iopper dans leurs filets. Ce récit s’accorde
assez avec ce que dit Plutar-
que. (i) Il prétend, que ceux d'Oxyrin-
que s’a bsten oient des poissons pris à
l ’hameçon, de crainte que leur poisson
sacré , ou, l’Oxyrinque , n e. s y prît
et qu-’ainsi l'hameçon ne fut coupable
d une espèce de profanation à l ’egard
de leur divinité Ils ajoutoient, que
les parties génitales d’Osiri's ayant
été jéttécs dans le Nil par Typhon (2),
y furent dévorées par les poissons*de
l ’espèce de LOxyrimquè, du Phagre ,
et du Lepidoie. Elien. prétend, qite
l ’Oxyrinque étoit né des blessures et
du sang d’Osiris." Le même auteur
place, le récit de- cette consécration
du poisson on' Egypte , à la suite de
celle du iChTeii consacré à Sirius, et
à la belle Etoile , q u i, comme le Poisson
, et dans, le même meis., annqn-
çoit le débordement du fleuve ; ce
qui justifie ce que nous avons dit
plus haut, qu’ils étoient signes du
tnême phénomène , et qu’ils reçurent
des hommages aux mêmes titres. C’est
Hérodote . qui nous l’apprend , lorsqu’il
nous d it, que le Lepidote étoit
consacré au Nil (3). Strabon unit aussi
le culte du Lepidote à celui de l ’Oxy-
rinque(4); il ajoute que les Latopoli-
tains révéroient le Latus, qui est un
poisson du N il, et que leur ville même
»voit pris son nom de ce poisson sacré.
Il place cette ville près d’Aphro-
ditopolis (5) , ou de la ville de Vénus,
déesse qui, comme nous l’avons
tu , joue' le principal r&!e dans l’aventure
Mythologique, qui se trouve
liée à l ’origine du culte des poissons
en Syrie , sur les bords de l’Euphrate.
Clément d’Alexandrie (6) attribue aux
habitans de Syene , en^ Egypte, le
culte du Phagre ; à ceux d’Eléphan-
( 1 ) De Ifide. p. 353p
f* ) <&|Éf
f i ) itito jM I gj.c. 7î-
(G Strab- i. 27. p. 812.
tine, celui du Maiotis, autre espèce
de poisson, et à ceux d’Oxyrinque
celui du poisson qui a donné sun
nom à leur ville. Athenée (7) met le
Maiotis et le Latus au nombre des
poissons du N il, avec le Phagre ej
l’Oxyrinque.
Le poisson Austral , ou là belle
étoije' de sa bouche, avoit ceci de
particulier , qu’elle fixoit les termes
de la plus courte nbit, se levant au
commencement de la nuit solstitialej
et se couchant à sa fin , et au moment
de l’aurore, après avoir passé
sur l’liorizon toute la nuit, dont
durée- sembloit mesurée, par celle de
son apparition. La plupait des autres
étoiles ne marquoient une époque
astronomique, que par un lever, ou
par un coucher ; le poisson Austral
la fixoit par ca double phénomène.
Il paroissoit en quelque' sorte fait, pour
annoncer au peuple Egyptien le débordement
du Nil , et aux Syriens,
le moment où se faisoient les récoltes.
Peut-être est-ce même cette'circonstance,
qui l ’a fait appelier dieu
du labourage et des récoltes, dans la
fable de Dagon, ou du Jupiter Ara-
tvr, dont parle Sanchoniaton. Si l’astre
du jour l'avait vu disparaître le
matin, le soir il sortoit le premier
des flots de la -mer Rouge et cette'
circonstance singulière de la retraite
et du retour du-Génie, qui gardoit
la marche de la nuit, donna lieu à
la fiction sacrée sur le prophète Oaa-
nés , Génie amphibie, qui avoit des
pieds et une figure d’homme, et une
queue de poisson. On disoit de lui,
qu’il venoit à Memphis pendant la
nuit j que le soir il se retrouvoit encore
à la mer Ro'nge_, d’où il étoit
sorti , et qu’il répétoit tous les jours
la même course. Il avoit, suivant ccn
(5) Ibid. I. ry. p. 8ry.
(6) ,Clem. Alex-prcrtrep. p. 2g.
Athen. deipn. I. 7. p. 155.U 8. p. 177*
m
taines traditions, instruit les Egyptiens,
qui tenoient de lui leur Astronomie,
et plusieurs autres siences. Ce
retour du poisson Oannès, tous les
soirs, à la mer Rouge, ou à l ’orient
de l’Egypte , s’explique aisément par
les phénomènes du mouvement du
Ciel, qui le ramenoit tous les soirs à
l’horizon orientai, et à la mer Erythrée
, d’où il p'aroissoit sortir , pour
achever sa course pendant toute la
nuit. Le Fomalhaut, ou la belle étoile
du poisson Austral, se.levoit au sud-
est de l’Egypte, avec environ cinquante
degrés d’Amplitude, et par conséquent
au même point de l ’horison, où fh a bitant
de Memphis placoit la mer
Rouge. Il seroit assez difficile de donner
de la réalité à cette fable , d’autant
plus qu’il n’y avoit pas de-fleuve, qui
formât une communication entre cette
mer ,. et Memphis ou la Babylone d’Egypte.
Elle est de la même nature,
que celle qui fait du Lépidote une
espèce de prophète , chargé d’annoncer
au peuple le débordement de
son'fleuve. On remarquera, que le
poisson Oxyrinque, qui dans la fable
Babylonien ne figure sous le nom, d Oannès
, est/au rapport d’Elieny un poisson
de la mer Rouge , d’où l’on pré-
tendoit que sortoit le prophète‘amphibie
Oannès, ou le Génie dn Solstice
u été , placé dans le flenve.du Verseau.
Syncelle lui-métne , en parlant de ce
Génie,, le nomme Odacon (1) , ce qui
■ visiblement est une altération du mot
Dagon, poisson dans cette langue, uni
à l’article grec, 0, d’où on a fait Odacon
au lieu & O dagon. Voici ce que dit
Syncelle sur cet animal mythologique
(2), De la partie de la mer Rouge,
qui confine à la Babylonie, sortoit un
animal, appelé Oannès. Il avoit, suivant
le récit d’Apollodore, le corps entier d’un
poisson , au - dessous de la tête duquel
naissoit une seconde tête , qui étoit
( 0 Syncelle. p. 39.
O) Ibid. p. 28-
celle d’un homme ; il avoit des pieos
ou des jambes pareillement cl homme ,
mais qui tenoient à l'extrémité d’un
corps , terminé en queue de poisson.
Sa voix étoit une voix humaine , et
l’on cônseï voit encore en peinure la figure
de cet animal. Il ajoute, que pendant
le jour le monstre Oannès vivoit
familièrement avec les hommes-, sans
prendre aucune nourriture; qu’il leur
enseignoit les leLtres , les siences,
et les arts de toute espèce ; qu'il
leur apprit à bâtir des villes, à ele-
ver des temples, à porter des loix;
qu’il enseigna la Géométrie. Comme
le Dagon de Sanchoniaton, il apprit
à ensemencer les.terres, à faire des
lécoltes ; enfin il instruisit les hommes
sur tout ce qui tient à la civilisation,
de maniéré que depuis ce temps-
là-oii n\voit rien trouvé de plus parfait.
Vers le coucher du soleil , le
monstre Oannès se retiroit au fond
de la mer , et y passoit toute la nuit
au sein des eaux ; car il étoff amphibie.
L’auteur ajoute , que depuis il
avoit encore paru d autres animaux
pareils , dont Berçso omet de parier
dans Phistoire dès rois de Babylone.
Il dit de plus , que cet Oannès avoit
écrit sur l’origine des choses , et sur
l'administration. On avoit de lui une
Cosmogonie , dans laquelle il suppose
, qu’il fut un temps où tout n’é-
toit qu’eau et que ténèbres, &c.
Abydène ( 3 ) effectivement, d’a-
pièi Berose, place sous Daüs, sixième
roi de Chaldée, l’apparition de quatre
animaux monstrueux, qui,xomnie
Oannès , sortoient de la mef; et il
en donne les noms, qui sont, Eudo-
chus, Eneugamus, Eneubulus , Ane-
mentus. Ce sont là les noms de ce#
quatre monstres.
Syncelle (4) rapporte aussi le témoi-
nage d’Apollodore, qui place sous le
règne ;d1 Ajnmenon , roi de Chaldee ,
(3) Syncelle p.
(4) Md- P- 3-9*