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a ï. n. 30. tyran.
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541 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
intérêt : car il n’en falloit pas davantage pour mettre
en fureur la populace d’Alexandrie. Cette fédition fut
il violente qu’il n’y avoit point de commerce d’un
quartier de la ville à l’autre. L’évêque S. Denis y étoit
revenu de fon exil, lorfque la paix avoit été rendue à
l’égdife: mais il étoit obligé d’écrire aux fideles de la ville
même dans la fête de pâques , comme s’il eût été fort
éloigné. Il étoit plus facile d’écrire & d’avoir réponfe
d’Orient en Occident, que d’Alexandrie à Alexandrie :
il y avoit plus de péril dans les rues de la ville, que dans
les déferts ; le port étoit fou vent plein de fang. C’eft
ainfi que S. Denis lui-même en parle à un évêque d’E-
gyte , nommé Hierax.
Alexandrie fut auilï affligée de famine, parce qu’E-
milien fe rendit maître des greniers publics ; & la guerre
avec la famine y attirèrent peu de temps après la pefte.
Cependant l’empereur Gallien envoïa Théodore en E-
gypte avec des troupes ; &i enfin Emilien fut pris & étranglé
dans la prifon.
Pendant que la pefte étoit à Alexandrie, comme la
fête de pâques approchoit, S. Denis écrivit une lettre
aux fideles, ou il marquoit le trille état de la ville. Pour
les autres hommes, dit-il, c’eft-à-dite , pour ceux qui
ne font pas chrétiens, il ne fembleroit pas que le temps
fût propre à celebrer une fête en l’état où font les
chofes : ce n’eft que deiiil, tous font affligez , la ville
retentit de gemilfemens, il n’y a point de mâifon qui
n’ait quelque mort. Et ils le méritent bien : ils nous
ont chalfez, & nous fommes les feuls, qui étant pour-
fuivis de tout le monde jufques à la mort, n’avons pas
laiffé de celebrer la fête : le lieu où chacun de nous fe
trouvoit dans cette opprelfion, lui fervoit delieud’af-
fctnblée ; la campagne, le un yaiifeau ^ une hô»
tellerie, une prifon ; & ceux qui ont célébré la fête la
plus joïeufe, font les martyrs admis au banquet celefte.
Il dit enfuite que cette maladie étoit pour les païens
la plus cruelle de toutes les calamitez, ôepour les chrétiens
un exercice & une épreuve : puis il ajoute La plupart
de nos freres par l’excès de leur charité, ne le
font point épargnez. Ils ont étéjlcs uns après les autres
vifiter les malades, fans précaution, & les ont
confolez & fervis afliduëment, s’attirant volontiers la
maladie de forte que plufieurs en guérifflant les autres
font morts eux-mêmes. Les meilleurs de nos freres s en
font allez de la forte , quelques pretres , quelques
diacres, & les laïques les plus eftimez ; & on a juge
que ce genre de mort ne differoit en rien du martyre.
Ils ont pris les corps de ces faints entre leurs bras,
leur ont nettoie les yeux & ferme la bouche , les ont
emportez fur leurs épaules, fans craindre de les toucher
& de s’y joindre de fi près : ils les ont étendus, lavez,
habillez, & peu de temps après ils ont eu le même
fort, mais ceux qui relient fucccdent toujours aux autres.
Les païens font tout le contraire. Des le commencement
de la maladie, ils s’éloignent & fuient ceux
iiu’ils aimoient le plus ; ils les jettent dans les rues demi-
morts , ils laiftent les corps fans fepulture comme du
fumier, tant ils craignent de gagner la maladie mortelle
, que toutefois il n’eft pas facile d éviter quelque
artifice qu’ils emploient. Ainfi parloit faint Denis
d’Alexandrie : L’églife honore encore comme martyrs
ceux que la charité fit mourir a 1 occafion de cette
pelle.
Ce fut apparemment dans ce temps de trouble , que
S Denis d’Alexandrie fut accufé auprès du pape faint
Denis, d’avoir écrit que le Fils de Dieu etoit une créa-
Maftÿfol. ¿8»
Tebr.
LIV.
Do£trine de S=’-
Denis d’Alexandrie
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