O R I G I N E D E T
seule le Soleil, appelle > dit Nonnus ,
Bélus sur les bords de l'Euphrate, Sa
turne en Arabie, et Hélios à Babylone
(i), de manière que Saturne ici
ne soit qu’une dénomination particu-
lè r e , donnée au dieu du Temps, qui
mesure l ’année; c’est-à-dire, au Sole
il, que d’autres appellent Jupiter,
et que Nonnus lui-même nomme l ’Ain-
mon des peuples de Libye. Aussi beaucoup
d’auteurs appellent le' fameux
Bélus, du nom de Jupiter, que nous
avons vu plus haut être le Soleil,
sous les formes du Bélier, et du Taureau
(2). Ainsi Hérodote l'appelle Jupiter
Bélus (3), Il nous dit, que ce
dieu descendoit souvent dans son
temple , et qu’il llionoroit de sa présence
, de la même manière que le
dieu de '1 hères en Egypte venoit
habiter le sien : nouveau rapprochement
entre le culte du dieu de
Thèbes, Cneph, dont nous avons
parlé plus haut ( 4 ) , et celui du
dieu Bélus , adoré à Babylone.
Diodore de Sicile (y) dit aussi, que
les Babyloniens donnoient le nom de
jBélus à leur Jupiter, dont la statue
en bronze se trouvoit dans un
temple , à côté de Celle de Sémiramis
et de Ninus. Ce dieu étoit représenté
debout et marchant (6j,- Il nous donne
-la description de son temple, et de cette
tour fameuse , qui servoit d’observatoire
aux prêtres Chaldéens, ainsi que
des autres ornemens du temple, tels
que d’une table d’or, de vases précieux.
Strabon parle d’une Pyramide et d’un
tombeau eleyé à Babylone au fameux.
Bélus. Nous avons déjà remarqué , à
notre article Isis, que ces sortes de
monumens étoient consacrés souvent
au Soleil.
(O Nonn. l>ionyf. 1,40. v . 396.
f s ) Ci dessus ch. 7 et.8,,
(3) Hérod 1. 1. c. i$i.
(4) Ch dessus c. 14/ '
•CsjDiod. I. 2. ç. 8. f . 122, ” W ’ r ----MJ
C6) Ibid, p, 123*
O U S L E S C U L T E S
Bélus avoit aussi son tombeau én
Grèce à Patras, dans le temple de
Sarapis (y), que nous avons vu, dans
notre chapitre troisième, être la forme
sous laquelle Osiris , ou ïe Soleil descend
au tombeau. On voyoit dans cette
'niême ville le temple. d’Esculape, le
même que Sarapis , et., comme lui
remarquable par un serpent, animal
aussi consacré dans le temple de Bélus
à Babylone (8)1 1
Alexandre, suivant Arrien (9), étant
entré- à Babylone, fît rétablir les temples
qu’avoit détruits Xerxès. De ce
nombre étoit le temple de Bélus, que
les Babyloniens honoroient d’un culte
tout particulier. Il consulta les Chaldéens,
qui étoient dans cette ville,
reconstruisit les édifices voisins du
temple qui leur servoient, et par leur
conseil il sacrifia à Bélus. Les roisd’As-
syiie üvoient affecté au culte de ce
dieu d’assez grands domaines, et consigné
de' grandes sommes, destinées
aux frais des sacrifices (ro). Les Chaldéens
jouissoient de grands revenus,
sous le nom dn dieu Bélus , dont ils
desservoient le temple. Séleucus, après
avoir bâti Séleucie sur Je Tigre, et
y avoir transporté les Babyloniens,
conserva les murs de la ville, et surtout
le fameux temple de Bélus, et
laissa les Chaldéens qui habitoient au-
tour(n).
On sait , que la science des Chaldéens
avoit pour objet le ciel et les
astres , et qu’ils étoient les ministres
les plus instruits de la religion connue
en Orient ; sons le nom de Sabisme.
Il n’est pas étonnant de les voir attachés
au-culte du Soleil, Bélus, leur
grande divinité , et placés à côté du
temple du premier astre, qui éclaire
le monde» Quelques - uns d’eux pre*
(7)Paufan. Messeniac p. 228»
(8ÿ Selden fynt. 2. c. 17.
(9^ Arrian i- 3. p*. 63.
. in&y Arrian.ibid/l. 7. p. 159. ,
(ii) I auf. Atcic» p. 15.
O U R E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
noient le surnom de Borsippiens, de
Borsippa ville voisine de Babylone,
et consacrée toute entière au culte
d’Apollon et de Diane., ou du Soleil
et de la" Lune, adorés sous ces
noms (1). ,
Denys le voyageur donne a Jiaoy-
lone l’épithète de ville sacrée, à cause
de la cé'ébrité du temple de Bélus (a).
J.ustliate sou commentateur dit que ,
suivant quelques-uns, c’étoit un ancien
roi de Babylone, fils de Jupiter,
et que , suivant d’autres , c’étoit
Jupiter lui-même. Le paraphraste du
même auteur dit la même chose; et
il traduit l’épithète de Béius, _ donnée
à Jupiter , par celle de roi ou de
maître (3) , comme nous l’avons traduite
plus haut. Quant à la tradition
qui fait roi d’Assyrie un dieu , à
qui on donnoit l'épithète de roi et de
seigneur, elle ne doit pas plus nous
surprendre, que celle qui fait d Osiris
un roi d’Egypte- Lé soleil etoit le premier
roi, le premier père, et le premier
dieu de tous les peuples.
D'autres en . faisaient un philosophe
( 4 ) et an savant, qui, comme
Uranus, Hercule , et Atlas , avoit inventé
la science des astres, que culti-
voient les Chaldéens près de son temple
(5) ; allusion manifesté au mouvement
du Ciel et du Temps, marqué
par les levers et les couchers des astres
, qui fixent les divisions de 1 année,
qu’engendre le Soleil dans sa révolution.
Aussi on voyoit dans son
temple, à Babylone, des figures de
boucs, de taureaux, de chevaux, et
d’autres animaux symboliques et monstrueux
, assez semblables à ceux de
nos constellations, et qui dévoient naturellement
se trouver consacrées par
des prêtres, qui professoient l’Astrolo-
( 1) Strabon ibid. t. ifi. p. 739.
(2) Dionyf. perieg. v. ioot &c.’
C 3 ) Va: apbrait, v. 1005. veteres Geogr. miner.
t. 4.
(4) Steph. in voc. Bsbvl’
(5) Plin. hiû. nat* 1- 6. c* «6.
gie , et qui eonsuitoient habituelLe-
.ment les figures célestes. C’étoit là,
èn quelque sorte, les formes sous lesquelles
se produisoient les Génies , qui
composoient ce que les livres des Hébreux
appèlent l’armée céleste, a. la
tête de laquelle marchoit Jupiter ,
suivant Platon (6), et dont le Soleil
étoit le chef et le moteur puissant. _
Le rapport que nous établissons ici,
entre le soleil Bélus, ou le Baal fameux
des Assyriens, et la milice céleste , ou
le système des astres et des constella,-
tions , est justifié par les livres hebreux.'
On y lit, que le roi Josias (7) brisant
lesidoles étrangères, élevées au Soleil et
à la milice céleste , brisa spécialement
celle de Baal. Il détruisit les Haruspices
, qui sacrifioient à Baal, au Sole
il, à la Lune et aux douze signes ,
et Ajoute la milice céleste. D où il est
aisé de voir , que le culte de Baal, 011
du dieu, dont le nom étoit commua
à Saturne et à Jupiter , faiso.it partie
du culte des corps célestes , désignes ici
sous le nom de milice celeste. Aussi
donnoit on le nom de planète de Baal
à la planète de Jupiter (8) ou à celle
qui avoit le plus d’analogie par sa couleur
et son mouvement avec le Soleil,
comme nous l’avons observé ailleurs ,
en parlant des dénominations , et des
caractères des diverses planètes- . Les
Egyptiens l’appeloient planète d’Osi-
ris ou du Soleil , puisqu’Osirâ etoit
chez eux ce que Baal ou Bélus etoit à.
Babylone. C’est par la même raison,
.qu’on appelloit oeil de Bélus une pierre
précieuse (9) , qui représentoit ung
espèce de prunelle , entouree d un cercle
jaune couleur d’or. L’oeil chez les
Egyptiens étoit aussi le symbole d'O-
siris ; ou du Soleil , oeil du monde. (10)
Cette pierre étoit, dit P line, consacrée,
((i) Macreb. Sat. 1. 1. c. 2i.
(7 ) Reg. I. 4. c. 23. v. 4 & 5.
(8J Epiph. adv. hæref. i. 1. c. 16.
(ç ) Plin hift. nat.1. 37- c- F 5 (10) Plut, de Ifide. p. 354-
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