le domaine d’une divinité, pour la
divinité elle-même. Il tombe dans une
erreur semblable plus loin , quand il
d i t , qu’Isis est la terre fécondée par la
Lune, au-lieu d’y voir la Lune qui féconde
la terre, dans le passage du Soleil
à travers les signes inférieurs. Du
reste il a fort bien vu, que la fable d’Ado-
nis et de Vénus étoit, sous un autre
nom, celle d’Osiris et d’Isis , et devoit
s’expliquer par la marche du Soleil
dans son cercle annuel, comparée avec
l ’état de la nature , et 'Sur-tout de la
terre au printemps , pendant l’été en
automne , et durant l’hiver. Il s’est
encore trompé , quand il a cru que
le sanglier , qui blesse Adonis dans
le siégé naturel de la fécondité virile ,
étoit l'hiver. Il a pris le signe céleste ,
ou plutôt la constellation qui annonce
l ’hiver, pour l’hiver lui-même. Ce
sanglier est père de l’hiver, comme le
serpent d’Ophiucus,quimonteà laiüême
époque, est la grande Gouleuvre mère de
l ’hiver, dans laCosmogonie des Perses.
C’est l’Ourse ou le porc d’Erymanthe ,
Chien de Typhon, on le compagnon clu
rival et du meurtrier d’Osiris, En effet,
voici ce que dit Macrobe. Lorsqu’on raconte
qu’Adonis fut tué par un sanglier,
on doit reconnoître dans cette fiction
un emblème de l’hiver , parce que le
sanglier, animal hispide et dur , se plaît
à se rouler dans les terreins humides
et fangeux , et se nourrit du gland ,
production de l ’hiver. Ainsi l’action de
l ’hiver peut être regardée comme une
plaie faite au corps du Soleil , qui
affoiblit, relativement à nous, sa lumière
et sa chaleur. Et la perte de l’un et
de l ’autre, pour tous les êtres animés ,.
est une véritable mort. L’explication de
Macrobe eût été exacte, s’il eût cherché
son sanglier aux cieux , ou dans
les lieux qu’habite Adonis , plutôt que
dans les terreins fangeux de la terre.
Tous les acteurs de cette- fable sont
au ciel.
On voit, continue Macrobe , sur ]e
mont Liban la statue de la déesse épl0.
rée : sa tête est voilée ; sa figure
abbatue se repose sur sa main gauche
et des larmes semblent couler de ses
yeuar. Macrobe prétend, que le voile
désigne les nuages, qui en hiver cou.
vrent presque toujours le soleil , et le
dérobent aux regards delaterre. Queecs
larmes représentent les fontaines et les
sources, qui ruissèlent avec plus d’abon.
dance l’hiver ; et que l ’état d’affaissement,
où est la déesse , représente celui
de la terre, lorsque dépouillée de sa pa-
rureellen’ofïre à nos regards que l’image
de la tristesse. Mais, ajoute cet auteur,
lorsque le soleil est revenu desenfers,
ou de la partie inférieure de notre hé.
misphère , lorsqu’il franchit le passage
équinoxial au printemps, et qu’il nous
ramène les longs jours ; c’est alors que
Vénus se réjouit ; que les campagnes
se couvrent de moissons naissantes,
les prés de verdure , et que les arbres reprennent
leur feuillage , dans ce beau
mois que nos ancêtres ont consacré à
Vénus. Ce contraste frappant du double
état où se trouve la ferre lorsque
le soleil passe vers notre hémisphère,
et parcourt les six signes in férieurs, et
ensuite, lorsqu’il repasse vers les régions
australes et qu’il parcourt les six signés
inférieurs du zodiaque , a été peint
dans des fictions théologiques, chez
tous les peuples, et a fait la base connue
de tons les mystères ', comme nous le
verrons dans la religion des Chrétiens ,
et comme nous l’avons déjà vu dans
notre chapitre sur Isis- Vénus ici est
affligée après la mort d’Adonis , comme
l’étoit Isis après celle d'Osiris , et
lorsqu’elle arrive à" Biblos' ( 1 ) , lieu
fameux par le culte d’Adonîs, et qu’elle
s’assied près d’une fontaine , l ’air abattu
et fondante en pleurs. C’est là
qu’elle laissé cette espèce de Talisman,
ou idole de bois , qu’elle couvre d’nn
voile , qu’elle arrose de parfums, et
(O Plut, de rtfif. p. 257.
nti’elle livre à l ’adoration des habitans
de Byblos , qui le déposent dans le temple
, qu’ils élèvent à Isis. La statue voi-
îée'du mont Liban, voisin de Byblos,
étoit déslinée à retracer ladouleur , soit
I de, Vénus , soit d’Isis, après- qu’elles
avoieot perdu leur époux, soit Adonis^
soit Osiiis. Il est inutile de chercher ,
' comme Macrobe, des rapports entre ce
voile, ces larmes , cette attitude triste ,
avec les nuages , les fleuves débordés;,
et le dépouillement de la nature. C’é-
toit tout simplement l’image de la tristesse
et de l ’abaltement dans une fem-
me/qnel’on supposoit être privée d’un
époux quelle chérissoit. Il est vrai , que
sa situation fictive étoit bien la situation
réelle de la nature à cette époque.
Ce fameux sanglier , qui tue Adonis,
on le .signe d’hiver, qui monte avec le
Scorpion, ou avec le signe dans lequel
Mars a son domicile , et ou siège Typhon
, se retrouve jusques dans les
fictions sacrées des Siamois. Ils font
unefable sur le dieu jour, Orus , roi du
ciel, ou sur le fameux Sommona-Co-
don. Ce dieu, né par la vertu du soleil,
avoit autrefois tué. un Géant affreux,
qui , au-lieu de cheveux , avoit la tête
hérissée de serpens. (yb) Ce monstre res-
C H A P I T R E 1
A T Y s O V L A P V L
C e qu’étoit Osiris , pour les Egyptiens
, Adonis pour les Assyriens et
les: Phéniciens, Atys l ’étoit pour lés
Phrygiens ; c’étoit encore le dieu Soleil
, père de lumière et de fécondité
pour Lr nature, On lui donna ce titre
sacré de père , à'Atta en Phrygien. Son
culte fût uni à celui de Cybèle , comme le
culte du bel Adonis l’étoit à celui de
Vénus ou d’Astarté. Comme il tient
en grande partie aux mystères anciens ,
CO Traité des mys- i. partie ét t. 3. fur larel.chrét.
suscita dans la suite, sous la forme
d’un sanglier ; et vint se jetter sur lui.
Peu après qu’il eût mangé de la chair
de ce sanglier , Sommona-Çqdon mourut..
On sent, que le monstre serpenti-
forme est l ’affreux Typhon, qu’Oru»
avoit défait, mais qui ensuite réssus-
. cite et le tue. Ce sanglier est le chien
de Typhon , l’Ourse céleste u le sanglier
d’Erymanthe , le meurtrier d A-
donis, &c.
Les Siamois ont fait la vie de Soni-
mona-Codon , comme les Egyptiens
firent celle d’Osiris , et d'Orus , les
Chrétiens Celle du Christ , les Grecs
celle de Bacchus , &c. La victoire de
Semmona-Codonsur le monstre noir,
dont la tête est hérissée de serpens y
c’est celle d’Apollon sur le serpent Python.
Nous ne donnerons pas plus de développement
a Cet article sur Adonis ,
parce que ce qui nous reste a en dire
trouvera sa . place dans le traité des
mystères (1) anciens , et en particulier
dans notre traite sur la secte Mithria-
que , connue sous le nom de Christianisme.
Nous passons à Atys, amant de
Cybèle,
T R E I Z I È M E .
1 c j P h k y G I E JT»
nous bornerons à peu de choses ce que
nous avons à dire ici sur Atys , en
nous réservant de donner plus de détails
sur ce dieu et sur Cybèle ,= dans
notre, traité des mystères.
Atys 3 été reconnu par les anciens
auteurs, pour être le dieu Soleil, déguisé
sous l’emblème d’un jeune berger
Phrygien. Le bel Atys, dit Martianus
CapèFla ( 2. ) , dans rémunération qufil
nous donne des différens noms du dieu
(a) Martian. Capella de Nupt. phileiogi*. X x