d’Àïcadiens, qui s’étoit fixée dans le
Latium (1) , sous la conduite d’Evandre
( « ) , lequel avoit aussi, à Pallantée
un Temple commun avec ces Déesses.
(2) Pies de-là étoit le Temple de Neptune
, ainsi que celui de Minerve Conservatrice
, dont le culte, disoit-on ,
avoient été apporté de Troye ; de Neptune
, que nous voyons toujours Hé à
son amante , sous le titre de Chevalier,
qu’il prenoit à Rome. Minerve avoit
aussi, dans le voisinage de Pallantée
et de Lycoas (3) , son stade et son hippodrome,
où se donnoient des combats
gymniques, et où sefaisoientdes courses ;
et la montagne , elle - même, comme
sous le nom de Mont Moenale, étoit consacrée
à Pan ; ce qui forme le rapprochement
le plus sensible entre le culte
de ce pays, et celui de l’ancien Latium.
Le culte de Despoina (4), fille de Cérès
et de Neptune métamorphosé en
Cheval, étoit, sur-tout, en vogue dans
ce pays. Elle avoit un sceptre dans la
main gauche, et c’étoit de la droite
qu’elle tenoit sur ses genoux la Ciste.
La fille de Cérès, sous le nom de Diane,
dans le même Temple d’Arcadie, consacré
aux Déesses Céîrès e* Proserpine,
tenoit d’une main un flambeau, et de
l ’autre deux serpens. Sous ce costume,
la fille de Cérès étoit placée à côté d’un
trône, où Cérès et la Déesse Despoina
étoient assises. Cérès tenoit d’une main
un flambeau, etappuyoit l’autre sur sa
fille.
La statue de la mère des Dieux s’y
voyoit aussi, et elle avoit son autel avec
les Déesses. Dans le portique étoient
plusieurs peintures , et entre autres un
petit tableau, où étoit tracé tout ce qui
concernoit les mystères (5) ; peut-être
comme la table Isiaque, Les Nymphes
et les Pans, ou les Faunes, y étoient
aussi peints. 1 2 3 4
(1) Tit.Liv. , 1. 1 , e. 5—7„(2) AEnei<l. I. 8 ,r . « . Pausan. Arcad. p. 174.
(3) Ibid. p. 267.
(4) Pausan. Arcad. p. 261,
(j) Pausan. ibid. p. z 6~.
Cérès, sous le nom d’Erynnis, étoit
représentée avec,le flambeau et la ciste
comme ici Despoina (6).Les Curètes et
les Cory hantes s'e trouvoient aussi
placés aux pieds de ces statues ; mais
Pausanias dit qu’il croit, à cet égard,
devoir garder le silence., quoiqu’il soit
instruit. En sortant du Temple, on voyoit
nn miroir tellement disposé, qn’il ré-
fléchissoit l’image du trôneet desDéesses
qui y étoient assise*. On voit, dans la
pompe Isiaque , décrite par Apulée,
de ces miroirs disposés de manière à.
faire appercevoir à la Déesse, quisuivoit,
la face du cortège de ceux qui la pré-
cédoient (7). C’étoit près du Temple de cette puissante
Deesse, qu'étoit le lieu, où se cé-
lébroient les mystères, où l’on initioit
et où les Arcadiens saerifioient à Des-
poina(8j. Le lien s’appeloitMagnifique,
Meoaron. Elle étoit la Divinité la plus
révérée des Arcadiens. Elle prenoit
le nom de Despoina,quandon la considé-
roit comme fille de Cérès et de Neptune;
et celui de Corê, quand elle étoit considérée
comme fille de Jupiter et de Cérès.,
Suivant Homère et Pamphus, Corê étoit
Proserpfne ; mais le vrai nom de Despoina
, Pausanias n’ose le révéler aux
profanes ou non initiés (9). Peut-être
sêroit-ce Andromède , qui naît avec Pégase
, ou quelqu’une des Pleïades, Maïa.
Au reste , le père de Despoina, ou
Neptune - Chevalier, avoit son Autel
près du Bois sacré de 1 a Déesse , et à côté
étoit un Temple du Dieu Pan , dont les
fêtes Lupercales furent établies à Rome
par Evandre. On y trouve l ’origine
du culte du Feu éternel, qu’on entre-
tenoit, en Arcadie , sur les autels de
Pan ( x ) , qui a son siège au Capricorne
avec Vesta, dans la distribution des
douze grands Dieux. On y voit aussi un
Panthéon, ou inscription, en honneur
(6) Pausan. Arcad. p. 657.
(7) Apul, Metamorph. I. 1 1 , pi j ï i ,
(8) Pausan. ibid. p. 268.
(?) Pausan. ibid. p. 28.
,Je tous les Dieux. Plutarque , dans la
■ vie de Romulus , prétend que ce Prinee
institua la garde du Feu sacré , et les
Vestales. Le Pedurn des Bergers d’Arcadie
devint le bâton augurai de Ro-
inulus. D’après les traditions anciennes
des anciens Peuples d’Italie , recueillies
par Varron, par Sempronius Gracchus,et
par plusieurs autres Savans, les plus anciens
habitans d’Italie , les Aborigènes,
étoient des Grecs, qui, long-temps avant
la guerre de Troye, avoient passé en
Italie ; et ces"Grecs , selon Denys d’Ha-
licarnasse (1) , ne peuvent être que les
Arcadiens, qui d’abord , traversant la
mer d’Ionie , allèrent s’établir sur les
côtes de la Pouille, et de là passèrent
jusqu’à la côte , qui baigne la mer de
Toscane. Le rapport des cultes,que nous
venons d’exposer , justifie pleinement
cette opinion. Denys d’Halicarnasse (2)
parle du culte de Cérès et de celui de
Neptune Chevalier , transporté à Rome
par ces mêmes Arcadiens, de femmes
attachées au sacerdoce de Cérès , et de
l’abstinence , qui accompagnoit ces cérémonies.
Ces femmes étoient les Vestales
et les femmes , qui seulement pou-
voient assister aux mystères de la Bonne
Déesse.
Denys d’PIalicarnasse (3) y fait aussi
arriver les Phénéates, chez qui nous
avons vu établi le culte de Cérès Eleu-
sinienne,etde Gérés Cidaria,où l’on frap-
poit les Assistans (4 ) , comme on fai-
soit à Rome aux fêtes Lupercales , et
en Egypte à celles de l’Isis adorée
à Bubaste (5).
Mars , père de Romulus, avoit son
autel en Arcadie , dans le Temple de
Pan , et Vénus y avoit des Statues (6).
A côté de ce même Temple de la
Déesse Despoina, étoit le Mont Lycéen,
où avoit été nourri Jupiter. On
donnoit à ce lieu le nom de Crète.
(1) Denys Halyc. I. 1 , p. 9.
(a) Ibid. p. 26.
(3) Ibid. p. 17.
(4) Pausan. Arcad. c. 15 , p. 249.
(5) Hérod. 1. * ,c. 61.
C’est dans cette Crète , et non pas d'ans
l’île de ce nom , que fut nourri, dit-on ,
Jupiter par trois Nymphes, ThéisoaT-
Nédaet Agno.Il y a d’au très'Nymphes,
nourrices de Jupiter, qui sont les étoiles
de l'Ourse céleste, suivant Diodore et
Hygin.(7). Cette idée, de faire nourrir
par une ourse Jupiter , a pu donner
aux Romains celle de faire nourrir Ro-
mulus par une louve (y ) ; et comme
le Fleuve Néda , qui passe au pied di*
Mont Lycéen , fut censé avoir nourri
Jupiter, le Mont Lycéen ou du loup put
aussi être censé avoir nourri Romulus.
Agno, autre nourrice, étoit une fontaine
du Mont Lycéen , etThéisoa, une petite
ville , ou un village , qui fit partie ensuite
du territoire de Mégalopolis. Pan
avoit sur ce Mont Lycéen son Temple,
près duquel on célebroit autrefois des
jeux. Ce sont, sans doute , les fêtes
Lupercales célébrées à Rome par R omulus
, en honneur de Pan Lycéen (8).
Il y avoit à côté un Bois sacré , espècé
d’asyle , dans lequel la bête ponvoit
s’enfoncer, sans que le chasseur osât l’en
tirer ; il l’attendoit dehors. Quiconque y
fut entré et eût méprisé la loi, qui en
interdisoit l’entrée, seroit, dit-on, mort
dans l’année. Peut-être est-ce là ce qui
donna aux premiers Romains l’idée
d’avoir chez aux un Bois sacré , où les
esclaves pouvoient se réfugier, sans que
personne osât les tirer de cet asyle (9}.
Nous ne croyons pas que l’on doive
regarder comm e un écart ce que nous
avons dit, pour prouver la filiation du
cidte ancien des Romains avec celui
des Arcadiens , parce qu’il doit en résulter
un grand jour sur l’origine des
Mystères célébrés à Rome, depuis la fondation
de cette ville.
La Despoina des Arcadiens étoit;fille
de Cérès-Melainê , ou Noire , suivant
Pausanias (10) , la même qu’on adoroit
(6) Pausan. Arc. p. 268.
(7) Diodor. 1. 4 , c. 79. Hygin. .1. 2.
(8) Tit. Liv. 1. 1, c. 5.
(9) Ibid. c. 8.
(10) Pausan. Arcad. p. 271.