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Martyrs de Nico-
medie.
Lacb. ». 14 .
418 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
tourmenté Se brûlé , ce qu’il fouffrit avec une patience
admirable. Cet édït fut bien tôt fuivi d’un autre , qui
ordonnoit de prendre par tout les év êque s , les mettre
aux f e r s , Se enfuite les contraindre à facrifier par toutes
fortes de moïens. On écrivit à l’empereur Maximien
Herculius & au cefar Conf iance , de faire la même choie
de leur côté , quoiqu’on n’eût pas attendu leur avis
pour une affaire de cette importance.
Le cefar Galerius non content de ces édits, Se voulant
pouffer Diocletien à une perfecution plus cruelle , fit
mettre le feu fecretement au palais ; Se quelque partie
aïant étébrûlée, on en accufoit les chrétiens, comme
des ennemis publics. On difoit qu’ils avoient comploté
avec les eunuques, de faire périr les deux empereurs,
qui avoient penfé être brûlez vifs dans leur propre mai-
fon. Diocletien tout fin qu’il croïoit être , ne foupçon-
na rien de cet artifice ; mais brûlant de coiere,il ordonna
auffi-tôt que l’on tourmentât cruellement tous les
fiens. Il étoit aiïis, faifant griller ces innocens. Tous les
juges Se tous les chefs des offices du palais faifoient donner
la queftion , par le pouvoir qu’il leur avoir attribué 5
c’étoit à qui découvriroitle premier quelquechofe ; mais
on ne trouvoit rien,parce qu’on ne mettoit pas à la queftion
les ferviteurs de Galerius, entre lefquels éroient les
coupables. Il étoit prefent Se fort empreiTé, pour ne pas
1 ailier rallentir la furie du vieil empereur. Quinze jours
après il entreprit encore un autre embrafement ; mais on
s’enapperçût de bonne heure , fans toutefois.découvrir
l ’auteur. Galerius qui avoir préparé fon voïage | partit
le même jo u r , quoique ce fût encore au fort.de l’h y-ver,
difant hautement : qu’il s’enfuïoit pour n’être pas brûlé
tout vif .
Diocletien étendoit fa coiere non feulement contre
fes domeftiques, mais contre tous. I l contraignit fa fille
Valeria toute la première , Se fa femme Prifca de facrifier.
Il fit mourir des eunuques autrefois très-.puiffans ,
qui avoient foutenu Se le palais Se lui-même. Dorothée
le premier d’entre eux avec Gorgonius, Se plufieurs qui
étoient fous fa cha rge, furent étranglez après de longs
tourmens. Pierre aïant refufé de facrifier, fut élevé nud
en l’air Se foüetté par tout le corps. Comme on l’avoit
déchiré jufques à lui découvrir les o s , fans ébranler fa
confiance : on mit du fel Se du vinaigre dans fes plaies;
on apporta un grjl Se du f e u , Se on le fit rôtir comme
les viandes que l’on yeut manger : lui déclarant qu’il ne
fortiroit point de cet état , s’il ne vouloit obéir : il demeura
ferme , Se mourut dans ce tourment. On compte u*n. a .
encore entre ces martyrs domeftiques de l ’empereur ,
l ’eunuque Indes, Mygdonius Se Mardonius.
On prit les prêtres Se les diacres ; Se fans aucun exa- Lactan. n.
men, fur leur confeflion 011 les condamnoic Se on les
menoit au fupplice avec tous les leurs. Anthime évêque ek/viu.
de Nicomedie eut la tête,coupée ; plufieurs autres fu rent
égorgez ; plufieurs de tout âge Se de tout fexe furent
brûlez , non pas un à un , mais à ta s , en mettant du feu
autour d’eux. On dit qu’il y eu t des hommes & des femmes
, qui par un excès de zele fauterent d’eux-mêmes
dans le bûcher. D ’autres liez par les bourreaux en grande
quantité, furent mis dans des barques Se jettez en
mer, Se avec de groffes pierres au cou. Onjetta auffi dans
la mer les corps des officiers de l’empereur que l’on avoit
enterrez d’abord ; mais enluite on les fit déterrer , de
peur que s’ils demeuroient dans des tombeaux, on ne
ne les adorât comme des dieux : car c’eft ainfi que les
païens jugeoient des honneurs que l’on rendoit aux martyrs.
Toutefois Diocletien Se Maximien avoient eux