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dont les statues emprüntoient leur
cceifure monstrueuse ;• car la vaclre représente
IsiS , et le taureau ou le
boeuf représenté Ostris, Comme on l ’a
vu par Apis. Au lieu de statues;' '(pii
représentassent les animaux sacrés et
vivans, on peignit des figures humaines
dont ori composa la. parure des
parties de'ces mêmes animaux. Ainsi,
au lieu de la statue du boeüf, on répré-
sénjti un homme à cornes de boeuf. La
partie fut prise pour le tout. Y
Ceux qui réjetoientces unions monstrueuses
, Comme les Perses , représentèrent
leur dieu soleil monté sur le boeuf.
Cette figuré plut davantage que celle
d’un Minotaure. Ceux qui pareillement
rt’aimoient point à voir une femme
à Cornes de vache , telle que l’Isis
des Egyptiens , peignirent une - femme
montée sur un taureau. Telle étoit la
he'le Europe des Phéniciens et des
Cretois , que la fabjle supposoit avoir
été enlevée par Jupiter, ou par lepère
de la lumière,.déguise sous laforme d’un
taureau , dont l image, dit la lablo, est
encore aux constellations . Les fictions^
furent plus agréables, et les images
moins révoltantes, Lés Grecs semblent
avoir de préférence adopté ce dernier
genre de fictions et de peintures ; et ces
Grées, plutôt élégans artistes què savons
profonds, aimèrent mieux sacrifier
au gotk et aux belles formes’ qu’à
la science et aux-bizarreries de ia mysticité.
Néanmoins, on ne peut disconvenir,
que dans la haute antiquité les Grecs
n’aient reçu les divinités monstrueuses
de l'Egypte, et n’en aient conservé
des traces dans leurs fictions religieuses
et dans leurs temples. Leur Minotaure ,
leurs Centaures et sur-tout leur Cércs
de Phigalie, dont nous parlerons ailleurs
, en sont une preuve. Il seroit
curieux de déterminer à quelle époque
l ’élégance dans les monumens du cultea
été substituée à la sience et quand a commencé
le siècle du gbût et'des belles formes,
qu'ils ont données dans la suite aux
statues de leurs dieux , ét qui ont servi
de modèle aux siècles suivans.
Nous terminerons ici ce que nous
avions à dire sur les divinités aux
formes de boeuf, et sur-tout sur le Soleil
et la lune adorés en Egypte-sous ce
symbole. Passons à icelles qui prenoient
les attributs du Capricorne ; ou du Bouc
et de la Chèvre.
C H A P I T R E N E U V I È M E. -
M e n d é s o u P s t N , divinités dont les formes sont empruntées de la Chèvreù
du Bouc.
E n suivant le principe qne nous avons
adopté, de chercher dans les signes et
les constellations le type original delà
plupart des images monstrueuses, ou
des animaux sous le symbole desquels
s’est produit le Culte du Soleil en Egypte,
et chez les peuples qui ont reçu des
Egyptiens leur religion, il ne nous sera
pas difficile de trouver aux cieux l’origine
des divinités, dont le bouc et la
chèvre étoient l ’image ou qui empruntaient
de çeg animaux leurs attributs
caractéristiques. Tels étoient le fameux
bouc adoré à Mendés en Egypte , la
chèvre dorée révérée des Phliussiens
en Grèce, le Bouc Azima des Samaritains,
et le dieu Pan des Egyptiens et
des Areadiens. C’est au ciel que nous
trouverons le type de leurs images,
comme nous y avons trouvé celui des
images d’Ammon ou du dieu Bélier,
et d’Apis, ou du dieu Taureau ; et cette
conséquence n’est qu'une suite et une
extension delà théorie, que nous avons
appliqué
appliqué à l’analyse des divinités à forme
de Bélier et de boeuf. J$ :
Le même Lucien , qui nous a d it,
eue ceux qui révéroient en Egypte le
bélier et le Taureau n’adoroient sous
ces symboles que les animaux celeste, ,
[dont ces animaux sacrés étoient les
images vivantes, nous dit aussi, que
Iceux qui révéroient le bouc honoroient
dans cet animal le bouc, qui est aux
cieux ou le Capricorne. Comme il ne
nous a point trompés dans les rapports
qu’il a établis entre le Bélier de Tlièbes,
le boeuf de Memphis , et les constellations
du Bélier et du Taureau , rapports
qu’un examen -soigneux vient de
justifier dans les deux chapitres pré-
[cédens, on ne peut douter, qu’en examinant
aussi les rapports qu’a le bouc
de Mendés avec celui des signes , nous
ne trouvions que ce dernier a été le
’type du premier , et que ce sont ses
formes que Pan et les divinités aux attributs
de bouc ont empruntées. Pour ne
pas nous écarter de notre marche, nous
parlerons d'abord du culte du Bouc , et
(ensuite de celui des divinités, dont les
statues étoient de forme humaine et
composées en partie des attributs du
bouc; telle étoit la statue de Pan , dont
les images accompagnoient presque toujours
celles du dieu aux cornes de boeuf,
Bacchns , comme la Chèvre céleste et
ses Chevreaux accompagnent dans les
cieux le Taureau.
Le Bouc étoit honoré d’un culte spécial
à Mendés , dans la basse Egypte ,
etavoitdonnéson nomàtoutela préfecture
ou Nome Mendésieti, qui étoit sous
l’invocation de cet animal sacré, ou
du Talisman Vivant, représentatif du
bouc des constellations'. Le nom de
Mendés étoit un nom commun au Bouc
Sacré , et au dieu représenté aveo des
pieds et des cornes de bouc. Chez les
(1) Hérod. f. i . c. 46.
(2) Ecymolog. magn. in .voce Meniefié SuicL Mendés.
Nonnus collée, hiftor. ad Gregor. Nanz. Hé-
rodian in Julian. 1. 2. hilt, 27. p. 109.
Bel:g. Univ. Tom* II.
Egyptiens,ditHérodote (i), le Bouc et le
dieu Pan sont désignés^ par le nom commun
de Mendés. Suidas et l’auteur appel-
lé le grand étymologiste (2), copiste sans
doute d’Hérodote, attestent la même
chose , au mot Mendésien et Mendés.
Les Egyptiens, dit ce dernier , appellent
Pan Mendés, parce qu’il est représenté
avec les formes du Bouc ; car ce
mot Mendés; dans leur langue , signifie
bouc. Je pourrois ajouter à ces témoignages
celui d’un certain Nonnus (3) ,
qui dit que les Egyptiens appellent Pan
Mendés, parce que c’est le nom qu’ils
donnent dans leur langue au Bouc, et
que Pan est représenté avec une tête
ou des cornes de bouc p ot que c’est le
respect, qu’ils ont pour cette divinité,
qui les force à s’abstenir de mangerde
la chair de chevreau , à cause que c’est
sous cette forme qu’ils représentent leur
dieu Pan. C’est par une raison semblable,
que nous avons vu plus haut que
les adorateurs d’Ammon ou du dieu, à .
formesdeBélier s’absténoientd immoler
la brebis, et regardoient cet animal
comme un animal sacré pour eux. (4)
Les habitans de Mendés marquaient
leur monnoie au coin du bouc ^5), comme
les Phéniciens marquoient laleurau
coin du Taureau d’Europe ; l’aigle fournit
les’ armes de Tyr et de Rome; le
vaisseau, céleste fut consacré également ,
chez les Sucves , et son empreinte fut
mise sur l ’ançienne monnoie des. Romains
, avec l ’effigie de Janus, comme
nous le dirons à l’article de Janus.
Il s’agit maintenant de déterminer,
quelle epoqrae, de la révolution du Soleil
, et quelle- action de cet astre créa-!
teur les Egyptiens avoient voulu indiquer
sous l’emblème du bouc. Portons
nos- regards sur les cieux, et voyons
quelle partie du ciel a été marquée par
des signes et des emblèmes choisis dans
(ji). Hérodote 1. 2. c. 42.
f5) Jablor.ski 1. 2. c. 7. § 3. p. 276.
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