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de plaire, parla beauté, qu’elle fait être naturellement
propre à exciter les mauvais deiirs. Qu’elle doit, non-
feulement rejetter la parure affeâxc , mais cacher 8c
obicurcir la beauté naturelle , en la négligeant , pour
iè mettre à couvert de l’injuftice & de la violence des
hommes. Quefiune perfonne chrétienne doit fe glorifier
en là chair , c’eft quand elle eft déchirée pour J . C.
non quand elle attire les yeux & les foûpirs des jeunes
gens. Il parle fortement contre le fard, les faux cheveux
& les autres ornemens lèmblables , qui femblent faire
injure à l’oeuvre de D ieu , qu’il blâme encore plus dans
les hommes. Que fi votre richelfe , d it -il, vôtre naif-
fance ou votre dignité , vous oblige de marcher avec
quelque pompe ; modérez ce m a l, en forte que vous
ne lâchiez pas la bride à la licence, fous prétexte de né-
çeflité. Ne voyez-vous pas ceux qui s’engagent à la
continence , & qui renoncent pour le royaume de Dieu
à un plaifirii violent & aflurément permis? N ’y en a-
t—il pas qui iè défendent les créatures de Dieu , s’abfte-
nant du vin & des animaux, pour humilier leurs ames?
E f eniuite : Quel fujet aurez-vous de fortir fi parés ? vous
n’allez ni au temple, ni aux ipeétacles, & ne connoiifez
point les fêtes des Gentils; carc’eftpour ces aifemblées
pour voir & être vus , que l’on paroît pompeuiement
en public ; vous n’avez des raifons de fortir que très-
ièrieuiès , vifiter un des freres malades , affifter au ià-
crifice , ou à la parole de Dieu. Il les exhorte enfin par
la confideration de la perfecution préfente , à fecoüer
les délices. Te ne fai, dit-il, fi les mainsaccoûtumées à
des braiïèlets,pourront fouifrir des menotes. Si une jambe
ornée de bandelettes , s’accommodera des entraves;
je crains qu’une tête fi chargée de filets , de perles &;
d’émeraudes j ne donne pas de place à l’épée. Ainfi
parloit
L i v r e c i n q u i e ’ m e . || 49
parloit Tertullien aux femmes chrétiennes.
Vers ce rems étoit à Rome un nommé N a ta liu s , Pcnitcnce de
qui après avoir été confelfeur, s’étoit laiffé feduire par Natalius*
Afclepiodotc SdparTheodote le changeur : tous deux Scrip> nntiq.
« . / ' • S l ' T l J 1 1 X T ' ’Euf.y.hifi^c. 38. ddciples de Theodote le courroyeur que le pape V ic tor
avoic excommunié. Ces deux l’avoient perfuadé de s“t•
fe laiifer ordonner évêque de leur feéte , moyennant
une penfion de 150. deniers d’a rg en t , c’eft-à-dire 60.
liv . de notre monnoye, qu’ils devoient lui fournir par
mois. Dieu ayant pitié de ce martyre de J .C . lui envoya
plufieurs vifions^ pour l’avertir de quitter ces hérétiques
, & comme il étoit retenu par l’intérêt & par
la vanité de fe voir à la première place ; enfin il fut
fouetté par un an g e , pendant toute une nuit. Lelen*
demainil fe revêtit d’un c ilice , fe couvrit de cendre ,
2c répandant beaucoup de larmes alla fe jetter aux pieds
du pape Z ep h y r in ; Sc fe profterner non feulement de
vant le clergé; mais devant les laïques. Toute l’églifè en
fut touchée : toutefois quoiqu’il employât d’inftantes
prières,& montrât les marques des coup squ’il avoit re^
. 1 I . J 1 ■ \ a 1 • \ I Opttt. Milcv. !.. çus : il eut bien de la peine a etre admis a la commu- 1.
nion de l’églife. Le pape Zephyrin combattit toutes les
herefies de ce tems-là : entre autres celles de Marcion ,
d e Praxeas, de Sabellius &c de Valentin. Elles furent
auifi combattues par Te rtu llien , & ce fut la quinzième
année d eS e v e re , 207. de J .C . qu’ilcompofafes livres An-l° r
contre Marcion.
Maisdefiors il étoit tombé lui-même dans 1 herefie xx7 't,,. 1 / a ■ H R .H Chute de Terdes
Montaniftes. Il etoic prêtre & demeuradansl eglife tufticn.
jufqu’au milieu de fon â g e ; c’eft-à-dire jufques à qua-
( j , .1 & . s H H | - I l /T Hier.d e firtfl. rante ans ou plus : car il arriva a un eextreme vieuleile;
mais l’ envie que les clercs, de l’églife Romaine conçurent
contre lui , 2c les affronts qu ils lui firent le por-
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