
5c la boue ecoit telle , qu’à peine ils pouvoient fe fou.
tenir. Ils s’arrêtèrent encore à prier : ils virent un feu
qui leur montroit le chemin, & deux hommes revêtus
d’habits éclatans, avec la barbe 5c les cheveux
blancs, qui leur dirent : Courage Theodote , le Seigneur
a écrit ton nom entre les martyrs : il nous a en-
voiez pour te recevoir ; c’eft nous que l’on appelle les
Peres. T u trouveras fur 1 étang fàint Sofandre armé qui
épouvanté les gardes : mais tu ne devois pas amener un
traître avec toi.
En effet le martyr Sofandre apparut aux gardes, armé
d une cuiraife, d un cafque, d’un bouclier 5c d’une lance,
quijettoient le feu de toutesparts ; 5c en même temps
la pluie & le vent etoient violens, avec des tonnerres
& des éclairs*. Les gardes épouvantez s’enfuirent dans
les cabanes voifines. Le vent étoit fi gfand, qu’en chaf-
fant 1 eau vers les bords, il découvroit le fonds où é-
toient les corps des vierges : ainfi Theodote 5c les fiens
coupèrent les cordes, tirèrent les corps, les mirent fur
des chevaux, & les apportèrent à 1 eglife des patriarches,
auprès de laquelle ils les enterrerent. Les noms de ces
fept vierges étoient Tecufe, Alexandria, Phaïna, Claudia
, Euphrafie , Matrone & Julitte. Les trois premières
avoient renoncé à tout,pour mener le vie apoftolique.’
Le lendemain le bruit s’étant répandu que ces cojps
avoient ete enlevez , toute la ville fut en rumeur. Dès
qu un chrétien paroiifoit, on le traînoit à la qyeftion.
Theodote aiant fçu que l'on en a voit pris ainfi plufieurs
vouloir fe liyrer lui-même ; mais les freres l’en empêchèrent.
Polychronius voulant s’affurer de la vérité , fe
deguifa en paifan, & s’en alla dans la place : mais il
fut pris 5c amené au gouverneur , 'o ù après avoir été
battu, fe yoiant menacé de mor t , il avoiia que Theor
dotç
L i v r e h u i t i e ’m e . 441
dote avoit enlevé des reliques des vierges, 5c indiqua le-
lieu où il les avoit cachées. Elles en furent tirées & brûlées.
Ainfi les chrétiens reconnurent que c’étoit le traître
, dont ils avoient été avertis. On le dit à Theodote,
qui dit adieu aux freres, les exhorta à prier pour l r i
fans relâche, 5c fe prépara au combat. Il pria long-temps
avec eux & demanda à Dieu la fin de la perfecution 5c
le repos de l’églife ; il les embraifa avec quantité de larmes
de part & d’autre, 5c leur recommanda, quand le
prêtre Fronton viendroit de Mal avec fon anneau, de
lui donner (es reliques, s’ils pouvoient les dérober. En
difant cela il fit le figne de la croix fur tout fon corps, 5c
marcha hardiment au lieu du combat.
Il rencontra deux citoïens de fes amis", qui lui voulurent
perfuader de ie fauver, pendant qu’il étoit encore
temps ; mais il leur dit : Si vous voulez me faire
plaifit ^ allez plutôt dire aux magiftrats : Voilà Theodote
que les prêtres de Minerve 5c de Diane accufent
avec toute la ville , il cft à la porte. Etant entré , il rc-
gardoit en fouriant le feu , les chaudières boüillantes ,
les roues 5c plufieurs autres inftrumens dcfupplices,
que 1 on avoit préparez. Le gouverneur lui propofa de
le mettre au nombre de fes amis 5i de lui procurer la faveur
des empereurs. Ils te feront, dit-il, l’honneur de
técrire, 5c de recevoir tes lettres : tu feras facrificateur
d Apollon avec pouvoir fur toute la ville, tu ordonneras
(es autres facrificateurs : tu reprefenteras aux magiftrats
les befoins du païs, 5c tu envoleras des députations
aux empereurs, pour les caufes communes. Theodote
lui répondit, en relevant d’un côté les crimes des
faux dieux 5ç les'infamies que les païens mêmes leur
attribuoient, & de l’autre côté la grandeur 5c les mi-
raples de J . C. La multitude des idolâtres fut irritée de
Tome I I . K k k
IB
X X X V I I .
Martyre de faint
Theodote.
If m i
U ! Í I f «5
ÉIKb I: « i
iiill