épouse d’Apharée, petit-
fils de Persée , qui a son siège sur l’Agneau
, au-dessous duquel coule le fleuve
Eridan : cet Apharée étoit père do
Leucippe, père des Pleïades Arsinoé ,
Phébê , etc.
Cérès Avoit un autel à Olym-
pie ( 3 ) , rsous le nom de Thémis ; ainsi
que sa fille, qui étoit invoquée sous le
titre àeDespoina, Domina, Hera, que
nous lui avons déjà vu donner par les
Arcadiens. On ne pouvok faire à cette
Déesse des libations de vin, non plus
qu’aux Nymphes.
A Elis-, la même Déesse , connue encore
sous le nom de Thémis, mère des
Saisons (4), auxquelles la Vierge préside
par son lever, avoit sa statue. Elle y étoit
aussi représentée sous sonnom de Cérès,
ayant à ses côtés Proserpine , Apollon
et Diane (5): Pluton , son ravisseur, y
paroissoit avec e lle , et avec deux
Nymphes , dont l’une portoit un globe,
et l’autre une clef. La clef étoit l’attribut
de Pluton , suivant Pausanias. Esculape
y paroît aussi , comme on l’y voit encore
ailleurs , près du grand temple
d’Isjs, avec la filje de Gérés ( 6 ).
Quant à Illythie, il paroît qu’on la re-
présentoit sous l'emblème d’une femme,
qui allaite un enfant, lequel se métamorphose
ensuite en serpent (hé). Cet
enfant portoit le nom de Sauveur de
(4) Pausan. Heii2ic. p-.j97.
(5) Heliac. 1 vp . . 104^168.
(6) Pausan. ibid.p.17&
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