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fiblement affligé, & écrivit à Epi&ete qui étoit alors
évêque en f i place ; & au peuple d’Allure ; qu ils ne le
devoient point ibuffrir ; marquant que ces faux pafteurs
ne s’emprelîoient à redemander leurs places que par des
motifs d’intérêt, pour les quêtes, les oblations & les
feftins. Il conclut, que s’ils continuent dans leur aveuglement,
on doit feparcr d’eux tous les freres, c eft-à-
dire, les excommuniez.
En Efpagne Bafilide & Martial, l’un évêque de Léon,
l’autre d Afturie, avoient pris des, billets d’idolâtrie, &
commis d’autres crimes. Baiilide étoit convaincu par là
propre confeffion, d’avoir blafphemé contre Dieu étant
malade; & prefle par là confidence, il avoit quitté volontairement
Tépificopat, & s ’étoit mis au rang des peni-
tens; fe tenant bienheureux d’avoir la communion laïque.
On avoit élû Sabin à là place, fuivant les regles.De-
puisBalilide étoit arrivé à Rome folliciter le pape Etienne
de le faire rétablir, l’avoit trompé lui déguifint le fait,
& prenant avantage de l’éloignement, qui l’empêchoit
d’être inftruit de la vérité; il avoit obtenu par furprife
des lettres favorables. Martial avoit long-tems fréquenté
les feftins impurs Ôc les compagnies des payens ; il avoit
enterré lèsenfansdans leurs ièpulcres profanes; il avoit
déclaré par aéfe public devant le procurateur ducenai-
re , qu’il obéïfïoit à l’ordre de facrifier aux idoles, &
•tpift. qu’il renioit Tefus-Chrift. A là place Félix avoit été élû
évêque. Les ducenaires étoient des officiers de finances
à deux cens fefterces de gages, chargez du recouvrement
des tributs, & fous ce pretexteils recherchoient les
chrétiens pour en tirer de l’argent dans le tems de per-
iècütion.
Comme Bafilide & Martial s’efforçoient toujours de
rentrer dans leurs fieges ; Félix & Sabin leurs légitimés
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fucceiTeurs, allèrent à Carthage, avec des lettres des
églifès de Léon, d’Afturie & de M e rid a ,& d’un autre
Félix évêque de Saragoce , connu en Afrique comme
attaché à la f o i , & défenfèur de la vérité. Ces lettres
furent lûës dans un concile de trente-fix évêques, à la
tête defquels étoit fiint Cyprien, qui répondit au nom
de tous par une lettre adreflee au prêtre F é lix , & au
peuple fidele de Léon & d’Afturie, & au diacre Lelins
avec le peuple de Merida.Dans cette lettre il établit par
l ’autorité des écritures, que les évêques doivent être
fins reproche, & que leur ordination fe doit faire avec
la participation du peuple.
Il faut, dit-il, avoir grand loin d’obfèrver cette réglé,
qui vient de la tradition divine & de la pratique
des apôtres ; & qui s’obfèrve auffi parmi nous & presque
par toutes les provinces. Que pour rendre les ordinations
légitimés, les évêques qui font les plus proches
dans la même province, s’affemblent au lieu pour lequel
on ordonne l’évêque ; & qu’il foit choifi en prefence
du peuple, qui connoît parfaitement la vie & la conduite
de ceux qu’il a toûjours vûs. C’eft pourquoi le
concile approuve les ordinations de Sabin & de Félix ;
& fins avoir égard aux lettres que Bafilide avoit obtenues
du pape faint Eftienne, pour être rétabli, & qui
ne fervent, dit fiint Cyprien, qu’à rendre Bafilide plus
criminel, pour avoir ufé de iurpriiè; il veut que l’on
obièrve ce qui avoit été ordonné par tous les évêques
du monde, & en particulier par le pape fiint Corneille,
que ces fortes de pecheurs fuffent admis à la penitence,
mais exclus de l’honneur du ficerdoce Sc de toute entrée
dans le clergé.
Dans les Gaules Marcien évêque d’Arles étoit atta- w
ché à la feéte de Novatien, contre les fentimens de <r
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