
j z z H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
«. p. nj, Ueu nommé Muguas, près de Cirthe colonie Romaine,
a prefentConftantine,où la perfecution étoit fort échauffée.
On recher'choit même ceux qui avoient été exilez,
pour les faire mourir. Entre ceux-là étoient les évêques
Agapius 6c Secondin , tous deux recommàndables par
leur charité , 6c 1 un même par la perfection de fa continence.
Comme on les rnenoit du lieu de leur exil, pour
les prefenter au gouverneur, ils paiferent au lieu où
etoient les autres confeffeurs 5c logèrent chezeux. Ils les
fortifièrent par leurs exemples 6c par leurs difcours, les.
exhortant fortement a la confiance. Deux jours après
qurls furent partis, une troupe d’infidelles vint au v illage
de M ugua s, où étoient les confeifeurs ; 8c les emmenèrent
a Cirthe. Là ils furent mis en p r i fo n p u i s
expofez aux tourmenspar un ilationaire accompagné de
quelques centurions 8c des magiftrats municipaux de
'ibfl'.Gmg.. Cirthe. On apelloit ftationaires certains officiers du
gouverneur, diftribuez en divers lieux pour l’avertir de
ce qui fe paifoit. Jacques affeéta de confeifer non feulement
qu il etoit chrétien , mais qu’il étoit diacre. Marien
fe confeifaleéteur : on le pendit par les pouces avec
de grands poids aux pieds : après les tourmens on les remit
en prifon.
Marien s’y endormit profondement, & quand il fut
eveille , il raconta unfonge qu’il avoit eu, en ces termes :
J ai vu un tribunal fort haut & d’une blancheur éclatante
, ou quelqu’un préfidoit tour-à-tour, à la place du
gouverneur. Il y avoit un échafaut où l’on montoic par
plufieurs degrez- : on y expofoit les troupes de confef-
fèurs 1 une après l’autre, & le juge les faifoit mener,
pour mourir par le glaive . Alors j’entends une voix im-
menfe 8céclatantequidiioit: Applique Marien. Jem on-
. trois, a. cet échafaut 6c. tout d’un coup j’ai efté, furpris de
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voir Cyprien afli§à la droite du juge ;il a étendu la main,
m’a élevé au plus haut de l’échafaut, &c m’a dit en riant :
Venez-vous aifeoir avec moi. J etois donc affis aveceux
pendant qu’on interrogeoit d’autres troupes; le juge s’eft
levé& nousle reconduifions à fon prétoire , marchant
par une prairie agréable, environnée d’arbres chargez de
feüilles & d’une belle verdure, avec des ciprès quimon-
toient jufques au c ie l, en forte que l’on ne voïoit que
des bois alentour, & au milieu étoit une fontaine très-
pure& très-abondante. Le juge a diiparu tout d’un coup;
&c Cyprien a pris une fiole , qui étoit fur le bord de la
fontaine ; l’aïant emplie , il en b û t, puis l’a remplie 6c
me l’a préfentée ; j’en ai bû volontiers , 6c comme
je rendois grâces à Dieu , je me fuis éveillé au fon de
ma voix.
Marien aïantainfi raconté ion fonge, Jacques lui dit :
Je me fouviens que ces jours paifez, comme nous fai-
iions voïage vous 6c moi dans un même chariot ; vers
le midy je m’endormis, quoique le chemin fût fort rude,
6c je crus voir un jeune homme extraordinairement
grand, vêtu d’une robe ouverte par devant, fi éclatante
qu’il étoit impoifible de le regarder fixement. Ses pieds
ne touchoient point à terre, & fon vifage étoit au deffus
des nues. En paifant devant nous, il nous jetta à chacun
une ceinture de pourpre à vous Marien , 6c à moi ; 6c
dit : Suivez-moi vite.
Il y avoit dans la même prifon un confefTeur nommé
Emilien , de l’ordre des chevaliers, qui avoit gardé la
continence, bien qu’il fur âgé de près de cinquante ans ;
il faifoit dans la prifon des jeûnes de deux jours de fuite
6c des prières très-fréquentes. Il s’endormit en plein
jour, 6c enfuite raconta ainfi ce qu’il avoir vû. On nfa
tiré delà prifon , 6c j’ai rencontré un payen qui eftmoa