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pieds Sc les baifer. Elle ramaffa fes mains coupées Sc lcs
ferra dans fa maifon.; les embauma dans un vaiffeau de
verre, les touchoit jour Sc nuit, & les mettoic fur fes
yeux. Son petit fils nommé Prifcien, qu’elle aimoit uni.
que ment , étoit devenu aveugle ; quoique lçs médecins
euifent épuifé leur art pour le guérir. Elle le prefenta à
levêque Sabin, Si lui dit : Seigneur, je vous conjure par
J .C . en qui vous croïez,de mettre vos bras fur fon fer-
viteur que voic i, &c de prier Dieu le créateur, & je crois
qu’il fera éclairé. Alors Sabin à genoux & répandant des
larmes, dit: Seigneur,écoutez-moi pecheur que je fuis.
Eclairez nos tenebres, vous qui êtes la lumière de veri.
té & de vie : par N. S. J .C . & le S. Efprit, qui vit & régné
avec vous dans les fieclesdes fieçles. Ils répondirent
Amen. L’évêque Sabin mis les bouts de fes bras fur les
yeux de l’aveugle difant : Celui-là t’ouvre les yeux ,
qui a ouvert la mer Si fait pafler Ifrael au milieu : qu’il
introduife fa lumière dans tes yeux, afin que toutes les
nations connoiffent qu’il eft le créateur de toutes chofes,
vifibles Sc invifibles; que c’eft lui qui a ouvert les yeux de
l ’aveugle né. Alors les yeux de Prifcien furent ouverts,
Tous ceux quiétoient dans la prifon , voïant les merveilles
de Dieu , le jetterent aux pieds de Sabin , le
priant de les baptifer. Ils furent bàprifez le même jour
au nombre d’onze. Ce miracle dp l’aveugle guéri ne put
demeurer caché.
Un'mois après le gouverneur de' Tofcane Venuf-
tien eut un fi grand mal aux yeux, qu’il pn perdpjc la
nourriture Sc le fommeil} Sc les médecins np pouyoient
le foulager. On lui dit que l’évêque Sabin aypit guéri
un avçugle : il enyoïa fa femme Si fes dpux fils pour
prier l’évêque avec grand honneur. Sabin remercia Dieu
& vint chez Venuftien : on le prit entre le? mains & on
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le jetta aux pieds de l’évêque, qui le voïant en cet état,
dit tout haut avec larmes : Que J . C . vous éclaire, lui
qui a éclairé l’aveugle né. Venuftien répondit en pleurant
avec fa femme Sc fes enfans : Nous avons péché.
Sabin répondit ; Si vous croïez de tout votre coeur &
avec repentir, rien ne fera refufé à votre foi ; que l’on
apporte ici les morceaux de l’idole. On les lui apporta Sc
il les fit mettre en poudre Si jetter dans la riviere. V e nuftien
étoit preifé de fes douleurs. Sabin lui dit: Croïez-
voüs de tout votre coeur ? Venuftien répondit : Je croi,
mais vous me reprefentez le péché que j’ai commis contre
vous ; Si c’eft ce qui me tourmente. Sabin répondit:
Mes pechez en font la caufe ; feulement jç vous avertis
de,vous repentir, de croire au Seigneur J . C. Sc recevoir
le baptême , vous ferez guéri, Sc vous obtiendrez
la vie éternelle. Venuftien dit : Baptifez-moi au nom
de N. S. J . C . afin que je reçoive l’effet de vos promef-
fes. Alors l’évêque Sabin pria à genoux , Sc quoiqu’il
eût les mains coupées, le fit catbecumene avec fa femme
Sc fes fils ; Sc aïant pris de l’eau les baprifaen difant :
Croïez-vous en Dieu le Pere tout-puiffant ? Venuftien
répondit : Je croi. Et en J . C . fon Fils ? Il répondit : Je
croi. Et au S. Efprit ? Il répondit : Je croi. Et en celui
qui eft monté aux cieux , & qui doit encore venir pour
juger les yivans, & les morts, Sc le monde par le feu ? Il
répondit: Je croi. Et en fon avenement Sc en fon regne,
la rémiffion des pechez Sc la réfurredtion de la chair ?
Venuftien répondit : Je croi en J . Ç. Fils de Dieu qui
m’éclairera,
En même temps on le lava du baffin Sc fes yeux furent
ouverts , en forte qu’il ne fentoit plus aucune douleur
après fon baptême. Il tenoic les pieds de Sabin &
lesarrofoit de fes larmes, çn difant: Priez N. S. J C. qu’il
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