autres élémens, qu’il pénètre sans s’y
incorporer. Au contraire, sous les traits
et le nom de Bacelius , il n’agit que
dans le monde sublunaire par sa chaleur
active et féconde , parce que la
matière sublunaire, ténébreuse et passive
de sa nature, est la seule qui soit
susceptible de générations et de clestruc-
tious. Il est Apollon dans la partie supérieure,
affranchie de tous les chocs tumultueux
de la matière et dans laquelle
règne une constante et éternelle (1) harmonie.
En un mot, Apollon est la lumière
pure et vierge, (c4) que répand le
soleil et qui brille dans les cieux ; ce qui
le distingue d’Osiris et de Bacchus ,
nincipes de fécondité bienfaisante pour
a nature sublunaire, et d’Hercule, qui
meut les sphères et qui engendre les
temps par sa révolution dans la carrière
annuelle des douze signes.
L ’identité d'Apollon et du Soleil est
un dogme théologique reçu par toute
l ’antiquité, et celui sur lequel on peut
élever moins de doutes. Son union fraternelle
avec la Lune ou Diane sa
soeur confirme encore cette vérité ,
attestée d’ailleurs par les anciens auteurs.
(-) Les Grecs,dit Cicéron (3), ado-
roient le Soleil sous le nom d’Apollon,
et la Lune sous celui de Diane. Le Sù-
—le il, dit Macrobe s’appelle tantôt
Apollon (4 ) tantôt Bacchus , et tantôt
prend d’autres dénominations. Les différentes
propriétés du Soleil ont donné
naissance à différentes divinités ,
qui ne sont que ce dieu unique sous
eufférens noms. Tel est le nom d'Apollon,
qu’il prend comme dieu de la divination
et de la médecine. Le nom d’A pollon
, suivant diverses interprétations
"qu’on lui donne,serapporte en dernière
analyse au soleil , continue ce mêmê
auteur, qui cite à lappui de sa proposition
les autorités - de Platon , de
{ i) Julian. o;at. 4. p. 269—280.
, (2) ’Servius Æneid-1. 3. v. 73. Phorn- c. 32.
(3) Cicéron, de nat. deor. I. 2. c. 27.'
CO Macrob. Satura. I. 1. c. 17.
45) Julian, orat. 4.
Chrysippe , de Speusippe, de Cléamhe,
de Coi nificins , d’Euripide, &c. Ces au-
teurs , partagés entre eux sur la vraie
étymologie de ce nom , conviennent
néanmoins tous, qu’il désigne l’astre
brillant du jour , qui verse surnousdes
torrens de. lumière, et qui promène
tous les jours du levant au couchant nos
disque b: filant et radieux. En elfetPla-
ton, dans son Cratyie où il prétend donner
les étymologies vraies de différons
noms, entre autre dé celui d’Apollon ,
nous dit que le Soleil et la Lune sont
deux divinités. Que le premier est connu
sous le nom d’Apollon et la seconde
sous celui de Diane. Julien ( 5 ), dans
son hymne au Soleil, nous dit que le
Soleil et Apollon sont absolument la
même divinité; et que c’est là sonnora
le pins commun et le plusconnu. Apollon
lui-même, interrogé pour savoir qui
il est , répond par son oracle , qu’il est
le S o le il, Orus , Osiris , Bacchus et
Apollon, le roi de l’univers, qui dipense
les temps et les saisons , les vents et les-
pluies; qui ramène l’aurore et la nuit ;
le chef suprême des astres , et le feu
éternel.:, (6).
Augustin , dans sa cité de dieu ( 7 j ,
convient que les anciens, qu’il appelle
payens,assuroient que les divinités qu’ils
adoroient, sous le nom d’Âpoilonet de
Diane , étoient au nombre des agens
de l ’ordre universel du monde , et que
le premier étoit le Soleil, et la seconde
la Lune.
lié: aelide de Pont (8)-, expliquant la
peste dont Apollon frappe l’année des
Grecs , pour venger l ’injure farte à son
prêtre, n’y voit qu’une allégorie relative
à l'action du soleil , qu’il dît être
la même divinité qu’Apollon , d’après
les principes secrets de la ’mysticité et
dans la langue ordinaire, ajoutant (9)
que l’on dit indistinctement Apollon
(6) Euseb. pr.-p. L v. I. 3. p. 15 p. 125.
(7) August. de £iv. dei I. 7. c. 16.
(8) Heraclid. o'pus.mvth. thomas. gale. p. AiS^Aïf»
(9) Ibid. p. 416.
soleil , ou le soleil Apollon. Il s’appuie
du témoignage d’Apollodore , savant
très-versé dans les sciences théologi-
nues, pour établir cette identité entre
le soleil et Apollon. Il y jo in te s propres
réflexions, tire'es, .des différentes
-épithètes dqnnées par Homère à A’jjoI-
;lmi et qui toutes caractérisent bien
: l’astre brillant, que noos, nommons
'soleil. Il conclut de tout cela, (îjj qu’A-
pollon est le nom du soleil , dont la
chaleur brûlante excite souvent les vapeurs
malfaisantes , qui engendrent les
maladies. Nonnus (2) dit aussi, que le
dieu appelle Mitlira chez les. Perses >
; soleil ou Bélus chez les Babyloniens,
j s’appelloit Apollon à Delphes. Ceux
’ qui se sont déclarés pour le système de^
j génicsetdes' intelligences, l ’ont attaçhé
j au corps du Soleil , comme son génie
j familier et comme l’intelligence céleste
I destinée à régler ses mouvementé ; ce qui
lie toujours ce! dieu au soleil, dans je-
quel il est censé résider pour distribuer
la lumière au rnônde visible. Apollon ,
ditPiutarque (3) ,-soit qu’il soit le soleil,
j soit qu’il soit le père et le maître du so-
i leil, placé aù dessus du monde visible ,
1. est pour lés’hommes le principe de leur
[ existence , de leur naissance, de leur
nourriture, de leur intelligence. On
: voit bien , que ce nouvel Apollon , père
ou maître clu soleil, n’est qu’un être créé
, parles abstractions des métaphysiciens,
l qui ont séparé du soleil , la force di-
; vine qui étoit censé appartenir à cet
astré, dispensateur de la lumière et des
. saisons. Le'même auteur,dans un àutrè’
f traité (4),, met dans la bouche d’un, de
ses interlocuteurs une distinction entre
[le. corps visible du soleil, et son intel-
; ligence invisible,qu’il appelle Apollon, j et qui dans l ’opinion vulgaire se çon-
jfond, dit-il, avec lè Soleil, parceqùe
( l ’objet sensible et apparent détourne
(X) Ibid. p. 417.
(2) Nonnus, Diony. 1. 40. v. 406.
fg) Plut, de orac. défect. p. 413;
^4) Id. de pyth:‘orâc. p. 400.
(5) Uranolog* Pet. Achill. Tat. fragm. cb. 5: p. 96.
notre esprit de Vôtre intellectuel et reel,
qui est le vrai Apollon. On ne voit dans
tout cela qu’une abstraction méta-
pliysique; et l ’auteur ne nie pas,, que ses
deux idées nese confondent dans l’o-
piniop vulgaire. Il est toujours certain ,
qu’Apollon étoit une divinité ; siégeante
dans le soleil, comnie nous le dit Achil-
lesTatius ( 5 ) ; ce qui nous suffit pour
notre système, dans lequel nous expliquons
les aventures.d’Apollon par les
phénomèries du mouvement du soleil.
Qu’Apollon soit le soleil considéré comme
in.telligej.it, ou que ce,soit le soleil
considéré comme siège du feu intelligent
, (6) qui du ciel jaillit dans le
sein de la matière , comme le veut
Porphyre , peut nous importe pour nos
explications.
Je craindrois de fatiguer mon lecteur
, par l’étalage inutile d’une fastidieuse
1 érudition , si je rassemblois
de nouveaux témoignages tirés ..des anciens
, pour prouver que tous ont vu
dans Apollon soit le soleil, (7) soit lfin-
telli gence divine, qui meut cet astre et
qui, pour me servir de l ’expression
de Plutarque , (8) voyage avec lui .et
dans lui autour du monde.
A quelle epoque de éon mouvement
I’ont-ilspeintsoùs les traitsetsouslenoin.
d’Apollon, f Ses statues et ses images
lui donnent toutes les grâces de la
jeunesse. C’est donc à l ’equinoxe de
printemps,, qu’il l’ont ainsi appelé et
ainsi peint.En effet Macrobe (9), qui
nous parle des quatre âges du soleil
ou des quatre formes, que l ’on donnOit
à ses images aux quatre époques
principales de là révolution annuelle ,
nous' dit qu’à l ’équinoxe de printemps,
où, le jour acquiert des aceroissemens ,
qui le font triompher de la longue
durée des nuits ,. le père du jour , le
soleil étoit alors censé arriver dans
(6) Porphyr. apud Eufeb. præp. I2.1.3. e. u .p . 113.
(7 ) Fufg. myth, I. 1.
(8) Plut, de isid. p. 375.
(y) Macrob. Satürn. I. 1. c. r8-
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