
568 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fenta fon col à découvert pour recevoir le coup, &fou£.
frit ainfi le martyre le vingt-cinquième de Panemus ou
Juillet Tan 308. Peu de temps après, cent trente confeifeurs
Egyptiens par Tordre de Maximin, eurent un pied
eftropié '& un oeil c re v é , 8c furent envoïez partie aux
mines de Paleftine, partie à celles de Cilicie.
Il y eut enfuite quelque relâche à la perfécution, 8c
les confeifeurs qui travailloientaux mines deThebaïde
furent mis en liberté. Les chrétiens efperoient du repos;
mais tout d’un coup, on ne fçait comment, la perfécution
fe ralluma plus violente qu’auparavant. Maximin.
envoïa des lettres contr’eux dans toutes les provinces ;
êc les gouverneurs par leurs lettres 8c par leurs édits
ordonnèrent à tous lés magiftrats des villes 8c a tous
les commandans des places de faire executer les ordres
de l’etnpereur. Que les temples des idoles, qui étoient
ruinez, fuifent relevez 8c reparez au plûtôt : que tous
hommes , femmes , efclaves, 8c jufques aux enfans à
la mammelle offriiTent des fàcrifices 8c des libations, &
en goutaifent réellement : que tous les vivres expofez
dans les marchez fuifent profanes par ces libations :
qu’aux portes des bains il eût des gardes, pour obliger
tous ceux qui en fortiroient à facrifier. Les gentils même
étoient fatiguez de ces nouvelles vexations, 8c s’en
plaignoient hautement,
Alors à Cefarée, trois chrétiens, Antonin prêtre ,
Zebinas natif d’Eleutherople & Germain , s’approchèrent
de Firmilien gouverneur de Paleftine , comme il
facrifioit ; & Texhortoientà haute voix de quitter cette
folie , puifqu’il n’y a point d’autre Dieu que le créa-?
teur. Il demanda qui ils étoient 3 Ils répondirent hardiment
, qu’ils étoient chrétiens : 8c Firmilien leur fit
souper la tête ? fans autres tourmens, G ’étoit le treG ¡U S B
L i v r e n e u v i e ’m e . j î ?
zjéme de Novembre. Le même jour une vierge de Scy-
tople nommée Ennathas fut traînée par force devant
Firmilien. Après qu’il lui eut fait foûffrir plufieurs coups
8c de grands tourmens, un tribun qui commandoit
près de là , nommé M a x y s , robufte de corps 8c brutal,
la prit de fon autorité, la dépoliilla toute nuë de la ceinture
en haut, la promena ainfi par toute la ville de Cefarée,
la fouettant de lanieres par la place 8c par les
rues, en forte qu’il s’en faifoit un plaifir. Enfin ilia ramena
au tribunal, 8c le juge la fit brûler toute vive. Il
défendit de donner la fépulture aux corps des martyrs,
8c les fit garder jour 8c nuit à l’air expofez aux bêtes.
Pendant plufieurs jours il y avoit un grand nombre
d’hommes occupez à cette garde, dont quelques-uns
étoient en fèntinelles fur des lieux élevez. Les bêtes Si
les oifeaux déchirèrent donc ces corps, 8c en difperiè-
rent les os 8c les entrailles,en forte que ces reftes hideux
étoient femez tout autour de la ville, 8c que leurs enne-
mis-rnêmes en avoient horreur. Alors quoique le temps
fût beau & l’air très-ferain,les colomnes des galeries publiques
de la ville parurent couvertes de gouttes d’eau,
la place 8c les ruës furent rnoiiilllées : ce qui fit dire au
peuple,que la terre 8c les pierres les plus dures pleuroient
de ces inhumanitez. Le quatorzième de Décembre ou
Apellée on prit dans la même ville de Cefarée des fidèles
qui étoient partis d’E gypte, pour aller en Ciliciefe-
courir les confeifeurs condamnez aux mines. Ils furent
arrêtez par les gardes qui étoient aux portes de la ville
a obferver ceux qui entroient ; 8c ils furent condamnez
à la même peine que ceux qu’ils alloient foulager 2
on leur creva un oeil 8c on leur eftropia un pied. Mais
on en fit mourir trois qui furent pris à Afcalon. Le prç-
Tome I I . C c c ç