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Tertullien les leur donne : mais cette raillerie eût e t !
fans fondement, h ce pape n’eût été en effet regardé
par tous les catholiques, comme le che f de la religion
' &i le pafteur des évêques mêmes. Il lui donne enfuite
les titres de pape & d’apoftoliqjue, que les catholiques
lui donnoient. Les Montaniftes prétendoient qu’il y
avoit des pechez irremifïibles, lavoir l’idolâtrie, l’horpi-
cide, & l’adultere, c’e ftad ireq u eD ieu feu l pouvoit remettre
, mais pour lefquels l’é g liien ’accordpit point de
pardon. Ilsnelaiffoient pas de mettre en penitence ceux
qui y étoient tombez; mais ils refervoient à Dieu de les
abfoudre. Ils comptaient pour pechez remiffibles les pechez
journaliers, au rang defquels Tertullien m e t , fe
«j$ji fâcher injuftement, frapper, dire des in ju re s , jurer en
vain , mentir par honte ou par necefihé. Il fuppofe en
plufieurs endroits que les catholiques n’admettoient
pointa penitence les idolâtres ôc les homicides; ce qui
toutefois ne s’ accorde avec les autres monumens de ce
même fiecle. Il eft confiant que trente ans après, S.
Cyprien Si toute l’églife catholique d'Afrique,accordoit
la penitence Sc l’abfolution à ceux qui aprçs leur baptême
étoient tombez dans l’idolâtrie. Mais Tertullien remar-
*to. que fort b ien , que l’églife catholique n’impofoit poing
de penitence pour les pechez commis avang le baptême
dans l’ignorance.
En fe propofànt les objeéfinns des catholiques, il
d it : Vous pourrez commencer par la parabole où l’on
voit la brebis perdue que le Seigneur.cherche Sc rapporte
fur fes épaules. Montrez jufques aux peintures de vos
calices ; y pourra-t-on diftinguer fi cette brebis fignifie
»,«»• le pecheur chrétien ou le payen ? £ t enfuite : Vous aurez
lefouffrage du pafteur, quevous peignez fur vos calices.
Les chrétiens ayoieng donc dejjors des images
L i v r e c i n q u i e ’ me; ’ 95
dans les églifesSc furlesvafes facrez ; & Tertullien tout
envenimé qu’il étoit contre les catholiques, ne leur en
fait point un reproche. Il marque les cérémonies de la
penitence en ces termes: Et vous , introduifant dans
l’églife un adultéré, penitent, pour adoucir les freres en
fa fav eu r, vous le ferez profterner au milieu d e là place
devant les veuves Sc les prêtres av e c le c ilic e & la cendre
défiguré à faire horreur, les prenant tous par leurs habits,
baifant leurs pieds, embraifant leurs genoux. Vous,
cependant bon pafteur & pape bénit, vous prêchez fur
fon malheur avec tout l’artifice pofïible, pour exciter
la compailïon, & vous chercherez vos chevres dans la
parabole de la brebis. Il reconnoît que l’églife a le pouvoir
de remettre les p e ch e z , 6c que les catholiques le
fondoienr fur la promeffe faite à faint Pierre. Il recon-
noic au fit que l ’églife aceordoit le pardon des penitens
aux prières des martyrs. Il parle ainfi des mariages elan-
deftins: Chez nous les conjon étions cachées, c’eft-à-
dire,qui n’ont pas été auparavant déclarées dans l’églife,
courent hazard d’être traitées comme l’adultere & la
fornication, de peur qu’elles n’évitent l’aceufation fous
le prétexte de mariage. Te rtullien fît encore un traité
pour montrer à ce qu’il prétendait, qu’il faut voiler les
V ie rg e s,c ’eft-à-dire, que depuis qu’ellesont atteint l’âge
nubile, elles ne doivent plus paroître, principalement
dans l’églifè , que couvertes d’un grand voile jufques à
la ceinture. Il y marque quelles étoient les vierges nommées
veuves,cellesquel’éyêque mettoit au même rang,
& leur attribuoit comme aux veuves une penfion de
l’églife.
L empereur Macrfn au lieu d’aller à Rome où il étoit
d efiré, demeura â Antioche, où il fe rendit méprifa-
b le au x troupes, par une gravité affeétée & un luxe