lui apprend que son mal n’est pas sans
remède. Qu’il existe dans là secte des
Chrétiens des purifications, qui expient
tous les forfaits, dè quelque nature et en
quelque nombre qu’ils soient. Qu une
dés promesses de cette Religion est b
que quiconque l’embrasse , quelqu’im-
pie et quelque scélératqu’il puisse être,sur
le champ ses crimes sont effaces. Constantin
saisit avec avidité cette promesse,
et songea dès ce moment à se déclarer
protecteur d’une secte , qui traitait si
favorablement tous les crimes. C ’étoit
un scélérat, qui clierclioit à se faire
illusion , et à étouffer ses ; remords.
Eleusis fermait ses portes à Néron ; les
Chrétiens l’auroient re çu , s’il se fût
déclaré pour eux. ; Quelle affreuse Religion
, que celle qui reçoit dans son
sein les plus cruels tyran s , qui *, en
fait ses protecteurs , et qui absout de
tous .les crimes ! Quoi, Néron , :sil
eût été Chrétien , auroit été un Saint !
Pourquoi non ? Constantin aussi coupable
que lui, en est bien un. La raison
etla nature n’auroient jamais absous
Néron. La Religion Chrétienne l’eût
absous y s’il se fût fait baptiser. Quelle
horreurl Il est des monstres , qu’ il faut
abandonner aux remords et à l’effroi
des Furies. La Religion qui les calme
enhardit aux forfaits. Une telle Religion
doit donc être regardée comme une
institution funeste , et une véritable
monstruosité en politique , comme en
morale. Quelqu’honnête que l ’on suppose
le but de toutes ces chimères,
et de l’usage de l ’imposture religieuse,
imaginée par les Législateurs anciens,
on conviendra aisément, d’après ce que
nous avons fait voir, que pour un peu
de bien qu’elles ont pu faire , elles ont
donné naissance à de grands maux ;
et que quand la somme des maux excède
infiniment celle du bien, le calcul est
mauvais ; et qu’il en faudra, en dernière
analyse , revenir un jour au bon sens,
à la raison, et aux notions simples du
juste . et de l ’injuste données par la
Nature , appuyées par la législation et
par un bon gouvernement,. et qu’une
sage éducation doit développer, sans
emprunter l’art toujours dangereux du
prestige. ■ ' ç
Après avoir vu ce que furent les initiations
anciennes , relativement à la
politique et à la morale., nous allons
suivre leurs rapports avec la Métaphysique
, là Physique et l’Astronomie. Ce
sera le sujet de la troisième Partie de cet
Ouvrage.
T R O I S I È M E P A R T I E .
EXJMvN Philosophique dés Mystères , considérés dans leurs rapports avec la
Métaphysique, la Physique et l ’Astronortiie ancienne.
P R E M I È R E S E C T I O N .
T i E but des initiations anciennes ayant
été d’améliorer notre espèce, et de perfectionner
cette partie de l’homme qu’on
appelle Yamë, la nature de f amé humaine
, son origine, sa destination,
ses passions, ses rapports avec le corps
et avec toute la nature, tout cela fit
partie de 'la science mystique, et l’objet
des leçons que l ’on donnoit' à-l’Initié.
La Métaphysique, si on peut appeler
Métaphysique une théorie sur l’ame matérielle
, se trouva liée à la morale ,
puisque la morale appartient à l’ame ;
et elle se lia à sontourà la Physique , et
à l ’Univers entier , puisque l ’ame. fai-
soit partie de la substance: universelle;,
et en était la portion la plus; belle;,
la plus pure, et la plus lumineuse.
Nous devons donc entrer ici dans l’examen
des principes métaphysiques des
anciens sur famé , sur son origine ,
sur, sa nature , son état ici- bas, et sur
sa destination .future , • et en prendre
l'idée* qu’en avoient ceux qui établirent
l’initiation . c’est-à-dire ,' ceux qui imaginèrent
les moyens de la purifier, de
l’affranchir du désordre et du trouble,
qui régnent dans la matière sublunaire,
. (>) Aristid. in Panathen. Virg. AEneid, 6. Arriw.
■ n Epict. 1. 3 , c. 21.
et qui est le germe de ses maladies ou
de nos passions , de former et de; rectifier
ses moeurs , comme dit Arrien ( î ) ,
enfin de perfectionner l ’initié, et d’empêcher
que la partie divine qui est en
lui , surchargée de. la matière terrestre
et ténébreuse, ne soit plongée dans le
bourbier , ou n’éprouve des obstacles
à; son retour vers la Divinité. Car tel
étoitle grand but de l’initiation. C’étaient
là_ les magnifiques promesses que l ’on
faisoit aux initiés. Pour bien entendre
toute cette théorie, il faut savoir d’abord
ce que ces anciens Philosophes enten-
doient par Va me de l’homme. Ce n’étoit
point,comme chez nous, un être abstraift,
qui est plutôt une conception de l ’ame •,
que l’ame elle-même ; mais un être très-
réel et matériel, qui renfefmoit en lui la
vie et la pensée, ou plutôt deTessence duquel
il étoit de vivre et de penser. Ils admettaient
deux matières, dénaturé absolument
différente, et dont lés qualité«
n’étoient pas à beaucoup près les mêmes;
mais qui s’unissaient ensemble souvent
pour organiser des corps. De ces deux
matières,. l ’une, la matière de la terre
qt desélémens, étoit brute , inerte, sans