
Matth, v
Luc.
,82. H i s t o i r e E c c i e s í á 'st i q u e .
les dieux à qui vous m’ordonnez de facrifier? Marciett
d it : Apollon notre confervateur!, qui nous garantit de
la famine & dela pefte, quiconferve & gouverne -tout
lemonde. Acace répondit : Quoy i.cemalheureux, qui
brûlant d’amour pour une fille , cottroit éperdu-, ne iça-
chant pas qu’il perdoit cette p ro y e fi chere? 11 eft dont
ç la irq u ’il n’éeoit pas d iv in : &c il n ecoit pas dieu non
plus,puiiqu’une fille le trompa. C ’eft la fable de Daphne,
qu’Acace releve ici ; delà il pa-fle à celled Hy ac inte, 8c
à quelques autres, puis il conclud: Quand il iroitde la
v ie dois - je adorer ceux que je ne dois pas imite r, &c
dont vous punirez vous-mêmes les imitateurs? Marcien
d it: C ’eft la coutume des chrétiens, d’inventer plufieurs
calomnies contré nos dieux-, c’eft pourquoi je vous ordonne
de venir avec moi facrifier à Jupiter & à Ju n o n ,
afin que nous faftions agréablement le feftin folemnel,
& que nous rendions aux dieux ce qui leur eft du. Acace
répondicîComment iacrifierai-je à celui dont le fepulcre
eft conftammerit eii'Crete-5'eft-il reifufcite?
Marcien dit.Oufacrifie , ou meurs. Acace répondit :
Ainfi font les voleurs de Dalmatie; quand ils ont pris
un palfant dans un chemin é troit, ils ne lui font point
d’ autrecompofition, quedelaiifer l’argencou la vie. Il
n'eft point-làqueftion de ce qui eft ràifonnable; mais
qui eft le plus fort. Or* je ne crains rien : les Loix publiques
puniftent les adulteres ,1e s infames, les voleurs,
les empoifonneurs, leshomicides; »fije fuis coupable de
quelqu'undeces crimes, je me condamne tout le premier.
Mais c’eft vous qui n’avez point d’excufe; car il
M. eft écrit que chacun fera jugé comme il jugera Marcien
dit : Je n’ai pas ordre de ju g e r , mais de contraindre ;
c’eft pourquoi 11 tu n’o b é ïs , fois aifuré de la peine. Acace
répondit : J ’ai ordre aufti de ne jamais nier mon Dieu, fi
L i v r e s i x i b ’ m e . 183
yousobéïiTezàun homme fo ible .qu i fortira bien-tôt du
monde, & fe ra mangé des vers ; combien d o is -je plus
obéir au Dieu tou t-pui flanc, qui eft éternel, quia dit :
Q uime reniera devant les nommes, je le renierai de- M„ttJ
vant mon Pere, qui eft au ciel.
Marcien dit : Tu viens de confefler l’erreur de cette
d o& r in e , quej avois toujours defiré d’apprendre. IJu
dis donc que Dieu a un Fils ? Acace répondit : Oiiy.
Marcien d it: Q u fe f t le F ils deDieu ? Acace répondk|:
Le Verbe de vérité & de grâce. Marcien d it : Eft-ce-là
fon p om ? Acace répondit : Vous ne m’aviez pas demandé
fon nom. Marcien dit : Dis-le.“ Acace répondit:
Il s’appelle J . C. Marcien dit : De quelle femme Dieu
1 a -t’il eu ; Acace répondit : Dieu n’a pas engendré Ton
Fils à la maniéré des hommes. Il a formé de fa main le
premier homme ; & après avoir fait une figure achevée,
il lui a donné l’ame & l’efprit. Ainfi le Fils de D ieu , la
parole de v é r ité , eft forti de fon coeur; c’eft pourquoy
il eft écrit : Mon coeur a produit une bonne, parole. Marcien
dit : Dieu eft donc corporel ? Acace dit : Lui feul fe ^ 44"
connoit; nous ne connoiflons point fa forme invifible ,
mais nous honorons fa vertu & fa puiflance. Marcien
dit : S’il n’a point de corps, il n’a point de coeur; car il
ne peut y avoir de fentitpent fans les membres. Acace
repondit: La fagefle ne vient pas de nos membres;
c eft Dieu qui la donne ; que fert le corps pour le fen-
timent? .
Marcien dit : Regarde les Cataphryges, gens d’une
ancienne religion ; ils ont quitté ce qu’ils étoient, pour
. facrifier aux dieux avec nous. Obéis de même ; raf-
femble tous les Chrétiens de la Loi catholique , & fuis
avec eux la religion de l’empereur : fais venir tout le
peuple qui dépend de toy. Acace répondit: Ce n’eft pas