de la lune sur le corps d’Apis (i). L’Hip-
pepotatnè désigne le couchant , ouïes
lieux du pôle abaissé , continue Porphyre
, qui engloutissent les astres dans
une partie de leur révolution. Dans
cette même ville on adoroit Horus ;
et dans la ville d’Iilithyie, la troisième
phase de la Lune. En récapitulant ces
idées, il résulte, que pour peindre la
Lune, aux premiers jours du croissant ,
située au couchant , ou près de la région
des ténèbres qui dévore les astres ,
et pour indiquer , que sa lumière naissante
lui est donnée par le Soleil, on
a employé deux caractères hiéroglyphiques
empruntés de deux animaux. L’un
désigne le principe lumière, Apollon ,
Ho: us, et l’autre le principe ténèbres,
Typhon,qui a son siège au couchant,
région qu’habitent les ténèbres et où
s’é:eignent tous les flambeaux célestes.
La Lune, éclairée par le Soleil , ou par
l ’homme à tête d’épervier, se soustrait à
l ’empire de Typhon , et reprend tous
les mois sa lumière, après sa conjonction.
Voilà, suivant Porphyre , le sens
de cet emblème, et un exemple du style
hiéroglyphique. Tout l ’ouvrage d’Ho-
rus Apollon,grammairien d’Egypte, est
composé des élémens de cette langue
sacrée , et nous fournit des exemples
de la manière dont on l ’a employée , et
des objets auxquels on l’a appliquée.
L ’Accipiter ou l’Epervier désigne (zj le
Soleil y et l’élévation ; le Crocodile désigne
le couchant et la région des ténèbres
(3.) et l'Hippopotame ( ccy ) une
saison ou une heure donnée (4), sui-
vantHor-Apollon. l’Hippopotame, suivant
Plutarque étoit aussi le symbole
de l ’impuderrce (5 ) , parce qu’il tuoit
son pere, le mangeoic et s’accouploit
ensuite à sa mère. Il est possible, que
cet animal symbolique ait eu aussi
^j-yCi-deiT. ï. g. c. 8.
(2)H0r..Apoîl. 1- l. c.6.
Çg^ Ibid c.6S—6
(4) tbüt I. 2. c. 6.
{5) P™ de Ifide. p. 3S3. Æjian de animait f. c. 19.
t<S) Phot. cod. 24a,
cette signification ; car il en étoit dej
signes hiéroglyphiques, comme il ea
est chez nous des mots , qui expriment
souvent des idées différentes. On trouvera
dans l ’ouvrage d’Horus Apollon
des preuves de cet emploi d'un même
animal hiéroglyphique , pour désigner
plusieurs choses assez dilférentes , soit
par extension , soit par analogie, «0it
enfin parce qu’on avoit pris telle ou
telle propriété de l’animal pour terme
de comparaison. Quant à ï’Hippopo.
tame , animal féroce ( 6 )-, il ne put
guères seivir qu’à peindre des qualités
nuisibles et destructives (7), et conséquemment,
il- dut être, comme le Crocodile,
un des emblèmes des opérations
du principe du mal et des ténèbres ou
de Typhon (8).
Ce Génie malfaisant, désigné dans
toutes les Cosmogonies , par l'emblème
du serpent, étoit représenté
dans un état de lutte contre le piin.
cipe lumière, dans le temple d’Her-
mopolis. Le grouppe hiéroglyphique
étoit composé de l’Hippopotame, sur
lequel étoit placé l'Ejpervier, combattant
contre un Serpent (9). L’Hippopotame,
dit Plutarque, représentoit Typhon.
L ’Accipiter étoit la force qui
lui résiste. Cette force est celle qui
réside dans le principe du bien et de
la lumière , ou dans le Soleil, dont
l ’Accipiter étoit le symbole (10),comme
le Crocodile et l ’Hippopotame l’éioit
du principe du mal et des ténèbres.
Parmi les- figures hiéroglyphiques da
temple de Saïs, on y voit encore l’Ao
cipiter et le Crocodile ; selon d’autres,
l ’Hippopotame. Suivant Plutarque
et Clément d’Alexandrie , le premier
animal désigne la divinité bienfaisante
, et le second, l ’objet de sa
haine (11) , ou son ennemi, qui étoit
Cl) Æïîan deanimal. 1.5. c. 5g.
^8) Plut, delfid. p. 37t.
Çç^ Plut- de Ifid. p. 37r.
( io) Hor. Apoll. 1. r. e. 6.
(i i}Pluuie lûd. g- 363. Clem. Strom, 1. 5. p. jfé
OU R E L I G I O N I
représenté sous la forme de ces deux
animaux. De là vient, que les adorateurs
du principe lumière, Horus, ou
Apollon , avoient pour le Crocodile,
et par conséquent, pour l’Hippopotame
, destiné à peindre le même Génie,
une horreur singulière; et cela,
dit Ëlien (1) , parce que Typhon avoit
pris la forme de cet animal (a); pour
se soustraire aux poursuites d’Horus.
Aussi il y avoit un certain
jour de l ’année , où ils donnoient là
chasse à ces animaux, les tuoient,
et les jettoient hors du temple du
dieu de la lumière.
Nous avons cru devoir donner
quelque étendue à l ’explication de la
ligure symbolique, destinée à peindre
Ja Lune dans les premiers jours de
son renouvellement, époque à laquelle
I’Accipiter, symbole de la lumière et
du bon principe , commnniquoit à la
Lune une émanation de ses rayons , et
l’arrachoit à l’empire du Génie des ténèbres
, désigné par l’Hippopotame,
eu par le Crocodile , image de Typhon.
On peut juger par cet échantillon
du génie Egyptien et de la nature
de l’écriture hiéroglyphique.
Il faut bien distinguer ces espèces
de statues ou d’images saerees, composées
d’expressions empruntées des
caractères vrais ou supposés des animaux
terrestres , des statues symboliques
, composées des .parties des
animaux célestes, qui formoient ce
qu’on appelloit Paranatellons. Celles-ci
sont des images Astrologiques, et ^appartiennent
à l ’écriture hiéroglyphique
, que d’une manière secondaire,
et parce que les animaux des constellations
eux-mêmes avoient leur origine
dans l'écriture hiéroglyphique,
dont l’Astronomie avoit fait usage pour
designer la marche du ciel et dé la
nature, dans ses principales époques,
et caractériser ses différentes opéra-
(1) AElian de anim. 1. 10. c. si.
(fl) Plut.de Ifide p- 371.
I N I V E R S E L L E î aôi
tions. Ainsi nous regarderons, comme
une figure Astrologique, la fameuse
statue dEléphantine, destinée à peindre
la Néoménie équinoxiale du printemps
, par la réunion des attributs
du Bélier et de la Chèvre céleste , qui
déterminoient cette Néoménie (3). Car
ses élémens sont empruntés des constellations
, qui elles-mêmes étoient
émanées de l’écriture hiéroglyphique.
Voici, ce me semble, qu’elle fut
la marche des inventeurs. On étudia
la nature et les propiiétés des animaux,
et on fit des signes , ou des caractères,
destinés à peindre des idées.
Ainsi î ’agneau , par exemple , dans
Esope, désigna la douceur; le loup,
la cruauté ; le boeuf fut regardé comme
l’emblème du travail, et de l ’agriculture
(4). On se servît de ces symboles,
pour exprimer des idées, soit religieuses,
soit Astronomiques,, et même
souvent religieuses et Astronomiques
tout ensemble, par la raison que la
religion avoit pour base la nature, le
ciel et les astres, et étoit nécessairement
Astronomique. On peut supposer
que les savans avoient anciennement
marqué ,l ’ordre des saisons, et
les phénomènes périodiques de la
nature, par des emblèmes hiéroglyphiques,
que les prêtres firent passer
ensuite dans la religion, lorsqu’ils,
voulurent peindre tes diverses époques
des mouvemens célestes , et les positions
variées de leurs Dieux, du Soleil et
de la Lune, dans les deux. On peut supposer
aussi, que les prêtres avoient originairement
consacré ces animaux, pour
repi ésenter le Soleil, la Lune, les astres,
et leur influence sur la terre, et que ce
ne fut que dans la snile, qu’ils les placèrent
aux cieux. Nous tenons pour
la première supposition, de manière
cependant à ne pas exclure entièrement
la seconde, au moins pour certaines
constellations. Ainsi, l’Aecipi-
43) Purph Ib. apudEuf- præp. Ev. I. 3. c. 12. p. u $ .
(49 Clem, Alex. Sliom-1. j . p. 567.