
t a H i s t o i r e E c o l e s * a s t i q u 'E .
tie rs ; s’il n’était de nos maximes de fouffrir la mort plu*
tôt que de la donner ? Nous pourrions vous combattre
fans prendre les armes,, fans nous révolter, feulement
en nous féparant. Car il un tel nombre d’hommes
vous avoit quitté , pour fe retirer en quelque coin
du monde; la perte de tant de fujets auroit décrié vôtre
gouvernement,, leur abandon vous auroit punis ;
vous auriez été épouvantez de votre folitude S td u fî-
lence des affaires; le monde auroit femblémort, vous
auriez cherché à qui commander ; i l vous feroit demeuré
plus d’ennemis que de fujets. Maintenant la
multitude des chrétiens fait que vous avez moins d’ennemis.
Et qui vous délivreroit de ces ennemis cachez y
qui vous ruinent l’efprit & la fanté ; je veux dire des
démons que nous chaffons de vous fans récompenfe r
ce feul moyen de les biffer dans leur pofTeffion >.fuffiioitf
pour nous venger.,
il montre enfuite que l’on ne dévoie point' craindre
lun ion des chrétiens, comme unefadtion dangereufey
parce que n’ayant point d’ambition , ils ne fe mêloient
point des affaires publiques, & que cherchant d’autres
plai-firs , ils s’éloignoient dt s fpeébacles où les fa ¿lions
regn o ien t, puis il ajoûte : Maintenant je veux vous
montrera quoi s’occupe lafadtion des chrétiens. Nous
faifous corps, parce que nous nous connoiffons pour
avoir la même religion v la même morale ,.la même
efperance. Nousnous affemblons pour prier Dieu,comme
par une fainte conjuration ,, & pour lire les écritures
divines ; là fè font les exhortations & les correètions ,
on y juge avec grands poids, comme en laprefence de
Dieu ; on regarde comme un terrible préj,rgé pour le
jugement fu tu r , il quelqu’un a péché jufques à être
p riv é de la communication des p riè re s , des aiTcmblces
I lV R B C IÏ t t ït JlE ’ ME; a
& de tout notre faint commerce. Ceux qui préfîdene
font les vieillards les plus éprouvez. Ils arrivent à cet
honneur, non par argen t, mais par le témoignage de
leur mérite ; car l’argent n’ a point de lieu dans les chofes
de Dieu; Si il nous avons une efpece de tréfor , ce n’efl
pas qu’il en coûte pour acheter la religion. Chacun
apporte quelque peu d’argent tousles mois, ou quand il
veut , s’il veut & s’il peut ; on n’y contraint perfonne,
la contribution eft volontaire. C ’eft comme un dépôt
de p ie té , qui ne s’employepas en feftins inutiles; mais à
nourrir &c enterrer les pauvres, à entretenir les enfans
o r fe lin s , les vieillards, ceuxquiont fait naufrage, ceux
qui travaillent aux m in e s , qui font reléguez dans des
ifle s , ou prifonniers pour la caufe de Dieu. Cette charité
déplaît à quelques-uns. V o y e z , difent-ils, comme
ils s’aiment, comme ils font prêts à mourir l’un pour
l’autre; ils rendent même odieux les noms de fre re s ,
que nous nous donnons; parce que chez eux tous les
noms de parentez ne marquent qu’une affe&ion feinte.
Comme nous fommes unisd’efprit & de coeur, nous ne
feignons point de communiquer nos biens ; tout eft
commun entre nous hors les femmes ; il ne faut donc
point s’étonner fi une telle amitié produit des repas communs.
, J e fai que nos petits foupez font d écriez, non feulement
comme criminels, mais comme exceffifs; tandis
qu e l'on n ed it mot des feftins detantdefocictez payen-,
nés. Notre foupé montre fa caufe par ion nom d’Agape ,
qui figmfie en grec cha rité , nous donnons ce foufage-
ment aux pauvres ; On n’y fouffre ni bafTeflfe, ni immo»
deftie On ne fe met à table qu’après avoir fait la prier©
à Dieu , on mange autant que l’on a fa im , on boit autant
qu’il eft u t ile , fans nuire à la pureté, on fe raflai! e,