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tères de Cybèle. Us se piquoient à Corinthe
de rivaliser avec le sexe féminin ,
et de l ’imiter. Le nom même de Thia-
sotes, donné à cette Divinité , est celui
du Bouc en Hébreu , Thyas ; et le
pluriel , Thyasim (1) , hirci.
Nous croyons donc,qüe les mystères de
Cotyto étaient ceux de la Chèvré,
que les hommes célébraient en costume
de femmes; et que les rapports,qu’avoiettt
ces mystères avec ceux deBaechus étoient
fondés sur Ceux qu’svoit le Bouc ( U )
avec BàcchuS. Cette Déeâse Cotyto àvoit
un ancien portique à Epidaure , ville
consacrée à Escülape, dont les Serpens
étoient nourris dans lé temple de la
Bonne Déesse (3) ; dans ce temple , où,
Suivant MaCrùhé, on portait toutes les
herbes médicinales,dont se servoient les
Prêtresses pqur composer les remèdes,
qu’elles distribUoient au peuple. EsCu-
lape entortillé du serpent, dont Faune
prit la forme dans sa métamorphose ,
àvoit été nourri par une Chèvre, et Cette
Chèvre est là Chèvre Amalthée , qui sé
Couche au lever du Serpentaire Esculape,
et qui se lève à sôn coucher. On y Voyoit
aussi une colonne, monument de la piété
â ’Hippôlyte (4) , dont le Cocher porté
aussi le nom , ét dans la constellation
duquel brilioit le Fils de Thésée , suivant
les traditions de Trézèhe , voisine
d’Epidâurë.
Synésius (5) nous peint les efféminés,
qui célébraient les mystères de Cotyto,
à-peu-près soirs les mêmes traits, que
les a représentés Juvénâl , et SUt-tOut
fort occupés dè parfumer et d’arranger
artiste ment leur chevelure ; ces cheveux,
qü’Hôrace appelle cfines adultéras dans
le beau Pâris. Cet écrivain confond ces
mystères avec les ïthyphallës , fêtes lubriques,
où, sous toutes les formes,:on
ràppeloit l’action génératrice du priait)
Jîuxroff » 856.
fx) Paysan. Corinth. p. 70.
(3) Macrob. Sat. 1. 1 , c. t a , p. 21 ; .
(4) Ibid. Cerinth. p. 74.
(5) Synes. in Çalvit. p. 8 j.
(6) Arcadie, p, 253.
cipe actif de la nature ; et il dit que 1*
Déesse de Chio en étoit l’objet. 11 pa.
roît, qnê la longue chevelure et le soin
qu’on en prenoit faisoîent partie de ce
cérémonial ; ce qui nous rapproche encore
des fêtes ou du culte du Cocher, en
honneur de qui on nOurrissoit sa chevelure.
Les filles, an moment de se
marier, coupoient alors cette chevelure
et la déposoient dans le temple d’Hip-
polyte ou du Cocher. Lorsque Leucippe,
ou l’homme aux chevaux blancs , fils
d’OEnomaiis (6) , dont le Cocher céleste
étoit Cocher , voulut, suivant les traditions
d’Arcadie, épouser Daphné ; il fit
croître sa chevelure , se fit passer pour
femme et en prit l’habit pour tromper
son amante ; ainsi la longue chevelure
semble avoir caractérisé la femme et les
efféminés. En général il paroît,que dans
le culte Astrologique, on changeait de
Costume à raison du sexe des Divinités
qu’on adorait (y). Les adorateurs de la
planète de Vémis prenaient l’habillement
de femme ; et les femmes, qui adoraient
la planète de Mars , prenoient celui
d’homme. Le Culte de l’étoile de la
Chèvre faisoit incontestablement partie
du Sabismë.
Quant auxBaptes, dont parle Juvénal
dans Cet endroit, ils étoierit les initiés
aux cérémonies Sacrées de Cotyto , dont
les mystères paraissent avoir leur origine
chez les Thraces , et ressembloient
assez anx Bacchanales , dont ils irai*
toient la licence.
Le célèbre Eupoiis les joua dans une
comédie , qu’il intitula les Baltes (8).
Il en fut la victime : il conftoissoit mal
les dévots, qui ne pardonnent jamais
à ceux qui les démasquent. On prétend
qu’ils le précipitèrent dans la met,
(9) Nos Baptes d’aujourd’h u i , ou Baptisés
, ne sont guères plus tolérans.
(7) Sell. Sym. e , c. 4 , p. a8i. Mai en on. Mots
Nevoch. part, 3,0. ;3.Hrm. de Errore Prof.Rît
c. 4. i . <
(8) Hephæst. Enchirid. p .'14,
(9) Poiitian. MisçeJl. c, io.
Le culte d* Cotyto et des Divinité» femelles
, dont nous avons parlé jusqu’ic i ,
ainsi que de la licence de leurs fêtes, nous
condui tnaturelîement à celui de Vénus et
de Cybèle, et à l’examen de leurs mystères.
C’est un article qui nous reste encore
à terminer, avant de passer .aux mystères
des Divinités miles , telles qu’Osiris ,
Baechus , Adonis , Mithra , Atys , les
Dioscures, etc. qui tous, excepté les
Dieux de Samothrace , ne sont que le
Soleil, adoré sous différens noms et
différentes formes. Son culte s’unit
souvent à celles des Divinités femelles ,
telles qu’Isis, Cérès, dont nous avons
déjà parlé ; ou telles que Vénus et Cybèle
, dont nous allons en ce moment
parler, et que conséquemment nous
ferons souvent marcher ensemble
comme dans l’article suivant.
Le culte de Vénus et d’Adonis son
amant , et les mystères qu’on célébrait
en honneur de ces Divinités / semblent
appartenir principalement à la Syrie et
à là Phénicie , d’où ils passèrent ensuite
en Grèee et en Sicile. Vénus ou As-
tarté est la grande Déesse des Phéniciens;
comme Hercule : est leur plus grand
Dieu. On donna à ce dernier les noms
de grand Roi ou Mélecarte, et celui
d'Adoni , mon Maître , ou Seigneur,
dontles Grecs firent Adonis. Nous avons
déjà traité l’article de cette Divinité, et
nous en parlerons encore ailleurs à l’article
de la religion des Chrétiens : nous
ne parlons ici que de ce qui a rapport
aux mystères (nu). >
: Lucien (1) , dans son traité de la
Déesse de Syrie, nous a donné, en.
grande partie , la description des
fêtes mystérieuses d’Adonis et de
Vénus à Byblos en Syrie. On y don-
noit le spectacle de la mort-de ce Dieu
et de la désolation de son amante.
Tous les ans , durant une semaine
consacrée à la douleur , espèce de semaine
sainte, on eélébroit les mystères
(0 Lucian. t. 2, tîc Dca Syria. p. 878’
W Arnmisn Matceil. 1. f , c. xx.
du Dieu mis à mort et ressuscité (1)’.
Adonis , mort dans ce pays de la blessure
d’un sanglier, de venoit l’objet de
ces fêtes de deuil, qui, chaque année ,
se célébraient en mémoire de ce tragique
événement. L’image d’un deuil public
étoit répandue sur toute Cette Montrée
pendant tout ce temps. Les dévots
se flagelloient et faisoient retentir Pair
de leurs cris lamentables ; et ensuite on
eélébroit les Orgies , ou les cérémonies
mystérieuses,auxquelles la mort du Dieu
donnoit lieu. On rendoit au Dieu mort
les honneurs funèbres ; après quoi, le
deuil et les macérations étant finies, ori
annonçoit sa résurrection et son ascension
au ciel. Les Prêtres, dans cette fête,
se rasoient la tête, à l’imitation des Prêtres
d’Isis en Egypte. L ’origine de ce
culte et sa filiation avec le culte Egyptien
, étoient gisées à ieconnoître ', par la
cérémonie même qui se pratiqnoit en
même-temps aux bouches du Nil. Au
commencement de cette semaine sainte,
les Egyptiens faisoient porter une espèce
de mannequin d’osier représentant
latête d’Osiris’ta t) , lequel, après avoir
été poussé par les flots , arrivoit régulièrement
le huitième jour à Byblos (?) ;
et son arrivée, qui ne manquoit jamais,y
annonçoit Le terme des malheurs du Dieu,
et son retour à la vie. Lucien assure, qu’il
a été témoin de cë miracle, qui avoit
lieu tous' les ans ; comme si lés vents",
par une providence toute particulière ,
se fussent engagés tous les ans à remplir
cette fonction , sans que jamais le panier
s’écartât de sa route , et retardât
un instant sa marche. Il faut beaucoup
de foi pour y croire. Les femmes Phéniciennes
attendoient le pànier sacré
impatiemment ; et’ dès qu’il.étoit arrivé
au rivage,, elles l'emportaient avec elles,
et mettaient fin à leur deuil.
La . tradition venoit encore à l’appui
de cette cérémonie , pour prouver l’origine
Egyptienne de ces mystères : car
(3) Lucian. ibid. p, 879,