quelle les Anges montaient et descen-
doient y de même les anciens Persans (.*),
voulant représenter lé passage des âmes
dans le Ciel, avoient imaginé un pont,
qui d’un bout tient à la terre , ét par
l’autre au Paradis. Sur ce pont il y a
deux Anges, chargés d’examiner les âmes
qui y passent, et d’en faire leur rapport
à Dieu. Sur leur rapport , Dieu
ayant jugé, l’Ange Mliîr permet aux bons
de continuer leur voyage vers le Ciel ,
et l ’Ange Sorush précipite les médians
dans la Gehênne. On peut saisir ,
par cet échantillon , le génie Théologique
des Perses. L’idée de portes , placées
dans les Planètes , et dans les fixes,
par où voyagent les âmes , est du même
style. C’estla langue mystique des Orientaux
, dès la plus haute antiquité. Le Syrien
Phérécyde (1) avoit aussi parlé des
deux portes de l'ame ; et par là il avoit
en vue la génération et la régénération
des âmes , ou leur descente vers
la terre , et leur retour aux deux. Ori-
gène (2) assure qu’Ezéchiel et l’auteur
de l’Apocalypse , qui emploient les
mêmes expressions figurées de portes ,
avoient aussi en vue la théorie des amës
et leur passage à un ordre de choses supérieur
à celui - c i, et meilleur que celui
qui se trouve ici bas. Notre explication
de l’Apocalypse justifiera l’opinion
d’Origène.
' Nous venons donc de voir, comment
le monde entier et ses principales divisions
, avec ses agens les plus apparens,
étoient représentés dans les. antres .ou
sanctuaires destinés à la célébration des
anciens mystères ; en sorte-que l’initié,
en y entrant , se trouvoit environné
des mêmes tableaux, dont l’ame se
trouve entourée , èn descendant par la
génération dans le monde visible et matériel
, qu’a organisé le gréuà Uémiour-
gos. En conséquence on a dû apper-
cevoir,qu’il y eutuneliaisonintime, éntre
là science - sacrée des ■ mystères1, et la
(1) Porphyr. de antro, p. 130.
( 2) Orig. çpntr. Celi, 1. 6 , p. 369,
Physique et l’Astronomie ancienne , et
que le grand spectacle des sanctuaires
dut être celui de l’ordre.du monde, pu
le spectacle de la nature elle-même. Ce
que Porphyre et Celse viennent de nous
aire des tableaux de l’antre Mithriaque
en est une confirmation ; et le fameux
monument de Mithra , que nous expliquons
ailleurs , et dont tontes les parties
sont relatives aux constellations et
aux Planètes , en est la preuve la plus
démonstrative.
Non-seulement on exposa, dans les
sanctuaires, des emblèmes et des symboles
mystérieux, relatifs à l’ordre du
monde visible , mais on y désigna aussi,
par des signes sensibles , les forces invisibles
qui le meuvent , et les vertus,
les qualités et les puissances, qui sont attachées
à la matière , et qui entretiennent
l’ordremerveilleux qu’on y observe. C est
encore Porphyre, qui nous l’assure (3).
Le monde, suivarft les anciens Philosophes,
à qui nous devons la théorie de 1 a-
me et de ses voyages, n’étoit pas Une machine
purement matérielle et toute mécanique.
Une grande ame, avons-nous dit,
diffuse dans toutes ses parties, vivifioit
tous les membres de l’immense corps
de l’univers ; et une intelligence, également
grande, en dirigeoit tous les mou-
veméns, et y entretenoit l’ordre et 1 harmonie
-éternelle, qui en résulte. Nous
avons déjà vu , dans Virgile (4), le germe
de cette sublime théorie sur l’ame , et
sur l’intelligence universelle du monde ,
principe de toutes les àmes et de toutes
les intelligences particulières, qui lui
sontinférieuresetsubordonnées, comme
toute émanation l’est à la source , dont
elle découle. Cette sous-division de l’unité
du monde matériel, en deux autres
unités, dont llune est celle de 1 amë
même du monde , l’autre celle de son
intelligence , et qui réunies à lui, ne font
point trois Univers, mais un seul, doué
d’une intelligence et‘ d’une ame , à passé
(j) Ibid, de antro, p. 108.
(4) AEneid. 6, v. 724.
dan*
R E L I G I O N U
dans la métaphysique, sur limité intellectuelle
, principe de;toutes choses,
et sur son logos , et sa vie, qui se confondent
avec elle dans Punité première,
infiniment sépàrée dêilà. Dyade ou de
la matière. C'est de là que les Chrétiens
ont emprunté leur dogme ide la Trinité 4
comme nous le ferons voir clans la suite
de cet ouvrage, où nous donnerons :à
cette théorie tout I.o développement,
dont elle est susceptible. Ici il nous
suffit de dire; p que, Punité- du-monde, représentée
paf. l’oeuf symbolique y avoilt
sous elle.4m.iv unités, celle dé Pâme et
.cohe deilpintSelligence:,' qui pe r épandoieirt
dans toutes ses parties.,’et qu’elles étaient
à 1 Uniyecé,considërécom.ine-un être animé
et-Tntelligenf , -ce que l’intelligence
et 1 ame .ou ta vie sont.àl’individualité de 1 homme.-: Le passage . dé Virgile y sur
lequel’Annhise appuie,.tout le système
de; là théorie; des ames , ét conséquemment
des mystères ,* où cette' théorie
-était mise en : représentation , en- est une
preuve non équivoque. G’est dans ce
sens, q&pli’On doit entendre avec ,War-
burtonr, que Piirbîté:de Dieu étoit un-des
dogmes de (l’initiation;4 sï.l’oii entend;,
par unitBj de. Dieu , Pelle du -momie ,
et du la force active et intelligente , qui
y résidé ; ce qui rentre dans, le Panthéisme
V qui- a été là religion de toute
1 antiquité , avant , que lès; rfaétaphÿ&î-
eiens eussent créé le monde .des abstractions
,t é,t séparé Dieu , du mondeIy et 1 unitéide Dieu ,- de DieuTui-mêroe ;.ce
qu ils .firent dans là suitg, commei nous
le -verrons, dans l’explication- de la
driade des iChrétidns-y; que nous donnerons
dan® l’ouvrage qui; servira de suite
à ce traité. Les,Docteurs - Chrétiens eux-
mêmes on ter u reGoiui(-;Oe, dans !a doctrine
d Orphee , un! des, plus .fameux
chefs de l’initiation chez le» , Grecs ,
le dogme de \ imité dé Dieu. Ils en
ont produit , entré autres, preuves .,
(:0 Præp. Ev. 1. 13 c. 11.
(2) Màcrob. Sotn. Scip:. 1. 1 , c. 12, p, 49,
(3) Julian. Serin. 5, p. 325 , etc. >• | 1 )
Relig. Utiiv. Tome IL
N I V ER S E L L E. so9
-l'hymne, connu sous le nom de Palinodie
d’Orphée y dont plusieurs Pères ,
tels que Justin , Tatien. , Clément d’Alexandrie
, Cyrille Patrriache de cette
même ville , et Théodore, ont rapporta
quelques fragmens , et'qu’Eusèbe (1) a
«onservé,touteritier-, d’après Aristobule.
Orphée y ’prêche: ouvertement le dogme
de l ’unité de D jeu. L’oeuf symbolique ,
emblème de cette unité, et la Triade métaphysique
, passèrent.aux derniers Orphiques
et aux adorateurs de la lumière,
sous le nom de Pfenèsi Le dogme dû
Logps, ou du rfr, de son- incarnation ’,
de sa’ mort et de sarésurrèction, du transe-
figuration , de son union à la matière -,
de sa--division dans le ’monde visible »,
où, il se répand y et;de; son retouràl’u?-
nitéloriginelle, y étoit enseigné , et toute
cettejthëorie; était -felative à l’origine de
l’ame et à garn-destin y c’ésfcà-dire', au
grand- but des Mystères :(i). : -
L ’Empereur! Julien .(3); explique les
mystères 'd’Atys’ét" de Cybèle par les
mêmes principes métaphysiques, surl’iiï-
tèlligehoe Démiourgique; sur sa descente
dans la matière fet sùfu sdnèretour vers
son originfef II;étend aussi son explication
à ceux, de Gérés. !;1. .
• Il en estdemême de Sallustele philosophe
(4) y’qui- admet en Dieu une seconde
force, intelligente , qui descend
dans la- màtièrë génératrice , pour l’organiser
ét ;qhi- remonte; vers sa source.
Toutes oos -.idées mystiques' dévoient
naturellement ’ entrer dans la doctrine
sacrée', et dans les spectacles de l’initiation
, dont le, but était , observe très-
:bien j ; Salluste d». j), d’unir l’homme au
monde et à, la' Divinité :(t);, et’dont le
dernier terme de perfection , suivant
-Clément, étoit l’Êpoptée (6) , ou la con-
ternplatiori cle-lanature, etnelle dés-êtres
réels , 011 des causes. Or ce qu’on ap-
pèlbit êtres réels, c’étoient les êtres invisibles
, les génies , les facultés ou puis-
smu Jiièh res» bo . trsiô«r
(4) Sallust. c. 4 , p. 250,
(5) Ibid. p. 2^9»- x ; . 1 t ■ !
(6) Clem. Strom, I. p. 582.
D d*