
3 31 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
chez lui. L evêque écoic logé pauvrement, Si n’avoic
qu’une vieille femme pour tous domeftiques. Félix frappe
a la porte, la vieille s’éveille fort furprife, elle ouvre
en tremblant, Si reçoit fon maître : qui en quittant
Félix , lui met la main droite fur la tête , en lui
fouhuitant toutes fortes de benediétions. Félix s’en retourna
dans fa maifon , où il demeura caché, jufques
a ce que la perfecution fût finie.
Après quelque temps de paix la perfecution recommença,
apparemment celle de Valerien; &c l’on'cher-
cha encore Félix. On alla,à fa maifon, mais il étoit
dehors au milieu de la ville , accompagné à fon ordinaire
de plufieurs amis, Si inftruifant les fideles. Les
perfecuteurs y vinrent , Si l’aïant devant eux , ne le
reconnurent point , enforte qu’ils demandoient, où il
etoit : foit que Dieu leur eût troublé la vûë, ou change
le vifage de Félix. Quelqu’un s’étant apperçû de
leur mepriteg les en avertit: ils retournèrent fur leurs
pas, par ou Félix avoit paffé. Il entendit le bruit, Si
le cacha promptement dans une ma*ure, qui fe trouva
proche ; mais comme eîle étoit ouverte , il eût été
bien-tôt pris; fi dans le moment une araignée n’eut
fait fa toile , qui ferma l ’ouverture de ces ruines. Les
perfecuteurs^ y étant venus , crurent qu’il y auroit
de la folie a s imaginer , qu’un homme eût pu paifer
^anS romPre une tofie d’araignée, ou qu’elle
eût pû être faite fi promptement : ils cherchèrent Félix
par tout ailleurs, Si Dieu le fauva par ce miracle.
Quand ils fe furent retirez, Félix alla le cacher en
un lieu écarté , dans une vieille citerne féche ; & il y
fut nourri par un autre miracle. Une femme confacrée
a Dieu logeoit tout proche , .& fans fçavoir que Félix y
fût caché , elle apportoit du pain‘ & d’autres viandes ,
qu’elle avoit préparées pour elle-même ; Si les mettoit
fur le bord de la citerne , fans connoître ce quelle fai-
foit : croïant au contraire les mettre dans fa maifon , Si
oubliant auffi-fôt ce qu’elle avoit fait, & par où elle
alloit ou revenoit. Félix demeura fix mois dans cette
[ citerne : un puits voifin lui fournifloit de l’eau ; mais
il fécha quelquefois, Si la pluie y fuppléa. La perfecution
étant finie , Si la paix rendue a l’églife, ihfortit de
fa retraite par ordre de Dieu, Si retourna à fa patrie, où
il fut reçû comme un homme revenu du ciel.
A Cefarée en Cappadoce un enfant nommé Cyrille
montra une confiance extraordinaire. Il nommoit toujours
J . C. Si ni les paroles, ni les coups ne pouvoient
l ’empêcher de te dire chrétien. Plufieurs enfans de fon
âge fe declaroient fes ennemis ; fon pere même le chaifa
de fa maifon , lui refufant tout fecours ; Si quelques-
uns loüoient Si admiroient le pere. Le juge irrité contre
Cyrille, fe le fit amener par fes officiers , Si penfi
d’abord l’épouvanter : mais il le trouva intrépide Si n’ef-
timant rien en comparaifon de la foi. Mon enfant, dit-
il , je te pardonne tes fautes : ton pere te recevra chez
lui, tu peux jouir de fes biens ; pourvû que, tu fois fa-
ge, ôeque tu penfe â toi. Le bienheureux enfantdit : J ’ai
de la joïe de fouffrir ces reproches, Dieu me recevra ; je
fuis bien aife d’être chaffé de ma maifon : j ’en ai une plus
grande : je ne crains point la mort pour acquérir une
meilleure vie. Comme il parloit ainfi avec une vertu
divine,on le fait lier publiquement comme pour le mener
à la mort; mais le juge avoir donné ordre que l’on
fe contentât de lui faire peur. Quand on lui rapporta,
que l’enfant n’avoit point jetté de larmes, ni craint
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Autres martyrs?
Acla fine. j>. t J J ?