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pris, la première fois que je le vis dans l’églife, debout
au milieu d’une grande multitude, recitant quelque par,
tie de récriture divine. Tant que je n’entendis que fa
v o ix , je crus qu’il lifo it, comme on a accoutumé de le
faire dans les aifemblées; mais quand je fus affez proche,
pour voir ce qui fe pailoit ; que tous les autres avec de
bons yeux étoient debout tout autour ; Sc que lui, ne fe
fervant que des yeux de l’ame, parloit comme un prophète
•, je ne pouvois aflez admirer Sc lotier Dieu. Ce
font les paroles d’Eufebe. Tous ces confeifeurs qui
étoient dans un lieu feparé, s’occupoient à prier, à jefU
ner Sc aux autres exercices de pieté , qui leur étoient
ordinaires ; quand il vint un ordre de Maximin, fuivanc
lequel ils furent tous décapitez en un même jour. Ils
étoient au nombre de trente-neuf. Ce furent les derniers
martyrs de Paleftine ; Sc la perfécution y dura
nuit ans , c’eft-à-dire jufques en 3 10 ,
xx xi. Le vieux Maximin Herculius étoit revenu en Gaule
Hc0rcuUu^aïimm Sc avoir quitté l’empire pour la fécondé fo is ; dans le
Ladtanu de mort'. deifein defurprendre Conftantin fon gendre. Les Francs
étoient en armes pour entrer dans les Gaules, Sc C o n ftantin
penfoit à les reprimer ; Herculius lui perfuada
de ne pas faire marcher contr’eux toute fon armée, di-
fant:qu’un petit corps fuffifoit pour les défaire.Conftan?
r in , qui ne fe défioit de rien ,1e cru t, comme un vie illard
expérimenté ; Sc laiifa la plus grande partie de fes
troupes. Herculius attendit quelques jours ; & quand
il crut que Conftantin étoit für les terres des barbares;
tout d’un coup il reprend la pourpre ; s’empare des tré-
fors Sc fait des largeifes aux foldats, publiant des men-
fonges contre Conftantin ; qui aïant appris ces nouvelles
/ re v in t avec fon armé Sc fit une diligence incroïa-
ble. Herculius fut furpris, avaift qu’il eût pourvû à fes
affaires
L i v r e n e u v i e ’m e T j8.r
affaires Sc les troupes retournèrent à Conftantin ; c’étoit
dans la Belgique. Herculius fe voïant le plus foible ,
s’enfuit dans la fécondé N arbon no ife ,&s’enferma dans
Arles ; étant pourfuivi il paffa à Marfeille,où Conftantin
vint l’aifieger. Herculius parut fur la muraille;Con-
ftantin s’approcha Sc lui demanda fans aigreur ce qu’il
avoit voulu fa ire , ce qui lui manquoit, Sc pourquoi il
tenoit une conduite fi indigne de lui. Herculius lui répondit
par des injures ; niais cependant on ouvrit les
portes de la v ille , & on y reçut les troupes de Conftantin.
On lui amena fon beau-pere ; il fe contenta de lui
ôter la pourpre, après lui avoir reproché fes crimes, Sc
lui donna la vie,
Mais Herculius ne pouvoit demeurer en repos : Il
follicite fa fille Faufta par prières Sc par flateries d’abandonner
Conftantin, lui promettant un mari plus digne
; Sc lui propofede laiifer fa chambre ouverte Sc mal
gardée. Elle lui promet,Scaufti-tôt le rapporte à fon mari
: on prépare tout pour prendre Herculius fur le fait :
un miferable eunuque eft mis dans le lit à la place de
Conftantin. Herculius fe leve au milieu de la nuit Sc
trouve l’occafion favorable : peu-de gardes & éloignez.
Il leur dit en paflant : J ’ai fait un fonge que je veux conter
à mon fils. Il entre armé, Sc après avoir tué l’eunuque
, il reffort, fe vantant de ce qu’il croïoit avoir fait.
Conftantin paroît aufli-tôt d’un autre côté avec une
troupe de gens armez. On tire de la chambre le corps
mort. Herculius demeure fans voi'x & fans mouvement.
Enfin on lui donna fe choix de genre de mort,il choifit
la corde Sc eft étranglé : mort que les Romains efti-
üioient la plus honteufe. Telle fut la fin de Maximin
Herculius,
Depuis que Licimus avoit été fait empereur, Maxi-
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