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-qui menèrent Flavien en un lieu où les freres étoient
aflemblez, la mere y étoit, qui lui dit: Je te louëdecç
que perfonne n’a fouffertle martyre comme toi. Ces
vifions conlbloient 'Flavien.
Cependant les deux jours le paflerent, & le troifié-
me jour on les fit venir , fuivant la prédiétion deMon-
tan. Comme les freres s’emprefïoient au tour de lui,
pour le làluer ; il leur dit 5 qu’il leur donnerait la paix à
tous dans Fulcien : c’étoit un lieu ainfi nommé. Etant
entré dans le prétoire , il demeuroit à la place des pri-
fonniers, attendant qu’on l’appeliâf. Ceux qui ont é-
-crit cette relation étoient auprès de lu i, 6c lui tenoient
les mains par honneur & par amitié. Quelques pàiens
qui avoientétudié avec lu i, lui conlèilloient memeavec
larmes de facrifier alors, pour faire enfuite ce qu’il voudrait
:& de ne pas craindre une fécondé mort incertaine
, plus que la mort prefènte. Il les remercia de 1 amitié
-qu’ils lui témoignoient, en lui donnant le conièil qu ils
croïoient le meilleur : mais il leur dit que pour conlèr-
"ver la liberté : il valoir mieux mourir que d adorer des
pierres-, qu’ ily a un Seigneur (ouverain, qui a toutfait
par ion commandement, & qui par confèquent doit
-être feul adoré. Aioûtant que nous vivons après la
mort : qui eft ce que les payens croioient le moins,
quand même ils avoient quelque bon ientiment touchant
la divinité.
Le gouverneur l’aiant fait entrer, lui demanda pourquoi
il mentoit, fedilanr diacre, quoi qu’il ne le fut
pas. Flavien répondit : Je ne mens point. Le centenier
dit : On m’a donnèune déclaration qui porte qu’il feint
de l’être : Flavien répondit: Mais il n’eft pas vrai-fem-
blable que je mente en ce c i, plutôt que celui qui a
donné la déclaration. Le peuple fe récrioit ôc difoit;
Vous
Vous mentez. Le gouverneur l’interrogea encore s’il
étoit vrai qu’il mentît ? Et qu’y gagnerois-je, dit-il ?
Le peuple en fut aigri , & demanda par des cris réitérez
qu’il fut tourmenté ; mais le gouverneur le jugea auffi-
tôt 5e le condamna à mort. Etant certain de fouffrir ôc
rempli de joie , il eut même la confolation de parler à
fes amis ; 6c donna ordre d’écrire la relation de Ion martyre
, 3c d’y joindre les vifions qu’il avoir eues.
Il marchoit au fupplice en grande compagnie 6c avec
beaucoup de dignité. Une pluie douce & abondante fur-
vint, qui fit dire à Flavien que l’eau leroit jointe au fang
dans fa patïion , à l’exemple de celle de N . S. Cette
pluie fer vit aufli à arrêter la mauvaife curiofité des gentils,
3c donna occafion au martyr d’entrer dans une hôtellerie
près du lieu nommé Fufcien, où il donna la paix
à tous les freres, fans qu’aucun profane en fût témoin.
Il fortit enfuite de l’hôtellerie -, 5c étant monté en un
lieu élevé 6c propre à fe faire entendre, il étendit la main
pour demander du filence , 6c dit : Mes très-chers frères,
vous avez la paix avec nous, fi vous avez la paix de
l’églife , 6c fi vous gardez l’union de la charité. La der-
niere chofe qu’il dit 3c qui fut comme fon teftament :
c’eft qu’il recommanda fortement le prêtre Lucien, qui
fut en effet peu après élû évéque de Carthage. Aïant
achevé de parler , il defeendit au lieu du martyre : il fe
banda les yeux de la moitié du mouchoir que Montan
lui avoir fait garder deux jours auparava’nt : s’étant mis
à genoux comme pour faire la priere, il acheva fon
martyre avec fon oraifon. On honore la mémoire de
tous ces martyrs en un même jour le vingt-quatrieme de
Février.
En Numidie un évêque accompagné de Jacques diacre
3c de Marien leéteur, arriva en faifant voiage à un
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