
3à H i s t o i r e E c e l f s Î a s t i q u e .
de la curioiîté de ceux qui y accouroient. Satur leur dî--
fô it :L e jo u r de demain ne vous fuffic pas pour voir à.
votre aife ceux que vous haïfTez ; aujourd’hui amis, de-
main ennemis. Mais remarquez bien nos vifages,afin de
nous reconnoître en ce jour du jugement, ils s’en retour-,
noient tout interdits-, ôc plufieursfe convertirent.
x v i i i . Le jour du combat étant v en u , les martyrs fortirent
tadesmarty™! Pf ifon pour l’amphitheâtre comme pour le c ie l ,,
gu a is , d’un vifage agréable, plutôt émus de joye que
de crainte* Perpetuë fuivoit d’un vifage & d'un pas tranquille
comme une p e r fo n n e ch e ried e J.C . baiflant les
yeux pour en dérober aux fpe&ateurs la vivacité. Fe»
• licite étoit ravie de fe bien porter de fa couche pour
combattre les bêtes. Etant arrivez à la porte, on voulue
les obliger, fuivant la-coûtume, à prendre les habits
dont on ornoit ceux qui paroilfoient àce fp e ê ta c le , c’é-
toitpour les hommes un manteau rouge , qui étoit l'habit
des- prêtres de Saturne ; pour les femmes une bandelette
autour de la tê te , qui étoit la marque des prêtreffes
de Cerês. Les martyrs refuferent ces cérémonies idolâ*-
treS, & dirent : Nous ne fommes venus ici volontairement
que pour conferver notre liberté; nous avons fa1-
crifié notre v ie pour ne rien faire de femblable, nous en
iommes convenus avec vous. Le tribun permit qu’ils
entraifent fimplementcomme ils étoientv.
Perpetuë chantoit comme déjà viétorieufe ; R e vo-
c a t, Saturnin ôc Satur menaçoient le peuple qui regar-
doit. Etant arrivez à la vue d’Hilarien, ils lui difoient:
par fignede la main & de la tête: Tu nous juges & Dieu
rejugera. Le peuple en fut ir r ité , ôc demanda qu’ils
fuflènt fbiiçttez, félon la coutume, en paifant devant
les Veneurs. Ainfi nommoit-on ceux qui étoient arme
zpour combattre les bêtes. Ils fe mettaient de. rangj
L i v r e c m om i t ' m e : r F
avec des fouets à la main ; ôc donnoient chacun leur
coup aux beftiaires, ou condamnez , que l’on faifoit
paifer nuds devant eux. Les martyrs fe réjouirent de
participer à la paffion du Sauveur.
Dieu leur accorda la mort que chacun avoit fou-
ha itée , car lorfqu’ils s’entretenoientenfemble du martyre
qu’ ils- defiroient , Saturnin avoit témoigné qu’il
eût voulu être expofé à toutes fortes de bêtes pour
fouffiir davantage. Ainfi dans le fpeéïacle , lui ôc R e -
vo c a t, après avoir été attaquez par un léopard, furent
auffi fecoiiez par un ours fur l’écnafaut. Satur ne crai-
gnoit rien tant que l’ours, ôc efperoit qu'un léopardlè
tuëroit d’un feul coup de dent. Il fut d abord expofe a un
fanglier ; mais le veneur qui avoit lâche la bet'e, en reçut
un coup , dont il mourut quelques jours kpres le
fpeêtaele. Satur fut feulement traîné. On l’attacha fur
le pont proche d’un ours ; mais 1 ours ne fortit point
de fa lo ge , parce que lefoldatPudensenavoit arretela
porte avec des chairs corrompues. Ainfi Satur étant faim
¿rentier fut rappelle pour la fécondé toise
Perpetuë Sr Félicité furent dépoüilléeS j mifes dans
des filets, pour être expofées à une vache furieufe. Le
peuple en eut horreur ; voyant 1 une fi delicate 5c 1 autre
qui venoit d'accoucher, les mamelles encore dégoûtantes
; on les retira ôc on lès couvrit d habits flbtans*
Perpetuë fut fecoüée la première, 5c tomba fur le dos
elle fe mit à ion féant ; ôc voyant ion habit déchiré par
le côté , elle le retira pour fe couvrir la cuiffe. On la
reprit; Sc elle renoua fes cheveux epars, pour ne pas
paroître affligée. Elle fe leva., Sc voyant Félicité toute
froifiee lui donna la main ôc la releva ; elles allèrent
ainfi-vers la porte Senevtvaria, oùPërpetuë fut reçue
jgar-un catecumcne nommé Ruilique qui la fiûvoitv