
32.8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
monde l’entendit : Je dois avoir dans l’efprit toute l’égli-
fe catholique , étendue depuis l'Orient jufqu’a l’Occident.
Etant à la porte de l’amphitcatre & prêt d’entrer
au combat, il confola encore les freres , les affurant
qu’ils ne manqueroient point de pafteur. Après que les
bandelettes qui leur lioient les mains furent brûlées ,
le vêque fe mit à genoux & prioit encore, fuivant fa coutume
, aflfuré de la réfurreètion. Deux chrétiens Baby-
lon &c Magdonius domeftiques du gouverneur virent le
ciel ouvert, pour recevoir les martyrs ; & montrerentà
une petite fille d’Emilien l’évêque avec fes deux diacres,
monter au ciel couronnez ; les pieux où ils avqient
été attachez demeurant encore. Ils appelèrent Emilien
lui-même, pour lui montrer les martyrs : il ne les vit
point alors , mais enfuite S. Fruètueux lui apparut avec
fes diacres en des habits éclatans, 8c lui déclara , que ce
qu’il avoit fait contre eux n’avoit fervi qu’à leur gloire.
Cependant les fideles vinrent la nuit à l’amphiteatreavec
du vin , pour éteindre les corps demi - brûlez. Ils en
ramafTerent les cendres, dont chacun prit ce qu’il put :
mais S. Frudueux leur apparut , 8c les avertit, que chacun
rendît ce qu’ils e-n avoit pris, 8c qu’il les enterraient
. ' tous enfemble.
xlvii. On peut rapporter à cette perfecution de Valerien le
S- Saturnin de i • Tou’oufe. saint martyre de faint <S-> aturn*i n, premiIe r e1 vea qu. e dj e 1 ouflfolHuHD.
ms de parts. pc ^ ^ sy ¿ tabli environ dix ans auparavant.
4 Les oracles des démons ceiferent par fa puiffance , il
découvrit leurs impoftures , & affoiblit leur-autorité :
£c comme l’églife étoit près du capitole & fa maifon
au-delà, il paifoit & repailoit fouyent devant le capito
le , 8c fa préfence rèndoit les idoles muettes. Les pontifes
païens s’en apper^ûrent 6e réfolurent fa perte. Un
jour comme ilsavoient aifembléle peuple , & tenoient
un
L i v r e s e p t i e ’m e . 325
un taureau prêt pour appaifer leurs dieux par un facrifi-
ce: ils virent pafler S. Saturnin , qui alloit à fon ordinaire
celebrer les divins offices. V o ilà , dirent-ils, l’ennemi
des dieux', & l’auteur de cette nouvelle religion:
vangeons leur injure : qu’il facrifie ou qu’il meure. Ils
l’environnent en foule 8c le traînent au capitole lui feul:
car un prêtre 8c deux diacres qui l’accompagnoient s’enfuirent;
Comme on le preifoit de fa crifïer,ildit à haute voix:
Je ne connois qu’un Dieu, je fqai que les vôtres font des
démons: comment voulez-vous me faire craindre ceux
que vous dites qui me craignent ? Alors la multitude
irritée prit le taureau, que l’on alloit facrifier. Ils l ’entourent
d’une corde , qu’ils laiffent pendre par derrière
& y attachent les. pieds du faint : puis ils piquent le
taureau avec des éguillons, 8c le pouffent du haut de
leur capitole en bas. A la defeente des premiers degrez
le faint eut la tête caflee , 6e fa cervelle fe répandit :
puis tout le refte de fon coprs fut déchiré. Le taureau
ne laiffa pas de le traîner , jufques à ce que la corde fe
rompît. Le corps y demeura , 6e fut enterré tout proche
par le foin de deux femmes, qui le mirent dans
une bierre de bois & dans une folle profonde , de peur
que les païens n’achevalfent de le diffiper. Les autres
chrétiens qui étoient çn petit nombre , n’ofoient l’en-
fevelir : il n’y eut que ces deux femmes qui en eurent
le courage. Le lieu où demeura le corps de S. Saturnin
s appelle encore le Taur. Depuis il en fut tiré 8c transféré
dans l’églife bâtie en fon honneur , par les foins de
unit Exupere évêque de Touloufe, environ cinquante
ans après.
On pe ut croire auffi , que la même perfecution emporta
faint Denis premier évêque de Paris , envoie en
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