
2 i g H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q ue
l u . le fut élu pape versle moisde Juin de cette année
« S B C’étoit unhomme d’une pureté virginale, d une modef-
cypr. ai Anton, i j ^ d’une fermeté finguliere, il avoit pailé par tous les
làm.'st. degrez des offices ecclefiaftiques5 il n’avoit ni demandé
comme plufieurs autres, ni defiré l’épifcopat, au
contraire il falut lui faire violence pour 1 obligerai accepter.
Il fut élû par feize évêques, qui fe trouvèrent a.
Rome, entre lefquelsil y en avoit deux d’Afrique, Pompée
8c Etienne ; prefque tous les clercs rendirent témoignage
de fon mérité, & le peuple qui etoit preient
consentit à fon ordination. Les évêques écrivirent des
lettres à toutes les églifes 8c à Carthage en particulier ».
pour leur en faire p a r t , Scelle fut approuvée d’un commun
confentemenr par tous les évêques du monde. En
acceptant cette charge, Corneille s’expofoit vifiblement
au martyre -, car l’empereur Decius faifoit les menaces
les plus terribles contre les évêques; ÔC eut fouffert plus
patiemment un compétiteur dans l’empire , qu’un pape
a Rome. . . .
Le prêtre Novatien ie déclaradiautement contre cette
élection ; Scvoici quel il étoit. Il avoit été. pHilofophe
Sto'icien Sc en réputation pour fon éloquence. Le de-
Z - mon l’avoitpoffedéj-ce qui lui avoit donne occafion
m m gf d’embraffer la foi. Ayant été délivré par les fecoursdes
exorciftes , il étoit demeuré catecumene , julquesace
qu’étant tombé dangereufement malade , enforte que
I on croyoit qu’îl devoit mourir , il fut baptifé dans fon
lit par infufion.. Etant guéri il ne reçût point le fceau
du Seigneur de la main de l’évêque, c’eft-à-dire, la confirmation,
ni lereftede ce que l’on faifoit après le baptême
» félon la régie de l’eglife. Il fut toutefois enfuite
ordonné prêtre, nonobftant l’oppofition détour le clergé
8c de plufieurs la'iques, fondée fur ce qu il n eiok pas
l u i .
Schiftnc de Noyât
ien.-
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permis d’ordonner ceux qui avoient étébaptifez dans le
lit ; mais î’évêque qui l’aimoit, pria inftamment qu’on
lui permit d’impoièr les mains feulement à celui-ci. La
perfécution étant venue, Novatien fe tint enfermé dans
fa maifon, 8c comme les diacres le prioient de fortir ,
pourvenir affiftei les freres qui avoient befoin de fecours
il fe fépara d’eux en colere 8c s’en alla, difant qu’il ne vou-
loit plus être prêtre, parce qu’il étoit amoureux d’une
autre philofophie. Enfuite il fit le fevere 8c fe plaignit
qu’à Rome on recevoir les apoftats à la penitence avec
trop de facilité. Plufieurs du'clergé de Rome, encore pri-
fonniers pour la fo i , fe laiiTerent feduire à cette apparence
de zele pour la difcipline ; entr’autres, M axime, Nico-
firate, Urbain, Sidoine, Macaire, Celerin, il n’y eut que
le prêtre MoiÎe qui demeura ferme. c
Novatien 8c le fchifi-natiqueNovat venu d’Afrique , 3
publioient diveriès calomnies contre le pape Corneille,
diiànt : Q u’il avoit pris un billet du magiftrat pour éviter
la perfeeution, 8c qu’ il avoit communique avec des
évêques coupables d’avoir làcrifie aux idoles , entr autres
avec un nommé Trophine. Sur cesfondemens, N o vatien
fépara plufieurs confeilèurs 8c plufieurs autres .
fideles de la communion de Corneille, 8c pailant plus
avant il fè fit lui-même ordonner évêque de Rome, quoi
qu’il eût protefté avec ferment, qu’il ne defiroit point
l’épifcopat. Il choifitdeuxde fespartiiàns les plus de- m .
fèlperez, 8c les envo'ia en un coin de l’Italie , ou ils s a-
dreflerent à trois évêques gens ruftiques8c très fimples ;
ayant inventé Un pretexte, leur perfuaderent de venir
à Rome en diligence, aflfurant que leur prefènce
y étoit neceiïaire pour appaiier la divifion , avec les
autres évêques qui s’y trouveroient. Ces pauvres eve-
ques s’étant ainfi laillé feduire 8c étant arrivez à R om e ,