ee bois sacré, c’étoit le temple de Tropho-
nius , et une statue fort semblable à celle
d’Esculape ; ce qui me fait croire que
Trophonius et Esculape pourraient bien
être la même Divinité. Gérés sa compagne
y paroît aussi, et elle y prend le surnom
d’Europe (1), ou d’Isis tauriforme,
là , etc. Jupiter Pluvialis, ou le Soleil de
la Chèvre et des Hyades , y est Subdio.
On trouve également près de là le
temple de Proserpme , qui y prend l’épithète
de Thera, ainsi que J upiter celle
de Roi.
Il y avoit aussi une habitation consacrée
à Agathodémon, et à la Fortune,
deux titres que l ’Astrologie donne, l’un
au Soleil, et l’autre à la Lune. C’étbit
dans Cette habitation voisine de l’Ord-
cle de Trophonius , que ceux qui al-
loient le consulter se renfermoient ,
pour se'préparer par le jeûne à descendre
dans l’antre. C’étoit là qu'ils se
purifioient ; ils pienoient aussi des bains
dans les eaux de la rivière Ercynie.
Alors l'Aspirant sacrilioit à Trophonius
et-à ses enfans , à Apollon , à Saturne,
à Jupiter-Roi , à Junoa Hêniochê et à
Cérès surnommée Europe , celle qui
inontoit sans doute le Taureau équinoxial
, voisin du Cocher Héniochus.
Elle avoit, dit-on , nourri Trophonius.
Le premier sacrifice étoit celui d’un bélier
, dont on consultoit les entrailles.
Deux jeunes enfans Cacimilles ou Mer-
cures , frottoient d’huile et baignoient les
aspirans j ils faisoient les fonctions des
Cadmilles Toscans ( kk ). Cette cérémonie
, dont nous ne donnons point ici les
détails , étoit une véritable initiation astrologique.
Nous terminerons nos recherches sur
le culte de Cérès , dans la Grèce , par
la Phocide , qui fut comme la terre sacrée
de toute la Grèce, et que le temple
de Delphes avoit rendue si fameuse.
Parmi les différens tableaux qu’offfoit
(lt Ibid, p, 313.
(») Paus. Phoc. p. 344.
(dj Ibid. f . }4S.
ce temple , ony remarquoit sur-tout ceux
de l’initiation ; c’est-à-dire les tableaux
allégoriques des enfers , dont la descrip.
tion entroit dans les spectacles variés
que l’on clonnoit dans les mystères. A.
la suite de ces tableaux (2) , on représente
Cleoboia , jeune fille tenant le
Ciboton , ou la Ciste consacrée à Gérés.
Cette Cléoboia passoit pour avoir été la
première , qui eût fait passer de Paros
dans l’île de'Thase la connoissanee des
orgies , ou mystères de Cérès. On y
voyoit Gharon , sa barque , le Heuve
infernal , et un fils coupable puni des
plus rigoureux supplices, pour avoir outragé
son père. Sur l'entrée du temple
de Delphes étoient écrites les sentences
morales, que les Sages avoient conçues,
comme autant de moyens de perfectionner
1 homme ; et dans l’intérieur , on y
peignit les tableaux des peines réservées
aux infracteurs de ces loix sacrées , que
la nature et la raison ont imposées à tous
les hommes (3). On y voyoit aussi le
supplice d'un sacrilège, qui avoit pillé le
temple des Dieux. On appercevoit encore
«les restes du cadavre de Titye (4),
rongé presqu’entier par son vautour.
Nous ne parcourrons pas la suite des
tableaux, qu’y avoit peints le fameux Po-
lygnotte, tels que le rocher de Sisyphe,
(5) le tonneau dés' Danaïdes , Tantale,
etc. Nous remarquerons seulement, que
Pausanias , à la suite de cette description
des enfers, annonce qu’il conjecture,
qu’un des .plus grands crimes qui
avoient pu attirer ces châtimens sur la
tête de ces malheureux , c’est d’avoir
méprisé les cérémonies sacrées d’Eleusis.
Sans doute Pausanias fait cette réflexion,
pour donner à entendre , que s’ils se
fussent fait initier , ils eussent évité ces
terribles châtimens : car c’étoit le fruit
qu’on se protnettoit de l’initiation d’e-
chapper au bourbier et au noir Tartare,
et de parvenir à l’Elysée, comme nous
(4) Ibid. p. 345.
(5) Ibid. p. 348.
aurons lieu de le faire voir dans la
6Uite de cet ouvrage. L ’initiation
d’Eleusis, ajoute Pausanias (t),>a été
i-evardée, dès la plus haute antiquité, par
les Grecs, comme une des institutions
religieuses les plus précieuses , et aussi
supérieure aux autres, que lés Dieux le
sont aux Eiéros. P >' '
Nous ne parlerons point de Tithorée,
placée au nord de Delphes , ni des sommets
du mont Parnasse , dont la cime
étoit renommée par la célébration des
mystères de Bacchus. Nous avons déjà
fait voir que l’Isis Egyptienne , sous Son
ancien nom, étoit honorée dans ce
pays , et que Sérapls, sous le nom d’Esculape
, y avoit aussi son temple (2).
Nous ne rappelerons pas non plus ce
que nous avons dit plus haut du tombeau
d’Antiope , et de la liaison qu’il y
avoit entre le culte de ce pays et’ celui
de Thèbes en Béotie.
Nous passerons chez les Dryméens ,
où Cérès Thesmophore avoit son temple
et sa statue ; on y célébrait tous les
ans les Thésmophories en son honneur.
I . ■ '
Près de là , son compagnon Esculape
Barbu , ou Sérapis , avoit son temple
à Elatie (4)."
En nous reportant à l’occident, vers
le golfe de Corinthe , nous trouverons
encore Cérès adorée "sons le nom de
Stiride , qu’elle prend de celui de la
ville même de Stiris , où elle reçoit
ce culte. La Déesse y étoit représentée
tenant un flambeau à la main ;
près d’elle étoit une ancienne' statue
entortillée de bandelettes (à).
Voila à-peu-près à quoi se réduisent
nos recherches sur le culte de Cérès,
de Proserpine , de Sérapis , Esculape ,
ou Pluton , en Grèce, d’après la description
que nous a laissée Pausanias ,
des temples, des autels, des statues, deî
fêtes consacrées à ces Divinités, dont
(t) Ibid. p. 348.
(1) Pausan. p. 330,
(3) Ibid. p. 353.
(4) Plioc. p. 353.
le culte fut si fameux à Eleusis ,- et fut
si répandu dans toutes les villes Grecques.
11 est aisé de voir par ce rapprochement,
que nous venons d’en faire,
que, quoiqu’Eleusis ait été le lieu le plus
renommé par la pompe et l’antiquité du
culte de ces Divinités Egyptiennes, les
formes en ont été si variées , les caractères
et les noms si différens, qu’on ne peut
pas croire que tout ce culte fût sorti des
seuls sanctuaires d’Eleusis , et se fût partagé
en une infinité de branches , qui
ont ensuite couvert toute la Grèce. Différentes
peuplades , en différens temps ,
semblent l’y avoir introduit sous divers
noms et diverses formes , dont les plus
brillantes, sans doute , sont celles que lui
donnèrent les Athéniens et ceux qiii les
ont copiés. On peut dire effectivement,
avec les anciens auteurs , que de toute®
les initiations , celle d’Eleusis étoit la
plus auguste (6) ; qu’Eleusis étoit cérame
le templer commun de 1’univérs. Aussi
donnoit-on à Cès mystères le nom de
mystères par excellence, çommé nous
avons eu déjà occasion de le dire. Il
nous semble, que les Athéniens avoient
reçu immédiatement des Egyptiens ce
culte d’Isis et d'Osiris , sous les noms de
Cérès et deBacchus,et qu’ils les commun i-
quèrent eux-mêmes à d’autres. Mais tous
les Grecs ne les reçurent pas d’Athènes ;
de là vint que plusieurs peuples reven-
diq 11 oient la gloire d’avoir introduit en
Grèce la èunnoissance de ces institutions
religieuses. Beaucoup de traditions
les rapportaient aux Thraces et à
Orphée ; d’autres aux Cretois. Cès insn-
- laires, au rapport de Diodore.de Sicile (7),
prétendoient être les auteurs des traditions
mythologiques sur la génération et
les aventures des Dieux, et a voirdonné le
rituel du cérémonial sacré, et sur-tout
les initiations et les mystères. La preuve
qu’ils en apportoient, c’est que ce qui
étoit une doctrine secrètè chez lés Grecs,
(G Ibii!. *k 3.54.
(6) Arist. Rhcc. 1. a , c. *4- Arist. Eleus.
(7) Diotl. Sic. p. j.