
jS H i s t o i r e E c c l e s t a s t i q j j e .
Alors elle s’éveilla comme d’un profond fom m eil, &
commença à regarder autour d'elle , en difant : Te ne
fai quand on nous expofera à cette vache. On lui dit
ce qui s’étoit paifé ; elle ne le crut que lorfqu’elle v it
fur fon corps &c fur fon habit des marques de ce qu'elle
avoit fouffert, 8c qu'elle reconnut Je catecümene. Elle
fit appeller fon frere ; 8c s’adrelfant à lui ôcà Ruftique,
elle leur d i t , demeurez fermes dans la foi ; aimez vous
tous les uns les autres, & nefoyez point fcandalifez de
nos fouffrances.
Satura une autre porte , exhortoit le foldat Pudens,
& lui difoit : Me voic i enfin comme je l ’ai promis &c
p réd it, aucune bête ne m'a encore touché ; croyez donc
de tout votre coeur ; je m’en vais là , & je finirai par
<une feule morfure d'un léopard. Auffi-tôt à la fin du
fpe&acle il fut prefentéàun léopard, qui d'un fel coup
de dent le.couvrit de fang. Le peuple s’écria: Il eftbien
lavé. Satur dit alors au foldat Pudens, Allez, fouvenez-
Vous de ma f o i , Se que ceci vous fortifie plutôt que
de vous troubler ; donnez-moi l’anneau que vous avez
au doigt. L'ayant trempé dans fa plaïe il le lui rendit
plein de fang pour le garder , ôc tomba mort au
lieu ou on avoit accoutume d’egorger ceux que les
bêtes n'avoi ent point achevez. On nommoit ce lieu Spo-
Itarium. Ainfi Satur mourut le premier , fuivant la v i-
fion de Perpetuë.
Le peuple demanda qu’on les ramenât au milieu de
l'amphitheâtre, pour avoir le plaifir de leur voir donner
le coup de la mort. Les martyrs fe levèrent & s'y
en allèrent d'eux-mêmes,, après s’être donné le baifer
de paix. Les autres reçûrent le dernier coup fans parler
8c fa„ns branler. Perpetuë tomba entre les mains
d un gladiateur mal-à-droit, qui la piqua entre les os
L i v r e c i n q u i e ’ me . 39
la fit crier ; car ces exécutions des beiliaires demi-
mortsétoiertc l’apprentiffage des nouveaux gladiateurs,
pour les accoutumer fans péril au fan g , & on les nommoit
Confie cteurs. Perpetuë conduifit elle-même à fa
gorge la main tremblante du fien , Si finit ainfi fon
martyre.
S. Irenée évêque de L y o n , fouflfrit le martyre en cet-* x 1 x.
te même perfécution de Severc, 8c avec lui unemulti-j i^nu,Zc.° S'
tude innombrable de,fon peuple, il fut enterré p a r la Ado, marUxZ*
prêtre Zacharie dans la cave de l’églife de S. Je an . Il cr"g.'tu™. 1.
avoit laiflé grand nombre d’écrits; mais il ne nous • . ,. 1 1 r* refte Ih,dfjdje cghliori.m9’art»
que les cinq livres contre les herefies. Entre les mar- cirè-
tyrs des Gaules on compteaufh dans le Vivarès A n d .o - mr.'defôripu
le fous-diacre envoyé par S. Polycarpe avec d’autres Tdol'.é-vfiar.
pour prêcher l’évangile. A Comane en Pamphilie on
marque l’evêque Z o tiqu e , quiavoit travaillé contre les MarcJ r’
Montaniftes.
A Alexandrie plufieurs s’enfuirent àcaufe de la per-
fecution , même ceux qui étoient chargez de l’école
chrétienne; Ôc le principal d’entr’eux, qui étoitle prêtre
C lem en t, rend ainfi raifon de fa conduite dans cw 4 strmt.
fes ftromades compofées en ce même tems. Lorfque
le Seigneur nous dit : Quand on vous pourfuivra en 10.13.
cetre v ille fuyez en l’autre; il ne nous confeille pas de 6a"
fuir la perfecution comme un mal , ni de craindre la
mort ; mais il veut nous empêcher d’être caufe ni par-
ticipans du péché de ceux qui nous perfecutent. Celui
qui ne lui obéit p a s , efl: temeraire, car fi celui qui
tuë un homme de D ieu , peche conrre D ieu , celui qui
s’expofe en ne fuyant pas la perfecution , fe rend auffi -
coupable. C ’eit pour cela qu’il nous tft commandé de
ne nous attacher à aucune des chofes de la vie ; mais
«redonner notre tunique à.celui.qui prend notre nian