
XV.
Mort de Gor
dien. Philipp<
empereur.
TZuJ. t v . ç. z$
Capitol. Gord,
J. j>. I6l.
138 Hl ST OI RE E CC LE S I A S T IQJJE.'
en fut repris en une vifion. Alexandre gouverna digne*
ment l’églife de Comane jufques à la perfecution de
Decius , où il fouffrit le martyre parle feu.
Babylas gouvernoit alors l'églife d’Antioche , ayant
fuccedé à Z ebin .D e fon tems cette grande ville fut pri-
fc par Sapor roi de Perfe, fucceffeur d’Artaxerxe ; 8c
l’empereur Gordien marcha contre lui.Mais auparavant
il époufa la fille de Mifithée homme très-habile, qu’il
fit préfet du prétoire ; Sc fe gouvernant par fes iages
confeils il fe retira delà fujetion de fa mere, dont les eunuques
vendoient tous les emplois ; Sc rétablit les affaires
de l’état. Il reprit fur les Perfes Antioche, Carres Sc
N ifibe , Sc les eût pouffé encore plus loin , fi Mifithée
ne fut mort. On croit qu’il fut empoifonné par Philipp
e , qui fut après lui préfet du prétoire.
C ’étoit un Arabe né à Boftre, qu’il nomma Philip-
popolis. Il étoit de baffe naiffance, mais h a b ile ; & loin
de foutenir le jeune empereur Gordien, qui l’avoit élev
é à ce deffein-, ilnechercha qu’ à le ruiner.Il fitenfor-
te que les troupes manquèrent de v iv r e s , Sc fomenta
leurs murmures en d ifan t, que Gordien étoit trop jeune
pour gouverner l’empire ; il corrompit même les
ch e fs , enforte que l’on demandoit publiquement que
Philippe fût déclaré empereur. Il fallut en convenir, Sc
qu il regneroit avec Gordien , comme pour être fon tuteur.
Mais comme il ufoit infolemment de l’autorité,
Gordien monta fur le tribunal pour s’en plaindre efpe-
rant le faire dépofer. Il hâta par là fa perte ; il demanda
que leur pouvoir fut é g a l , Si ne l’obtint pas : enfuite
il demanda d’etre au moins C é fa r , puis d’être préfet
du pretaire , Sc tout cela lui fut refufé. Enfin il fe-ré-
duifit à demander le titre de Duc, c’étoit alors celui d’un
gouverneur de province, & qu’on le biffât vivre. Phi-
L i v r e s i x i è m e . 13 ?
lippe y avoit prefque confenti ; mais faifant reflexión
combien Gordien étoit aimé du peuple & du fénat, il j| | |
voulut profiter de la mauvaife humeur des foldats, Sc w “ *•
le fit tuer. Gordien avoit régné fix ans entiers, Sc n’cn
avoit vécu que dix-neuf, c'écoit l’an de J . C. 2.44.
Marc-Jule Philippe étant déclaré empereur , fit re-
connoître Céfar fon fils de même nom que lui. On dit nï VI 54*
que cet empereur étoit Chrétien, Sc que la veille de Pâ-
que, comme il voulut entrer dans l'é g life , Sc participer
aux prières du peuple, l’évêque ne lui permit pas d’entrer
, qu’il ne fe fut con fe ifé , Sc mis au rang des péni-
tens, àcaufe des crimes qu’il avoit commis. Il obéit de
bon coeur à l’évêque , & témoigna en cette occafion une
pieté fincere; & c’efl à S. Babylas que l'on attribue cette
grande aétion. En effet, Philippe devoit paffer à Antio- t-660•
ch e , pour revenir à Rome après la guerre des Perfes, Sc
ce qu’il avoit fait pour parvenir à l’empire , méritoit
allez d’être expié parla pénitence. Etant venu à Rome
il abolit une infâmie publique, que l’empereur Alexandre
n’avo itpû ôter, ¿ to ta le s poètes du nombre des pro- ip™ u y c .je
feffeurs des arts libéraux , qui avoient des privilèges ;
mais il aflifta aux jeux profanes , qui furent célébrez la
milliémeannée de lafondation de Rome,laquatriéme
de fon regne, 14 - . d e j. C.- Ces jeux furent tres-magni-
fi^ues, Sc durèrent trois jours Sc trois riuits. On les nomma
jeux feculaires, quoique ce ne fuffent pas ceux que y-
l ’on célébrait regulierement au commencement de cha- ”’ 4’ 5’
que fiecle. Ceux-ci furent les neuvièmes Sc les derniers.
Il n’eft pas merveilleux que Philippe prît part à ces céré- ^ C r°"‘
monies payennes, étant exclus de l’églife pour de plus
grands crimes dont il n’avoit pas fait pénitence; car il
paraît bien qu’ il l’avoit acceptée, mais non pas qu’il
l ’eût accomplie; ■