
X V I I I
Reliques de
Boiiifece.
548 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ficurs des miniftres. Le gouverneur épouvanté de la
puiiTance de J .C . & d e la patience du martyr,commanda
qu on lui coupât la tête avec l’épée , difant : Nous
ordonnons que celui qui n’obéît pas aux loix des empereurs
fouffre la peine capitale. Les foldats le tirèrent
promptement du tribunal. Le martyr aïant fait le ligne
de la c roix , pria les bourreaux de lui donne un
peu de temps pour prier ; & fe tenant debout, tourné
vers 1 Orient, il dit : Seigneur Dieu tout-puiffunt, Pere
de N . S. J . C . venez au fecours de votre ferviteur en-
voïez votre ange, & recevez mon ame en paix ; afin
que le dragon meurtrier ne lui puiiïe nuire. Mettez-
moi en repos avec le choeur de vos faints martyrs, &
délivrez votre peuple de cette oppreffion des impies. Car
à vous appartient l’honneur 5c la puiflance avec votre
Fils unique & le S. Efprit dans les fiecles des fiecles,,
àmen. Aiant achevé fa priere , il fut exécuté ; & il fe
fit un grand tremblement de terre , enforte que tous»
s ecrierent : Il eft grand le Dieu des chrétiens , 5c plu-
fieurs crurent en Jefus Chrift.
Cependant les compagnons de Boniface le cher-
choient par tout ; 5c ne le trouvant point ils fe difoienc
lu n a 1 autre .-Il eft à prefentdans un cabaret ou ailleurs
a fe rejoüir, tandis que nous nous tourmentons à le chercher.
En difeourant ainfî, ils rencontrèrent le frere du
geôlier, & lui dirent: N ’avez-vous point vû ici un étranger
venu de Rome ? Il leur dit : H ie ril y eut un étranger
qui fut martyrifé pour J . C . 5c il eut la tête coupée.
Et oueft il,dirent-ils? Il répondit : Dans l'aréne,;
5c ajouta ¡Comment eft il fait? Ilsdirent:c’eftun homme
quarre, épais, blond, qui porte un manteau decar-
latte. Il dit: Celui que vous cherchez fouffrit hier le martyre.
Us repondirent : Celui que nous cherchons eft un
L i v r é S e u v i e ’m e . p 4 ?
¡ ■ H un débauché , qui n’arien de commun avec
le martyre. Il leur dit : Que vous coutera-t-il de venir
iufques à l’aréne & de le voir ? ils le iuivirent 5c il leur
montra fon corps étendu. Ils le prièrent de leur montrer
aufli fa tête , il l’alla quérir, & la leur apporta. Le
vifaue du martyr étant prefenté à fes compagnons le
mit à rire par la vertu du S. Efprit. Eux l’aïant reconnu
pleurèrent amerement en difant :N e vous fouvenez
pas de notre péché 5c du mal que nous avons dit de
v o u s , ferviteur de J .C . 5c ils dirent à l’ofhcier : V01 a.
celui que nous cherchons ; nous vous prions de nous le
donner. Il refufa de leur donner gratuitement, ils lut
en païerent 500. fous d’or 5c l’emporterent. Ilsl embaumèrent
5c i’envelopperent de linges précieux, le mirent
dans une des litieres,& reprirent leurchemin avec jo ie ,
louant Dieu d e l’heureufe fin du faint martyr
Cependant un ange apparut à Agla é, 5c lui dit : Celui
qui étoit votre efclave, eft à ptefent notre frere i
recevez-le comme votre Seigneur, 5c le placez dignement.
Car tous vos pechez vous feront remis par fon
interceflion. Elle fe leva promptement, & prit avec elle
des ecclefiaftiques pieux -, ainfifaifant des pneres avec
des cierges 5c des parfums -, ils allèrent au devant des-
faintes reliques ; qui furent mifes à cinquante ftades de
Rome ; & elle y fit bâtir un oratoire digne du martyr.
Il s’y fit pluficurs miracles , les démons y g S |F ’
fez 5c les maladies gueries. S. Boniface iouffrit le mai-
tyre à Tarfe métropole de Ciiicie I le quatorzième de
M a i, 5c fut enfeveli à Rome le fixiéme de Juin. Aglae
renonça au monde, donna tout fon bien aux pauvres, &
affranchit tous fes efclaves; retenant feulement quelque
peu de fes fille s , qui renoncèrent au monde avec elle.
Elle fe confacra ainfi au fervice de J .C . 5c lui devint fi
Z z z 113