22 6 O R I G I N E D E T O
périt d ? sa cliûte. On immole ainsi
quelquefois de malheureux esclaves ,
enfermés dans un sac, et on les pousse
en dL-ant, que ce ne sont point des
hommes niais des boeufs. Ainli le dévot-
masquoit ses J m. ime.s re, liOgieux. Tous ont
oes marques imprimées sort aux mains
soit au col ; enfin tous les Assyriens
ont quelques stigmates. Ils ont aussi un
tirage semblable à celui des Grecs de
Trezène , celui de consacrer leurs cheveux
à la divinité. Ceux de Tiezèfie
prétendent honorer par là Lüppolyte ;
et c’estuneloi reçue parmi eux j-qu'aucun
jeune homme , aucune fille ne
peut se marier, sans avoir*auparavant
coupé ses-cheveux, et les avoir consacrés
à ce héros. Il en est de même
à-peu-p ès à Hiérapolis. Les jeunes
gens y consacrer! t les prémices de leur
bai be ; et coupent les longs cheveux,
qu’ils ont laissé croître . et qu’ils ont
consacrés dès leur naissance. C’estdans
le temple même qu’ils les coupent, et
qu’ils les déposent dans des vases d'argent
et même d’o r, sur lesquels sont
écrits leurs noms. Lucien finit ce traite
en nous disant, qu’il avoit lui même
satisfait à cet usage dans sa jeunesse.,
et que ses cheveux et son nom
etoient dans le temple d’Hiérapolis.
Nous avons cru devoir extraire ici
en grande partie cet ouvrage de Lucien,
à cause des rapports du culte
Assyrien avec celui des Grecs, soit
d Asie , soit d’Europe ; et des lumières
que ion peut en tirer sur les religions
orientales , dont les occidentaux ont
pour la plupart fait venir leur cuire.
Car l’Assyrie, la Phénicie , et l’Egypts
ont été le premier berceau des superstitions
, qui ont couvert le Nord et
l’Occident de 1 Europe." *.
Nous retrouvons en Arcadie la déesse
d’Assyrie, sous le nom de Diane Eury-
nome , et sons les formes des Sirènes j
et nous savons par Lucien, que la déesse
U S L E S C U L T E S ,
de Syrie avoit des traits de Diane et
de la Lune.
Nous nous rappellerons aussi la fête
des bûchers , dans laquelle on brûloit
des animaux vivans de toute espèce,
et nous comparerons cette lête à celle
qui se célébroit à Patras en Achaie,
en honneur de Diane Lnphrya : (î) fête
dans laquelle on environnoit l ’autel
d’arbres verds , tandis que dans l’enceinte
on rasscmbloit du bois très-sec,
auquel on mettait le feu. On jettoit
dans cette enceinte des animaux vivans,
des oiseaux , des sangliers , des
daims , des cerfs &c. On entassoit aussi
sur l ’autel des grains de froment; on
mettoit ensuite le feu au bois qui con-
sumoit les offrandes et les animauxyi-
vans , qui cberchoient à s’élancer hors
du bûcher ; mais qu’on y ranienoit
de force. Ces rapprocheinens ne sont
pas à négliger , non plus que celui ds
la cérémonie du versement de l ’eau
dans nn trou pratiqué dans le temple
delà déesse de Syrie , qu’on disoit la
même que Rhéa, et dans celui de Rhéaà
Athènes. Il en est de même de l’usage
de consacrer ses cheveux à la divinité,
qui se trouve être commun aux peuples
de Syrie et à ceux de Trezène en Grèce
, ainsi que des pratiques supersti*
cieuses des prêtres de la déesse de Syrie
et de leur mutilation , si semblables
aux piatiques des prêtres de Cybèlc.
Nous polirons établir les mêmes comparaisons
entre le culte du poisson sacre
des Assyriens , de leur fumets
Dagon , et celui de l’Oannês des Babyloniens
et du poisson Oxyrinqiie des
Egyptiens. Car tous*ces cultes ont le
même objet , et tirent leur origine
du Sabisme ou du culte des astres en
général , et en particulier de celui des
Poissons célestes (07).
Lorsque le Solstice d’été répondoit
aux premiers deg és du Lion , ce j|S$
observé et célébié par les Syriens et
( ï ') Paufan. Achai.p. 224.
O U R E L I G I O N U N I V E R S E L L E , 22 7
les Egyptiens étoit annoncé dans les
cieux , par le lever du soir de la belle
étoile du Poisson austral, placée à l’ex-
tréinité de Peau du Verseau ou du
srine qui est en opposition avec le
Lion céleste. On disoit de ce signe ou
de l'homme qui y est figurée, tenant
en ses mains l’urne d’où s’échappe un
fleuve, qu’il faisoit déborder le Nil par,
l'impulsion de ses pieds {1). Ou dit
pareillement du Boisson céleste , qui
reçoit dans sa bouche le fleuve du
Verseau, que son apparition faisoit déborder
le Nil. Voici ce que rapporte
Plularque du poisson sacré des Egyptiens
, connu sous les noms de Latus ,
de Lepidote, de Phagre et de poisson
Oxyrinque. Ce poisson, dit-il , semble
paroître avec la crue du N il, et nous
annoncer son heureux débordement (2L
Il est certain, que tous les ans au Solstice
d'été , au lever du soir du Verseau
et du Poisson austral , le Nil sortait
de ses bords et inondoît le sol
Egyptien.. Si , comme oii n’en peut
douter par le témoignage des anciens ,
on honora le Lion en Egypte , à cause
que le Soleil parcouroit ce signe , au
moment du débordement (3) , la même
; raison dut faire honorer le Poisson son
Paranatellon , qui le soir annonçoit
ce débordement, comme Sirius ou le
grand Chien l ’indiquoit par son lever
du matin. Les motifs du cnlte sont les
mêmes.
Le Poisson Oxyrinque, ainsi nommé
à cause de l’espèce, de pointe qui
termine sa bouche ( 4 ) , recevoit
un culte dans les temples de la ville
d’Oxyrinque. Il est représenté à la place
du Poisson Austral , sous le ventre
du Capricorne , dans le Planisphère
Indien, imprimé dans les Transactions
Philosophiques, année 1772 (5)1 Les
prêtres Egyptiens s’abstenoient de man-
{1) Théon ad Arat. phoenom. p. 136.
^2) Plut, de Ilïde. p. 253*
(.î) Ibid. p. 366.
(4) Ibid. p. 353.
CSi Tranfac. philof- p. 353.
ger de ce poisson, comme les prêtres
Syriens s’abstenoient de la chair de
poisson, par une suite du respect superstitieux,
qu’ils avoient pour le Poisson
Austral, et pour les deux Poissons
du Zodiaque. Les prêtres Egyptiens
s’abstenoient également de toute
espèce de poissons, suivant P utar-
que (6), et cette abstinence, suivant
Lucien (7), étoit fondée sur le respect
qu’ils avoient pour les Poissons célestes.
Ainsi les motifs de cette abstinence
étoient absolument les mêmes
pour les Syriens et pour les prêtres
d’Egypte , et entièrement subordonnés
au culte des astres , et aux pratiques
superstitieuses du Sabisme. Il
paroît par Kirker (8), que l ’espèce particulière
de poisson , qui fut peinte à
l ’extrémité du Verseau, fut en Egypte,
comme dans l’Inde, souvent le poisson
au nezpointu ou l’Oxyrin que. Cependant
on varia, et nos Sphères en sont
une preuve. Aussi ce ne fut pas seulement
-ce poisson particulier qui fut
honoré des Egyptiens ; le Phagre, le
Lepidote et le Lotus furent également
révérés , et reçurent les hommages
des Préfectures , qui les avoient pris
pour génies tutélaires , et qui en avoient
consacré les images dans leurs temples
, comme- avoient fait les peuples
de Syrie.
L ’Oxyrinque avoit donné son nom
à un Nome, ou Préfecture d’Eg pte ,
où il avoit une ville de son nom , et
un temple qui lui était consacré. ' Il
étoit, suivant Strabon , un des poissons
dont le culte étoit commun à toute
l’Egypte. (9) Elien dit que les Egyptiens
, qui habitaient cette Pr éfecture ,
avoient tant de vénération pour le
poisson Oxyrinque , qu’ils n’osoient
pêcher aucuns poissons , de crainte
de nuire à celui - là , et de l’enve-
(6) Ibid. p. 353.
(7) Lucian de Aftroïog. p. ç86»
(8) Kirk. cedip. t 2. p. aoi-
(9) Strabon. i. 17- p. 81»*
■ 'Ff 2
#