
ïo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
ayent été hommes, vojîsvous êtes avifcz d’affurer qu’ils
ont été faits dieux après leur mort ; examinons-en
les caufes. Premièrement, il faut que vous accordiez
qu’il y;a quelque dieu fuperieur, propriétaire de la divi-,
n ité , qui ait fait dieux.eeuxquin’étoientque des hommes.
Car ils; ne pouvoient prendre pour eux la divinité
qu’ils n’avoignt pas ; & un autre ne pouvoir la leur donn
e r , s’il ne la pofledoit en propre. S ils avoient pil fe
faire dieux eux-mêmes , ils n auroient pas commence
par être hommes. Donc s’il y a quelqu’un qui puiiTe
faire des dieux,je reviens aux caufes qu’il peut avoir eues
d’en faircjôc je n’en vois point d’autres,que les fervicesSc
les fecours dont ce grand dieu peut avoir eu befoin dans
l ’exercice de fes fonctions. Mais il eft indigne de lui ,
d’avoir eu befoin d’un autre St fur tout d un mort, & je
ne voi pas quel fervice il en auroit pu attendre. Que le
monde foit éternel, félon Py thagore, ou qu il ait ete fait,
félon P laton; il eft parfait ,& n’a jamais attendu ni Saturne
ni fa race. Il faut etre bien fimple pour douter ,
que dès le commencement il n y ait eu de la lumière, des
aftres, de la pluye , des tonneres, &c que Ju piter n ait
craint lui-même la foudre que vous lui mettez en main;
que la terre n’ait produit tous les fruits avant Ba cchus,
CerèsSt Min erve,même avant le premier homme. Si
Bacchuseft dieu pour avoirmontre la vigne ; on a fait
tort à Lucullus de ne l’avoir pas fait dieu, pour avoir
apporté les cerifes de Pont en Italie.
Mais vous cherchez une autre caufe,& vous repondez
que la divinité a été donnée pour recompenfer le mérité.
Je croi que vous accorderez que ce Dieu qui fait les
autres, eft très-jufte. Voyons donc s ils ont mérité d être
élevez au c ie l, ou plutôt d’etre abîmez au fond de len -
fer. Car on y place les enfans dénaturez, les inceftes,
;L IV R E CINQUIEME. : ; H M
les adultérés,, les. raviifeurs, les corrupteurs d’enfans ,
ceux qui font cruels, q uitueru, qui dérobent, qui trompent;
en: un mot tous ceux qui reflemblent-àquelqu’un
de vos dieux. Et quand ils auroient été bons &c v ertueux
, combien y art’il eu d’hommes plus excellens,
que vous laiffez entre les morts ; un Soctate,un Ariftide,
unT hem ifto c le, un Alexandre ? Lequel de vos'dieux
eft plus fageque Caton, plus jufte & plus brave que Sci- c. n.
p ion , plus éloquent que Ciceron ? Ainfi quant a vos
dieux, je ne vois que des noms d’anciens morts ,c& je
n’entends dire que des fables1; quant aux idoles-, je ne
trouve autre chofe que de la matière, la même dont on
fait la vaiflelle &c les meubles ordinaires. Peut-on dire
que nous offenfionsceux que nous favonscettainement
n’être point : mars dites-vous, nous les tenons pour des ; 51 h ij.
dieux. Comment donc n’êtes-vous pas impies & facrile-
ges de les méprifer comme vous faites? Il parcourt plusieurs
in d ign ite z , que les payens même commettoient
contre leurs dieux, principalement dans les fpeètacles,
où fouvent on les tournoit en ridicule, Sc on les faifoit
fervir de fujet à des farces. Puis il continue :
Qu’adorent donc ceux qui n’adorent pas tout cela ?
C ’eft ici qu’il faut vous expliquer nos myfteres, après * ts.
avoir réfuté les fauifes opinions1. Car quelques-uns de
vous ont imaginé que-hotre Dièü éroit une tête d ane.
Corneille Ta cite vous a donné ce foupçon. D ’autces
penfent que nous adorons la croix. D’aucres, par une
opinion plus humaine Sc plus vrai-femblable , croyent
que le foleil eft notre Dieu. C ’eft qu’ils faVent que nous
prions tournez vers l’O r ien t, & que nous donnons a la
joye le jour du foleil ; mais la râifotvde cette pratiqué
étoit différente. Par ces mots il marque la folemnire du
dimanche. Il continue : on a fa it paraître notré Diéu