
 
		cation  avec les corps Ethérés (g). Car la  
 tendance, qu’ont les différons êtres à s’unir  
 entre eux  , est  toujours  fondée  sur  
 l’analogie  de  leur  nature.  La  dissemblance  
 au  contraire  sépare ceux,  q u i,  
 par  leur  local  ,  semblent  être  les  plus  
 voisins.  C’est  de  ce  principe ,  que met  
 ici  en avant  Hiéroclès  ,  et  qui  se  retrouve  
 chez  tous  les  Platoniciens ,  que  
 l’on  partit pour enseigner aux hommes,  
 que  le  plus  sûr  moyen  de  plaire  aux  
 Dieux  et  de s’en  rapprocher  ,  étoit de  
 mettre  entre  eux  et  soi la plus  grande  
 ressemblance  possible  ,  et  d’imiter  la  
 pureté  de  leur  nature.  Ce principe  devint  
 la  base  de  toutes les vertus  ,  et  
 de  fut  aussi  de tous les  abus  de  la  spiritualité  
 , qui tendoit  à  s’affranchir  de  
 la  matière  ,  pour  s’absorber dans une  
 espèce  d’apathie  religieuse. 
 Tel  étoit le  résultat des  dogmes  philosophiques  
 de  Pythagore ,  et le moyen  
 qu’il  crut être le plus  convenable  et  le  
 plus  sagement  mesure ,  pour  procurer  
 à l’homme la  plus grande toute sanature. Celui en effepte, rqfueic ntiéosn  odce  
 cupe que de fam é. et qui négligé lexorps,  
 ■ne  purifie  pas  l’homme tout entier'(i).  
 Réciproquement  celui  qui  croit  devoir  
 s’occuper  uniquement  du  corps,  sans  
 avoir  égard  à  l’ame , ou qui pense, que  
 les purifications  appliquées au corps servent  
 à  l’am e,  sans  que  par elle-même  
 elle  soit  déjà purifiée ,  tombe  dans  la  
 même  erreur.  Mais-celui  qui  emploie  
 concurremment cesdenx moyens, celui-  
 là  agit  sagement, puisqu’il  unit aux remèdes  
 , que fournit la philosophie, ceux  
 que  procure  l’art  sacerdotal,  dans la  
 partie, où il s’occupe des moyens de purifier 
 le véhicule  lumineux de  l’ame;  et  
 sans  lesquels la Philosophie  ne  produit  
 que la moitié de son effet. Cette dernière  
 pensée  d’Hiéroclès justifie  ce que nous  
 ayons déjà  avancé,  que  la  Philosophie  
 et  la  Mystagogie  avoient un même but  
 commun, l’épurement de l’ame, ét la perfection  
 de  l’homme ,  d’où dépendoit la  
 perfection de la morale et  de  la législation. 
   Cela justifie  aussi les détails,  dans  
 lesquels nous entrons ic i, surles.raffine-  
 mens  de la  Philosophie ancienne, dont  
 la théorie n’est point, comme on le voit,  
 étrangère  à  la  doctrine  des mystères ,  
 et  dont tous  les principes  leur  ont  été  
 appliqués  ;  en  sorte  que  ce  que nous  
 avons  dit  jusqu’ici  ne  peut  point être  
 regardé  comme un  écart. On  ne pourra  
 donc pas dire, que  nousdonnons  ici le  
 change au lecteur; et que  nous lui présentons  
 lesraffinemens de la Philosophie  
 Pythagoricienne  et  Platonicienne  ,  au  
 Ùêu de ceux  de  la Mystagogie , qu’on a  
 droit d’attendre de nous, puisque la Philosophie  
 et la Mystagogie agissoient dan a  
 le même sens,  vers le même  b u t, et sur  
 les  mêmes  principes  (h).  Toutes  deux  
 agissoient  sur  l’ame ;  l’une  sur  l’intelligence  
 ; l’autre sur  sa partie inférieure-,  
 sur son véhicule lumineux ,  sur la substance  
 Ethérée  ,  dont  l’inteiligence  étoit  
 la  fleur ,  c’est - à - dire ,  sur  le  corps  
 même  de l’ame , si je  puis m’exprimer  
 ainEsni. effet , continue Hiéroclès'(i),parmi  
 les choses  qui  peuvent  opérer notre  
 perfection, les  unes ont été d’abord trouvées  
 par les Philosophes, les  autres  par  
 les  Mystagogues  ,  dont  l’art s’est joint  
 à l’esprit phüosophique , pour  compléter  
 son ouvrage. J ’appelle ici  art Mysta-  
 gogique ou Telestique , celui qui s’occupe  
 de  purifier  l’enveloppe lumineuse de  
 l’esprit,  afin que la  faculté  contemplative  
 de toute la Philosophie  marche en  
 avant, en  qualité d’intelligence; et que la  
 partie  active et pratique suive ,  comme  
 force et faculté.  Quant à cette dernière,  
 qui réside dans l’action , on la  divise en  
 deux espèces, savoir,  en partie civile , et  
 en partie Telestique ou Mystagogique (3).  
 L’une, parle moyen des vertus, nousdé-  
 livre  des mouvemens  désordonnés  des  
 passions ; et l’autre, à l’aide de pratique» 
 (0  Ibid.  p.  3®*-  (3}  Ibid. p.  305.. 
 (1)  Ibid,  p-  3e6- 
 religieuses  et de moyens  sacrés,  écarte  
 ces  images  fantastiques ,  dont  la matière  
 environne l’ame (r). Peut-être sont-  
 celà cesspectres, que l’initiation donnoit  
 pour  premier  spectacle  aux  initiés  ,  
 avant qu’ils fussent admis à la jouissance  
 de la lumière pure. Nous avons des preuves  
 frappantes  de  cette  Philosophie civile  
 , dans les  lois  publiques  des  états ,  
 comme nous en avons aussi de cette Philosophie  
 Télestiqne ,  dans  les sacrifices  
 publics  des  différentes  villes.  On voit,  
 par  ce  dernier passage , l’union des lois  
 et de la religion imaginée  par les philosophes  
 , pour amener l’homme à la perfection  
 la  plus  grande ,  à  laquelle  la  
 Philosophie  pût le conduire  ,  et  dont  
 elle-même  étoit  le  terme  le plus élevé.  
 En effet l’esprit contemplatif est comme  
 le sommet de tout ce grand édifice , que  
 construit la Philosophie ; les vertus  pratiques  
 sont an milieu; et sa base s’appuie  
 sur l’art Telestique,  ou sur le fondement  
 de lareligion. Le premier, continue Hié-  
 roelès ,  comparé  aux  deux  autres, est  
 comme l'oeil comparé au reste du corps;  
 et les  deux autres,  comparés à lui , ressemblent  
 aux mains et aux  pieds ; mais  
 tous  trois  sont si  étroitement  liés entre  
 eux,  que le  défaut de l’un  ou de l’autre  
 rend  l’ouvrage  imparfait,  et  presque  
 inutile -,  s’ils  ne  se  prêtent  un  mutuel  
 secours. Il faut donc, que la science, qui  
 conduit l’homme àla vérité, c’est-à- dire Ja  
 Philosophie , que  cette faculté , qui produit  
 au-dehors  les vertus,  et que l’a rt,  
 qui  procure  à  l’ame la  pureté , s’unissent  
 entre  eux, pour  ne former  qu’un  
 même corps, afin que le  grand  ouvrage  
 politique produise  tout  le  bien ,  qu’on  
 peut attendre,  et s’achève d’une manière  
 convenable à la dignité de l’esprit philosophique  
 , qui en est le chef, et des deux  
 antres moyens, qui s’accordent avec lui.  
 Le résultat de cette théorie, dans le système  
 des Pythagoriciens, etconséquem-  
 ment des Mystagogues, puisque nous venons  
 de voir que la Philosophié et la Mys. 
 (1)  Ibid.  p.  309. 
 tagogie  avoient  le même but,  étoit, suivant  
 Hiéroclès, de  rendre à  l’ame  ses  
 ailes  (i) ,  afin  qu’elle  pût  s’élever jusqu’à  
 la  participation des  biens éternels  
 e£ divins , pour qu’au  moment  ,  où  la  
 mort approchera, nous puissions laisser  
 sur la terre notre  corps  mortel, et que ,  
 dépouilléedecette nature terrestre,notre  
 ame s’élance  sans peine  vers l'es régions  
 célestes , où elle doit être réintégrée dans  
 sa  félicité  primitive  ,  et  associée  aux  
 Dieux.  Tel étoit le but de  tous  les combats  
 , que soutenoient ici les athlètes  de  
 la Philosophie  (E) ;  telles  étoient  leurs  
 grandes espérances, suivant Platon  (3') ,  
 comme nous  l’avons  vu  plus haut  dans  
 plusieurs passages  de ce philosophe ; tel  
 étoit  le fruit le plus  précieux de la Phi -  
 losophié, et le grand ouvrage de la Mystagogie, 
  ou  deT’aît Télestiqne, continue  
 Hiéroclès,  en terminant l’explication de  
 ces derniers  vers de  Pythagore.  «  C’est  
 »  ainsi , disoit ce  philosophe , que lors-  
 »  que  votre  ame sera sortie  du corps  ,  
 »  elle pourra sans obstacle se ren dre dans  
 »  l’air  libre,  où  elle doit jouir  de l’irn-  
 »  mortalité des Dieux (/) ». La Philosophie  
 etla Mystagogie faisoientles mêmes  
 promesses  ,  et aonnoient les mêmes espérances  
 , savoir, de jouir un jour  de  la  
 vision de la  Divinité,  et d’aller  habiter  
 l’Elysée. On n ’en peut douter, d’après ce  
 ue  dit' ici Hiéroclès, et si on  pouvoit en  
 outer,  on se rappeleroit,  que d’un côté  
 Platon  flatte  de eet espoir tous les  vrais  
 philosophes , et de l’autre , que les mystagogues  
 promettoient également l'Elysée  
 à ceux qui auroient été initiés à leurs  
 mystères,  comme nous'l’avons vu  plus  
 haut.  Ainsi  deux  routes  s’ouvroîent à  
 l’homme  pour  y  arriver.  La  première  
 étoit  pour  une  petite  classe  d ’homme»  
 susceptibles  de Philosophie. La seconde  
 pour le peuple,à qui l’onappliquoit, dans  
 les sanctuaires,  les mérites et les grâces  
 de 1: ’initiation,  quand ils  étoient fidèles  
 aux règles de morale,  que l’on prescri-  
 voit  dans  les  mystères.  Mais  la  per- 
 (2)  Plat.  Gorgià,  52$.  Piiæd,  p.  114.