
19 4 H i s t o i r e E c o l e s i a s T i qj c j e .
tien , je facrifieaux dieux. Le proconful le fit auflî totr
deicendre. Mais au moment qu’ il eue fac rifie ,il fut faift
du démon, & fe. battant contre terre 6c fe coupant la
langue de fes d en ts , il rendit l’eiptit.
^ou^e des fpeèfcateurs une fille nommée De*
ni e , agee de feize an s , s ecria : Miferable pourquoi t’es-
tu attire une peine eternelle, pour un moment de relâche
î Le proconful ayantoüices paroles, la fit tirer au
milieu de la p la ce, & lui demanda fi elle étoit Chrétienne.
O u i, repondit-elle, je la fu is , c’eft pourquoi je
plains ce malheureux de n'avoir pas fouffert encore ura
p eu , pour arriver au repos éternel. Le proconfuldit : Il
a tiouve le repos, lorfqu’il a fatisfait aux Dieux & aux
princes en facrifiant, & de peur qu'il ne fouffrk des reproches,
a caufe de votre vaine religion, la grande déeffe
Venus abien voulu le prendre. Sacrifie auffi t o i ,d e
peur qu après t avoir fait traîner honteuferaient , je ne
te taffebrûler v iv e . Denife répondit : Mon Dieu eft plus
grand que vous. C eft pourquoi je ne crains point v o s
menaces; il peut me donner la force de fouffrir tout ce
que vous me pourrez faire. Alors le proconful la livra à
deux jeunes hommes pour la corrompre, & fit mettre
en prifon André & Paul. Ces jeunes gens prirent Denife
, & la menèrent à leur logis; mais après s'être efforcez
jukjues à minuit de lui faire violence il leur fue
impoffibie. Vers la minuit il leur apparut un jeune homme
éclatant d une lum iè re , qui éelairatoute la maifon;.
ils furent faifis de p eu r , & fejetteren t aux pieds de la
Sainte. Elle les releva, en difant ; N e craignez p o in t,
c eft mon defenfeur & mon gardien.Ils la prioient d’in-
terceder pour eux ; de peur qu’il ne leur arrivât du mal.
e jour étant venu , tout le peuple vint au proconful
en criant & demandant qu’on leur livrâ t André & Paul.
L i v r e s i x i e ’ m e ."'
Deux facrificateurs de Diane , Cneficrate & Macedon ,
étoient les plusardens à exciter la (édition. Le proconful
ayant donc fait venir les m arty rs, leur dit ; Sacrifiez
à lagrande Diane. André & Paul répondirent : Nous ne
connoiffons , ni Diane , ni les autres démons que vous
adorez , & n’avons jamais adoré que Dieu feul. A ces
mots, le peuple prioit le proconlul de les leur abandonn
e r , pour les faire mourir. Le proconful voyant qu’il
ne pouvoic vaincre la confiance des martyrs , les fit
foüe tter, puis les liv ra au peuple, pour les lapider ; ils
les prirent,&i leur ayant lié les pieds , les traînèrent
hors la ville.
Comme on les lapidoit, Denife en oiiit le bruit. Elle
fe mit à crier & à pleurer ; & s’échapant de fes gardes ,
elle courut au lieu où ils étoient, & fe je tta fu reux , en
difant : Afin de v iv re avec vous dans le c ie l, je veux
mourir ici avec vous fur la terre. On rapporta au pro-
conful comment Denife avoit été confervée par un.
jeune homme lumineux , & comment elle s’étoit écha-
pée,pour fejetterfur les corps d'André & de Paul. Le
proconful commanda d e là féparer, & de la mener en
un autre lieu, pour etre décollée : ce qui fut exécuté.
On trouve plufieurs autres martyrs en Afie fous cette
persécution : a Nicomedie Quadrat, qui après avoir été
tourmente plufieurs fois, eut la têtetranchée : à N ic é e ,
T ryphon & R e fp ic iu s : en L y c ie , l’illuftrc martyr faint
Chriftophc : àCefarée en Capadoce, S. Mercure, officier
confiderabledans les troupes :à Melitine en Armén
ie , iaint Polyeuèle. C eft auffi à ce rems de Decius ,
que i on rapporte les fept Dormans, c’eft- à-dire, fept fre- S
r e s , qui fuïant la perfecution, fortirent d'Ephefe, & fe * * ’""•
retirèrent dans une caverne, où ils furent enfermez,&
atnfi s’endormirent au Seigneur : d’où vient que quand
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