
go H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
tre calomnie infâme & abfurde, dont on ne peut deviner
d’autre fondement, lînon que l’on voyoit les Chrétiens
fe mettre à genoux devant l’évêque affis, foit pour
recevoir l’impofition des mains à la confirmation & à la
penitence, ibit en diveriès autres occafions, comme
nous le pratiquons encore. Cecilius continue : On dit
auffi qu’ils adorent un homme qui a été punidu dernier
fupplicepour fescrimes, & le bois funefte de la croixî
ces autels conviennent à des lcelérats, & ils adorent ce
gBf.w.Hi.c.ii. qu’ils méritent. Il rapporte enluite ces fables odieuies de
l’enfant couvert de farine que l’on donnoit à manger :
du chien qui éteignoit la lumière, des inceftes & des
abominations que l’on attribuoit aux affemblées des
Chrétiens,
Il allégué comme une grande preuve de ces faits l’obi-
curité de la religion.Car, dit-il, quoique ce ibit qu’ils
adorent, pourquoi s’efforcent-ils tant de le cacher ? les
choies honnêtes aiment à paroître en public, les crimes
cherchent le fecret, Pourquoi n’ont-ils ni temples , ni
autels, m images connues ? pourquoi n’ofent-ils parler
ouvertement, ni s’aflembler librement; fi ce n’eft que cé
qu’ils adorent fi iècretement foit puniffable ou honteux?
Mais enfin qui eft ce Dieu? d’ où vient-il? oùeft-
il? ce Dieu unique, iblitaire, abandonné, qu’aucune
nation libre ne connoît ; il n’y a que les Ju ifs , peuple mi-
ferable, qui ait auffi adoré un ièul Dieu ; encore avoient-
ils des temples, des autels, des viétimes, des cérémonies.
Mais ce Dieu a fi peu de puiflance, qu’il eft captif des
Romains aveefon peuple. Pour les Chrétiens, quels prodiges
n’inventent-ils point? que ce Dieu qu’ils ne peuvent
ni montrer , ni voir ; s’informe exactement deS
moeurs de tour le monde, des adtions,, des paroles, des
penices les plus fecrettes, c’eft-à-dire, qu’il fe promène 8c ü
- :ng m ____
L i v r e c in q u i e ’ me; IL s i
fe trouve par tout, qu’il eft incommode, inquiet, eu- * ufi
vieux, juiques à l’impudence ; püifqu’il eft en tous lieux,
& preiènt à toutes les aétions, occupé de chacun en particulier
, comme s’il pouvoit iuflîre à tous. Que dirons-
nous de ce qu’ils menacent du feu le monde entier, comme
fi l’ordre de la nature pouvoit être renverie ? & non
•coatens de cette opinion extravagante , ils y joignent
des contes de vieilles, en diiànt qu’ils renaîtront après
être morts & réduits en cendre ;; de là vient làns doute
l ’horreur qu’ils ont des bûchers, où nous brûlons les
corps. C ’eft fur ce fondement qu’ils fe promettent une
vie heureufe& éternelle après la mort, & menacent les
autres d une peine éternelle. Et toutefois yous attribuez
à Dieu tout ee que nous failbns, comme les autres l’attribuent
au deftin, & vous dites que ce n’eftpas ceux qui
Je veulent qui embraffènt votre iècte , mais ceux qui
font choifis; ainfi vous faites un jugeinjufte, qui punit
dans les hommes le hazard & non pas la volonté. Ceei-
Jius attaque ici.manifeftement le dogme de lagrace.. Il
attaque enfuite celui de la refurre£lion,&continuë:Vous
devriez au moins juger par l’experience du prefent, combien
vos elperances vous trompent : vous, êtes pauvres
pour la plus grande & la meilleure partie, comme vous
dites yous-mêmes;vous iouffrez le froid, lafaim, le tra- .
iVail, & vôtre Dieu l’endure:; il ne veut ou ne peut vous
fecourir, tant il eft faible ou injufte. Sans parlerdes maladies
& des autres miieres communes ; on vous menace, •
un vous fait iouffrir les ,tourmens, la croix, le feü : où
eft-ce Dieu ? il peut vous iècourir après la relîu rection ,
& ne le peut pendant la vie.
Ne voyez-vous pas les Romains, fans vôtre Dieti, régner
, joüir de l’empire de tout le monde , & vous commander
à yous-unênies ? tandis que-pleins de eraiûte &
Tome II, L