
4 1 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Agricolaüs dit : Qu’on la life. Un officier dit : Ce fol.
dut a jette la ceinture militaire , a témoigné qu’il étoit
chrétien, & a prononcédevant tout le peuple pluficurs
blafphèmes contre les dieux & contre cefar , c’cft pourquoi
nous "l’avons renvoie devant v o u s , afin que vous
en ordonniez comme il vous plaira. Après la leéture de
la lettre , Agricolaüs dit : Avez-vous ainfi parlé en pre.
fence du prefident ? Marcel dit : O ü i , j’ai parlé ainfi.
Agricolaüs du : Etiez-vous.centurion ordinaire ? Marcel
dit : O ü i , je l’étois. Agricolaüs dit : Quelle fureur vous
il fait jetter les marques de votre fe rmen t , &c dire de
telles paroles ? Marcel répondit : Ceux qui craignent
Dieu n’ont point de fureur. Agricolaüs dit : Avez-vous
dit tout ce qui eft contenu dans les a êtes du prefident ?
J e l’ai d i t , reprit Marcel. Agricolaüs die : Avez-vous
jetté vos armes ? Marcel répondit : Je les ai jettées,parce
qu’il ne faut pas qu’un chrétien , qui fert J . C . fer-
ve pour les embarras du fiecle. Agricolaüs dit : Ce que
Marcel a fa i t , eft de telle nature que la difeipline doit
être obfervée pour l'en punir. Et il prononça cette
fentence contre lui : Il eft d i t , que Marcel qui étoit centurion
ordinaire , qui s’eft deshonoré en renonçant publiquement
à fon ferment ; & qui a proféré en prefence
du tribun d’autres paroles pleines de fureur , fera exécuté
à mort. On lui coupa la tête, & il mourut ainfi
r i « « ! pour le nom de J . C . La defertion principalement açcompagnée
d’un autre crime comme d’impieté & de
s.cpnnm. i. f . üéi’obéïiTancc, étoit un crime capital par les loix R o maines.
4«*/%. f. jjj. Le greffier qui devoit écrire cette fentence , après
avoir écrit tout ce qui eft rapporté ci-deffus, étoit C a f -
fien. Mais voïant la conftance de Marcel, il témoigna
4 haiite yoix , que cette condamnation lui faifoit hor -
reur; & jetta à terre les tables & le ftilet dont il écrivoit.
Tous les officiers furent furpns -, Marcel rioit : le juge
fe leva de fon fiege tout émeu , & lui demanda pourquoi
ü avoir jetté les tables avec dédain. Caffien répondit
: Parce que vous avez diété une fentence injufte. Il
le fit aufli-tôt prendre & mettre en prifon. Marcel qui
avoir ri de joie , prévoïanc que Caffien feroit compagnon
de fon ma r ty re , fut exécuté le même jour trentième
d’Od o b re . C omme on le menoit au fupplice, il dit
au juge Agricolaüs : Dieu vous faffe du bien. Enfuite il
eut la tête tranchée. Un mois après & le troifieme de
Décembre , Caffien fut ramené au même lieu , ou Mar cel
avoit été. interrogé : il fit à peu près les mêmes ré-
ponfe s , & obtint auffi la couronne du martyre.
L ’empereur Diocletien vint paifer l’hyver àNicome-
die , la dix-neuviéme année de fon regne, 30a. de J .C .
L e cefar Galerius Maximien après avoir défait les Per-
f e s , y vint auffi , pour l’exciter à perfectiter les chrétiens
; pouilé lui-même par fa me r e , femme fuperfti-
tieufe', qui adoroit les dieux des. montagnes y.ôc faifoit
tous les jours des facrifices & des feftins de viandes immolées.
Les chrétiens loin d y prendre p a r t , jeunoient
cependant St s appliquoient a la ptiere. Elle en conçue
de la haine contre eux ; & par les plaintes excita fon
fils à les perdre ; car il n’étoit pas moins fuperftitieux
qu’elle. Il délibéra fur cette affaire avec Diocletien pendant
tout l’hyver : & comme perfonne n’étoit admis à
ce confei l , on croioit qu d s agtüoit de 1 intérêt capital
de l’empire. Le vieil empereur rehfta long-temps a
lemportemcnt.de Galerius, montrant combien il etoit
dangereux de troubler le repos du monde, & de 1 epan-
dre tant de fang. Que les chrétiens ne demandoient
qu’à mourir ; qu'ù falloir contenter de détourner de
X X V I I I .
Perfecucion gene**
raie.
an. 30-2.
Lact. de mort•
terifec.n 10. lia'
Pagi hoc an•