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te ; & dans toutes les villes on voïoit des décrets &
des refcrits de l’empereur,gravez en tables d’airain. Celui
qu’il envoïa à la ville de Tyr contenoit ce qui fuit ;
A la fin la foibleife de l’efprit b umainafecoué i’obfcu-
rité de l’erreur, qui tenoit auparavant les hommes plutôt
malheureux qu’impies,enveloppezdes tenebres per-
nicieufes de l’ignorance ; & ils reconnoiifent qu’ils l'ont
gouvernez par la providence des dieux immortels. Nous
rie pouvons exprimer la joïe que nous avons reiîentie
de recevoir cette illuftre marque de votre dévotion envers
les dieux,quoique dès-auparavant perfonne n’ignorât
quelle étoit votre religion,fondée non fur une créance
de paroles vaines, mais fur une fuite continuelle de
miracles éclatans. C’eft pourquoi votre ville s’appelle
avec jufte titre, le fiege & l’habitation des dieux immortels;
aïant tant de preuves évidentes de leurs préfenees.
Maintenant elle a négligé tous fes intérêts particuliers :
&i 11-tôt qu’elle s’eft apperçuë que ceux qui fuivoient
îa maudite folie recommençoient à fe glilter, & que le
feu alfoupi fe reveilloit; elle a eu recours à notre pieté
comme an rempart de toutes les religions^ C’eft le
grand Jupiter , lui qui préfide à votre illuftre ville ,
qui conferve vos dieux domeftiques, vos femmes, vos
enfans, vos maifons , c’eft lui qui yous ainfpiré cette
falutaire penfée; nous montrant combien il eft utile de
s’approcher des faimes cérémonies avec la vénération
qui leur eft dùë. Car qui eft allez infenfé, pour ne pas
comprendre, que c’eft par la faveur des dieux que la
terre donne fes fruits en abondance , que nous fommes
exempts de guerres, de mauvais air, de tempêtes, de
tremblemens de terre ; au lieu que ces malheurs étoient
fréquens auparavant? Et tout celaarrivoit à caufe de la
pernicieufç erreur & de l’ejttravagance de ces fcelerats^
qui couvroient prefque toutela terre dcconfufiomvoïés
la beauté des moiffons & des prairies, & laferenité du
ciel. Réjoiiiffez-vous de ce que la puiiïance du terrible
Mars étant appaifée par vos facrifices,v.ousjoüiiTez d’une
paix tranquille. Tous ceux qui fortant de cet aveuglement
font revenus à des fentimens raifonnables,doivent
fe regarder comme fauvez d’un naufrage & délivrez
d’une dangereufe maladie : mais que ceux qui demeurent
dans leur maudite folie, foient ckaflez au plus
loin de votre ville & de fon territoire, comme vous l’avez
demandé ; afin que délivrée de toute profanation|
elle puiife fervir les dieux,fuivant les mouvemens de fa
pieté. Au refte pour vous faire connoître combien cette
demande nous a été agréable, nous vous permettons de
nous demander telle grâce qu’il vous plaira ; en confédération
de votre affeélion pour le fervice des dieux.
Vous l’obtiendrez fans délai, comme un témoignage
éternel à vous & à vos defeendans, de la manière dont
nous avons recompenfé votre religion.
Tel fut le referit de Maximin pour la ville de Tyr ;
par où l’on peut juger des autres y & en général des fo-
lides raifons que les.païens emploïoient contre la religion
chrétienne. Maximin fit alors par tout fon empire
ce qu’il avoic fait en Orient. Ifdéfendoit,fous prétexte
de clemence , de faire mourir les chrétiens, ôc com-
mandoit feulement de les mutiler. Ainfi on arrachoit
les yeux aux confelfeurs, 6n leur coupoit les mains, les
pieds, le nez ou les oreilles. Toutefois on en fit mourir
plufieurs.
Le moine Apollonius, qui pour fon mérité avoir
été ordonné diacre, a voit foiri pendant la perfecution
de vifiter les freres & de les encourager ; en forte qu’il
fit plufieurs martyrs. Il fut pris & mis en prifon dans la
Luti. mort. n. 36 /
X X X V I .
S. '■ pollonius &
S. Ihilemon.
/cia jinc. p. *39.
ex Ru f . & VaiL