3oz O R I G I N E D E TO
Leur Iconologié a été basée Sur les
mêmes élémens que leur Mythologie
et couverte du même voile aux yeux
du vulgaire , qui à demi éclairé prend
toujours poun des monstruosités et des
sottises , ce qu’il n’entend pas ; et qui ,
tout-à- fait ignorant, les révère avec
un respect superstitieux.
Enfin il est une sorte d’images ou
de statues empruntées des sciences exactes
et de la Géométrie. Nous en avons
déjà parlé dans le chapitre troisième
du premier livre de cet ouvrage, à l’occasion
de la Pyramide : nous en dirons
encore iûi quelques mots.
Les pierres mêmes, qui nereprésen-
toient aucune figure d’hommps , ni
d’animaux , sinvde ou composée, et
qui étoient taillées, suivant certaines
proportions géornéri pies , devinrent
souvent des images de I ' ivinité et de
ses facultés les plus mk Quelles. T-es
maîtres de Pyjh g pu v.pi imilient
par des.pomhres les üivr sopérations
de la natuie , et de la divinité, j in ployèrent
aussi les figures géométrique est
les corps solides , pour exprime: les
mêmes rapports,qu'ils conce' oier < dans
les élémens , dans la nature et dans
l ’unité première , du sein de laquelle
tout découloit. Comme les nombres ser-
voient à désigner les êtres intellectuels
, les figurés géométriques défi-
gnéreni les corps, Platon donnoit à
l ’ame un principe arithmétique et au
corps un principe géométrique (i).Les
Pythagoriciens donnoient à la terre la
figure sphérique et au feu la figure
pyramidale (2). Le dodécaèdre ou la
figure à douze pans, représenta l’uni-
vers (3). On peut voir dans Time de
Locres les différentes figures géométriques
, destinées à représenter les di- 1
( 1 ) Diog- Laert. I. 3. p. 217. vitâ. Pythüg.
* (23 AchiH. Xat. c. 6. p 77.
(3J Tim. de Loc. c. 3. sect. 4— 8.
U S L E S c u l t e s ;
vers élémens. Kirker, dans son OEd’.
pe \ 4 ), explique le sens symliol;.
que des différens solides. La ICurè
sphérique fut aussi l'emblème de la
divinité, quand la divinité fut confon-
due avec le monde lui-même, qu’elle
meut et qu’elle agite , par un principe
de vie et de mouvement éternel. Car
toutes nos images , toutes nos expressions
symboliques et figurées ne sont
que les diverses manières, sous lesquel-
les nous rendons les idées, que nous
nous faisons de la nature et de ses opé.
rations. Les Pythagoriciens pensoient,
que des idées abstraites dévoient être
rendues par des expressions empruntées
des sciences abstraites, de même
qu’ils honoraient par le filence et par
le culte le plus intellectuel l’être invisible
( 5). Ainsi les nombres et les figures
géométriques devinrent des signes
d’idées abstraites sur Ja nature des divinités
différentes. .'Delà l ’origine des
pierres cubiques , triangulaires ou pyramidales
^jdestinéès à représenter les
dieux, le soleil et les astres différens.
Cette manière d’exprimer les idées religieuses
est de la plus haute antiquité
, et peut être regardée comme une
des sources de la consécration des
pierres symboliquesqui devinrent dans
la suite, chez les nations ignorantes,
l’objet du fétichisme le plus absurde.
Au reste, quand même les pierres eussent
été absolument brutes , et sans
figures régulières , la consécration seule
en faisoit l’objet d’un culte religieux,
mais non pas une divinité, comme on
l ’a dit faussement. . Car on doit toujours
se souvenir, qu’on ne doit pas confondre
le symbole consacré, avec la
phqse^à*laquqlle il est consacré , et à
laquelle le culte se rapporte en der-,
niere analyse^
fjj) Kirker oedip, t. î . pars. 2. p. 104— 10J.
’ (Ù Porpbyr. de -vitâ. Pyth. p. 24. r '
R Ê L I G I G N U N I V E R S E rÈ :L Ej x
t r a i t é d e s m y s t è r e s .
P R E M I È R E P A R T I E .
J)ss Mystères y de leur origine, et de leurs progrès , de leur* espèces
différentes ; et en général de tout ce qui tient à, T historique des initiations
anciennes, au cérémonial, et aux fonctions sacerdotales.
L ’or l o i n e de l’initiation et des mystères
se perd dans l’obscurité des siècles,
et remonte jusqu’à l’époque éloignée ,
oà les hommes appliquèrent la religion
au maintien de l’ordre social. Ils sont
proprement le fond de la religion des
anciens et de leur croyance sur les rapports
de l’homme avec les causes premières
, et sur la Providence universelle.
Les Egyptiens nous paroissènt
être le plus ancien peuple chez qui oh
trouve des mystères établis ; et peut-être
est-ce d’eux qu’ils ont passé dans le reste
du monde au moins revêtus de la
forme , sous laquelle ils nous ont été
transmis par les écrits et les monumens
de l’antiquité Grecque et Romaine. Les
Egyptiens , en général , ont donné
beaucoup d’attention au culte et aux
institutions religieuses , et iis semblent
avoir rappelé toute leur politique à la
Théocratie , comme à son centre. Les
Prêtres tenoient dans la société le même
rang, que les Dieux dans l’ordre du
monde. Us n’avoient même tant vanté
le pouvoir des Dieux , qu’afin d’établir
plus sûrement le leur. C’étoit des esclaves
impérieux., qui régnoient au nom
de leur maître , sur d’autres esclaves
timides , qui alimcntoient leur orgueil
(1) Plut, de Iside, p. 356. - Y
(1) Diodor. 1. x, §. 96, et 1. 3, §. 69. *
ReL Univ, Tome II»
et leur puissance des fruits de leurs
sueurs et de leur industrie.
Ce sont eux qui, plus qu’aucun autre
peuplé , ont cherché à développer les
principes de la morale religieuse: Ce fut
pour l’enseigner avec plus de succès ,
qu’ils instituèrent des initiations et des
sociétés particulières , dans lesquelles
l’homme apprenoit à connoîtré les rapports
qui le lioient avec l’univers et avec
les Dieux. Les mystères d’Osiris, d’Isis
et d’Horus semblent avoir été le modèle
de toutes les autres initiations , qui
se sont ensuite établies chez les différens
peuples du monde. Les mystères
d’Atys et de Cybèle célébrés en Phry-
giè ; de Gérés et de Proserpin.e célébrés
à Eleusis , et dans beaucoup d’autres
endroits de la Grèce , n’en sont qu’une
copie. Cette filiation de culte a été remarquée
par Plutarque (1) , Diodore de Sicile
(2) , Lactance ( 3 ) , et par plusieurs
autres auteurs ; et quand ils n’en au-
roientpas fait F observation, il ne seroit
pas difficile de s’en assurer, par la comparaison
des aventures romanesques de
ces Divinités. Les anciens, qui ont
comparé les Divinités Grecques avec les
Divinités' Egyptiennes , ont pensé que
la Cérès des Grecs étoit absolument la
(3) Lactsnce , y. 119.
A.*