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distingue des animaux sacrés, qui sont
les éiémens de ce qu’il appelle figures
composées, (1) De-)àsont nés les Centaures,
les Sphinx, les Chimères ,, les
Cet hères Tricephales, etc. Nous :avons
donné l’explication de cette dernière
figure symbolique, à notre article Séra-
pis, et nous avons fait voir, qu’elle est
composée de la réunion des trois animaux
célestes , ou caractères simples,
du lion solstitial, du chien et du loup ,
deux constellations équinoxiales. Nous
trouvons des lions à tête d’aigle, formés
par la réunion du quadrupède et de l ’oiseau
consacrés au soleil; peut-être aussi
du Paranatellon du signe du Lion, uni à
cet animal céleste. Car l’union des Pa-
ranatellons , entre eux et leurs signes,
a fourni la foule des figures monstrueuses
, qui sont indiquées dans la
Sphère des Décans , et gravées dans les
Planisphères de Bianchini et de Kirker.
Ces figures elles mêmes sont chargées
d'autres caractères symboliques empruntés
des plantes , des végétaux et
d’autres caractères simples de l ’écriture
hiéroglyphique , destinés à peindre
les éiémens, les qualités élémentaires
et les puissances physiques ou morales.
De - là ces figures à plusieurs bras. ,
dans chacune desquelles est une plante ,
un instrument, ou d’autres emblèmes pareils.
Il est de cesfigures, dontles bras, tes
têtes , les pieds, se. sont multipliés en
giand nombre , à raison des forces,
des puissances, et des qualités variées,
dont elles sont l’expression, Si nous
avions un dictionnaire, qui.nous donnât
la signification de chaque caractère
simple, qui entre dans la composition
de ces êtres monstrueux, il nenous
seroit. pas plus difficile d’en expliquer
le sens composé , et de les traduire en
quelque sorte , que de traduire
une tirade de vers d’un poète ancien,
ou une période d’un orateur , à l’aide
du dictionnaire, qui contient le sens de
chaque mot, qui entre dans les verset
dans la période. Mais il n’y a gtièfés
lieu d’espérer,, que nous puissions jamais
recomposer ce dictionnaire , si ce
n’est peut-être en étudiant bien la nature
et les propriétés des choses, qui
en forment les éiémens premiers.
Les ruines des temples de l ’Egypte,
ses obélisques , la table Isiaque, et en
général tous les monumens Egyptiens
nous présentent une foule de ces longues
phrases de la langue hiéroglyphique,
aujourd’hui intraduisibles, et comprises
souvent en une stule figure com,
posée. Tous les temples de l’inde , de
la Chine, et des isles de l'Asie, sont
remplis de ces figures monstrueuses ,
que j ’appelle des phrases de l’écriture
hiérogylphique. La lecture des voyageurs
modernes nous en fournira mille
exemples , parmi lesquels nous nous
bornerons à en citer quelques-uns.
Chez les-Chinois (2),, Puzza est k
déesse de la fécondité. On la représente
nuë, assise sur une fleur de Lotos,
ou sur un Hé 1 i o t r o p e r- El le a seize bras,
dont chaque main est mystérieusement
armée dé couteaux , d’épées ,, de hallebardes
,-de fruits, de fleurs , de plantes,
de roues, de phioles, &c. Voici la
fable qu’ils débitent à ce sujet, plulût
que l’explication qu’ils en donnent.
Trois Nymphes descendirent autrefois
du ciel , pour se laver clans un fleuve.
A peine furent - elles clans l ’eau , que
l ’herbe appelle vesicaria , parut sur les
habits de l’une avec son fruit de corail
, sans qu’on put savoir d’où eek
venoit. La Nymphe ne put résister à la
tentation de goûter ce fruit. Elle en devint
enceinte, et accoucha d’un garçon
| qu'elle éleva jusqu’à l’âge d'homme
; après quoi elle l’abandonna , et retourna
au ciel. Ce fils devint un grand
homme. Il donna des loix et fit des
conquêtes.
Les Japonois adorent l ’être suprême
Tacit. Aijnal. i. g. e. & f i) Cont. d’Orville t, 1, f. 313^
O U R E L I G I O,,N U N I V E R S E L L E . 3oi
sous le nom d’Amida et d’Omytho (1),
Ce dieu a soin des âmes. IL les secou-
re, les conserve , et les sauvé des pei-
pes, que leurs fautes ont méritées.
On représente ses sept têtes formant
sept mille siècles. Car chaque tête en'rè-
présentè mille. Au lieu d’une tête d’homme,
on lui donne Une tête de Chien.
Il tient entre res mains un cercle d’or ,
qu’il mord. Son habillement est toujours
riche et couvert de perles et dp
pierreries. Ils disent, qu’il est une substance
invisible , sans forme , sans accident
, séparée de toutes sortes d’élé-
inens , qui existoit avant la nature et
qui est source de tous les biens. Il n’a
ni commencement ni fin. Il a créé l’univers
ÿ il est immense , infini, il gouverne
le monde, sans peine et sans soin.
Dans quelques provinces, il est représenté
sous la figure d’un jeune homme
nud, ou sous le visage d’une femme,
avec les oreilles percées ; en d’autres endroits
, c’est une figure à trois têtes ,
couvertes de trois bonnets en forme de
toquets , avec autant de barbes, qui s«
joignent sur les épaules. Il a des Bonzes
et des Bonzesses , à qui le célibat est
ordonné, sous peine de mort.
Noué avons parlé ailleurs delà figure,
sous laquelle ces peuples peignent l’action
du créateur sur la matière qu’il organise
; de la tortue qui porte l’arbre, qui
soutient le créateur assis sur douze
coussins, et entortillé d’un serpent.
C’est‘aussi une figure symbolique, que
celle de" 'leur Dâ’iboth L 2) j’iflevaht la
porte du temple duquel o‘n remarque
deux figures ^igaiitesqùès,i!qùi sernbient
se battre. Ces idoles sont presque noires
et unies , excepté par lé milieu dp
corps, qui ast peint d’un‘e; écharpé et
elles «ont une face’ de-lion. Celle , qui est
à droite a la ghéùlé 'ÜhVérjie , et un
bras étendu. Celle de la gaiicHé tient
un, long bâton serré près de son corps ,
de façon qu’il 'semblé , que le bâton! et
( 0 Cont. d’ Orville. p. »53.
(2) Ibid. p. 163,
le corps soient à moitié en arrière. L’idole
est seule dans le fond du temple.
C’es un colosse doré , assis sur une
fleur , et dont la tête touche presque la
voûte. Ses oreilles sont grandes , ses
cheveux frisés. Il a une couronne sur
lé front et au dessus une grande tache.
Ses épaules et sa poitrine sont
nues. Daiboth a la main droite élevée,
qui montre le creux de la gauche appuyée
sur son ventre. Son visage est
entouré de rayons , sur lesquels reposent
différentes petites divinités, assises
sur des fleurs.
La secte des Budsoïtes au Japon avait
une certaine idole nommée Cogi (3) , à
qui l’on donnoit trois têtes et quarante
mains. On ne peut voir, dans cette figure
monstrueuse, qu’une image symbolique
de la nature ou de quelques-uns
de ses principaux agens , et des facultés
particulières , qui lui sont subordonnées.
Cëux qui voudront lire l ’histoire des
différens peuples du monde par Contant
d’Orville, extraite de celle des voyages
par l’abbé Prévost et autres voyageurs
modernes, le manuscrit des';Métamorphoses
de Vichnou, qui est à la bibliothèque
nationale , auront une foule
d’exemples de semblables figures allégoriques
, destinées à|représenter, sous le
nom de divinités, la nature et ses principaux
agens , ou les causes naturelles
personnifiées. Nous nous bornerons à ce
petit nombre d’exemples, pour prouver
quel a été le génie, qui a dirigé les anciens
peuples , et qui dirige encore les
Orientaux, dans la composition des
emblèmes sacrés du culte de la nature,
de ses parties, de ses qualités et des
'puissances, sojt physiques soit morales,
qu’ils ont rendues sensibles par des
formes symboliques, savantes dans leur
principe , mais qui ont fini -par être
regardées comme des monstruosités par
ceux qui n'en connoissent pas le sens,
(3) Ibid.p. 231.