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ment du Nil. Aussi le Chien céleste, qui
annonçoit cette inondation , en fut-il
regardé en partie comme la cause, par
ceux qui faisoient tout dépendre sur la
terre de l ’action des corps célestes. De
là l ’épithète d’astre moteur des eaux ,
ou d’hydragogue, qui lui fut donnée par
les Egyptiens, ( 1) comme nous l’avons
déjà dit ailleurs. Aussi Plutarque l ’associe
t-il à ce titre au lion, que nous avons
vu,d’aprésle témoignage du mêmeauteur,
consacré par un culte , à cause de ses
rapports avec le débordement du fleuve,
qui fertilise l ’Egypte de ses eaux. Le
chien , qui produisoit le même effet, &
qui se lioit au soleil, Gomme le Lion , à
cette -époque , dut donc être honoré,
comme lui & pour les mêmes raisons
que lui. Aussi . le fut-il & cela pour
les mêmes motifs, lî nous en croyons
Elien. ( 2) Cet auteur nous donne deux
raisons du cultedu chien chez les Egyptiens
& de la consécration de cet animal
dans la ville de Cynopolis, qui prit de
là son nom. La première est tirée de
la fable d’Isis, dans laquelle on suppose,
que cette déesse se fit accompagner de
ses chiens, lors de la recherche qu’elle fit
de son époux. Nous avons déjà remarqué,
que cette fiction s’expliquoît tout naturellement
par Sirius ou par le Chien
céleste. Le lecteur peut consulter notre
chapitre sur Isis.
La seconde est tirée des rapports que
le Chien céleste , qui suit Orion dans
les Cieux , avoit avec le débordement
périodique du Nil, dont il paroissoit/
être la cause, ou qu’il sembloit tous les
ans provoquer par son lever. C’est cette
fonction, qui lui mérita, ditElien, (3)les
honneurs-d’un culte chez les Egyptiens.
Il résulte de cette double tradition ,
dont la première ne..peut s’expliquer ,
que par la constellation’ du grand
Chien que rencontre Isis , lors-
! U S L E S C U L T E S ,
qu’elle trouve cette fameuse couronnede
Nepthê, dans la fable des courses d’Isis
& dont la seconde défigne en termes
formels le chien d’Oi ion , ou Sirius
que c’est le chien céleste, qui fut honoré
sous l ’emblêmé d’un Chien vivant à
Cynople. Conséquement Anubis, que re-
piésentoit le chien, n’est autre chose
que le Génie céleste, qui liège dans la
belle constellation du. grand Chien , ou
du chien d’Isis ; puisque le dieu de la
villede Cynople étoit Anubis, en honneur
duquel on nourrissoit des chiens sacrés,
( 4) Voilà donc encore le culte du chien
qui rentre, comme celui du loup & du
lion, dans le système général du culte
des constellations & des animaux sacrés
soumis à leur influence , & par conséquent
une nouvelle preuve de l ’assertion
de Lucien, sur l’origine des cultes des
animaux en Egypte. ( 5 ) C’est parla
même raison, que le même auteur,en parlant
des honneurs rendus à la divinité diji
chien , compareeeluidesconstellations
ou Sirius au chien consacré dans les temples
d’Egypte, sous le nom d’Anubis. (é)
Nous ne balancerons donc point à voir
dans le culte du chien une branche du
Sabisme ou du culte des astres, dont les
animaux terrestres devinrent les symboles.
Leurs images emblématiques
placées aux cieux & grouppant un certain
nombre d’étoiles, furent ensuite le
type original des animaux sacrés, soumis
à l ’influence des corps célestes & des
différens astres, qui étoient révérés
comme dieux tutélaires des différens
Nomes d’Egypte. Ainfi la villede Cynopolis
avoit pour divinité tutélaire la
même étoile Sirius, sous la protection
de laquelle étoit la tribu Kaïs chez les
Arabes. ( 7 ) Les Ethiopiens avoient fait
du chien un chef de horde, & .un roi,
auquels ils obéissoient & dont ils étu-
dioient tous les lignes. ( 8 ) La Sicile
fi') Plut. de Ifid. p. pi, 7.
(2; AElian de animal. 1. 10. c .45.
($j AElian ibid.
Strab. I. 1 7 p, 812,,
C5 / Ltacîân deA'ffrô!wg.'p.-l)86.
(6) Lucian vit au«, t. I .p . 37».
(7 ) Abuif. hift. Dyn. p. i 8i *
0 0 dilian de animai. 1. 7.x. 4e.
nourrissoit aussi des chiens sacrés, en
honneur d’un dieu ou héros appellé
jydranus,( 1 ) dont le nom approche
fort de celui d’Adris, que les Arabes
donnoient à Mercure. Ces chiens, beaucoup
plus beaux , & plus gros que les
chiens Molosses étoient au nombre de
près de mille, tous attachés au service
du temple & au culte du dieu. Ils caressent
tous ceux qui venoient au temple
pour adorer la divinité, & qui vouloient
entrer dans le bois sacré. Le soir ils
devenoient leurs guides & les recon-
duisoient chacun dans leurs maisons ,
lorsque l’état d’yvresse rendoitee service
[nécessaire. Mais; ils déchiroient impi-
[tovablement les profanateurs & les sa-
[crilèges , qui sa jÀésentoient au temple
[avec des intenrtiris coupables. Les
[chiens consacrés à Vulcain ou au dieu
[du feu , dont les ardeurs se font sentir
au lever de la canicule , et au passage
[du soleil sous le Lion, animal consacré
| aussi à Vulcain, (u)carressoient également
[ceux qüi venoient au temple avec un
|esprit religieux, etchassoient , et même
[déchiroient ceux qui s’étoient souillés
[de quelque passion honteuse ou qui
[avoient commis quelque grand crime-
| C’étoit aussi en Sicile , près de l ’Ethna
[où Vulcain avoit son temple, (3) que l’on
[nourrissoit lesanimauxsacrés.Le temple
| étoit entouré d’une espèce de parc,planté
[ d’arbrèé consacras au dieu, en honneur
| duquel on entretenait lé feu perpétuel.
[ Lès Athéniens sàdrifkuent au Chien
| celeste, sous le nom de chien d’Efigotte,
[ (4) fille d’Icare', qui,' cbtrime nous l’ai-
Vons vif dans le chant quarante-septième'
des Dioriysîaqàéèt'-de Nénriùs, fjlt placée
cvecson'pere et son chienaunombre des
constellations^ Eiigbhe"dahs la Viërgéy
fcare 'dans- Ib'Bbbtéh et; sorf ehien dans
“ constellation du Chien .céleste : ( 5 )
aussi le chien des constellations portefi.)
AElian E î r.' c. 20.. ' .
I (2} Ibid. jt. 12. c. 7. ' ■
L (3) Ibid. I, ix. c. 3. '
{4) Ibid, de anima!. !. 7. c. 28'.;
(5) Nonn, Diony. !. 41. v. 253-
t-il entre autre noms celui de chien.
d’Erigone (6) ou de la Vierge, qu’Era-
tosthène appelle aussi Isis. Le culte du
chien d’Erigoneu donc le même objet, que
celui du chien d’Isis, ou d’Anubis,c’est-
à-dire de la belle constellation du grand
Chien - Donc ce culte chez les Athéniens
tenoit au Sabisme ou au culte des astres.
C’étoit cette belle étoile, dont les peuples
de Cilicie observoient le lever Héliaqu»
du lfaut des sommets du mont Taurus,
afin de tirer des conjectures sur le plus
ou moins d’abondance, dont on jouiroit
pendant l ’année, et sur les maladies qui
dévoient y régner. On en tiroit même
des pronostics sur la paix & sur la
guerre ; & l’ordre phyfique & politique
sembloit dépendre de ses influences , fi
nous en croyons Manilius. ( 7 ). Les
habitans de l’isle de Cos étoient attentifs
aux mêmes observations, suivant
Cicéron. (8) Nous avons déjà remarqué;
combien les Egyptiens attachoient d importance
à son influencesur les productions
de leur sol,: ( 9 ) sur la température
de l ’air et principalement sur le
débordement de leur fleuve-, (;o) En
faut-il d’avàntage, pour fixer nos idées
sur l ’origine du culte de cette constellation
et sur celui des animaux vivans
et des statues symboliques* qui la repré-
sentoient? nous ; croyons la chose fi
elaire , que nous ne donnerons pas plus
de/développeinent à cette explication
de l'origine et de l ’objet du culte du
chien en Egypte& dans’les autres pays ,
où l ’on a nourri des chiens sacrés-
Nous insisterons seulemèrit srur l'identité
du chien sacré avec Anubis^
et sur' belle d’Anubis avec-de Mercure
Egyptien;; car cfes trois- ïdéessottt liées;
dans la théologie- des Egyptiens- L e
chien représentoit Anubis , & Anubis;
faisoiten Egypte la fonction de Mercure
f i ) llÿgin t 2. Germ, Cafifc
(»7)Manil. Afiron. !• 1. v. 3SÇ4
(8) Citer, de divi. I. r- fub imr
ftj) Hor.. A poil. J. r- c. 7.
(10) Plut- de Uid. g. 365. ' - 1 '.