
201 H l S T OI R E E c e t E S I AST I Q J J t ,
prefcnce du peuple qui n’eft point tombé, nous puiiÎioris
tout regler d'un commun avis. Il ne feroit pas raifonna-
ble de faire entrer dans l'églife quelques-uns des apof-
ta ts , tandis qu’il y a des confeffeurs exilés qui n’ont pô
encore revenir, étant dépouillé» de tous leurs biens.
Ceux qui font ii preflez , ont en leur pouvoir ce qu’ils
demandent, Si même plus. On combat tous les jours, ft
leur repentir eft iîncere, leur zele eft fî ardent,qu’ils
nepuiffentfouffrir de délai ; ils peuvent recevoir la cou-?
ronne du martyre.
Cette conduite de S. Cyprien fut foôtenuë par des
lettres du clergé de Rome au clergé de Ca rth age, ôc des
eonfeiïeurs de Rome à ceux de Carthage,pour les exhorter
à tenir ferme contre les importunités des apoftats ,
fuivant la rigueur de l'évangile ; Si S. Cyprien de fon
côté écrivit aux prêtres Sc aux diacres de Rome pour
leur rendre compte de fa retraite , dont on ne leur avoit
pas fait un rapport allez fidele. il leurenvoy oitaufli les
lettres qu'il avoit écrites pendant fa retraite, au nombre
de treize, pour leur apprendre tout ce q u is ’étoitpaffé,,
Sc comme il s’écoit conformé à leurs confeils,touchant
les apoftats malades , pour conferver l ’unité dans 1 ®
difeipline.
preffer avec fon zele in -
inifceuiii de Lucien continuoit tou jours à
ta.ien. diferet la réconciliation des apoftats, en vertu des b illets
des eonfeiïeurs , mais ayant vu les lettres, par lef-
Jt.c/pr.}. i). quelles S. Cyprien ordonnoit de les différer -, il vint à cet
excès de témérité, d’écrire au nom de tous les confeffeurs
la lettre qui fuit: Tousles confeifeursau pape C y prien
, falut. Sachez que nous avons donné la p aix à
tous ceux dont vous ferez informé comme ils ie font
conduits depuis leur péché, Sc nous defîrons que vous
le fafliez lavoir aux autres évéques. Nous fouhaitons
L i v r e s i x i e ’m e . i o j
que vous ayez la paix avec lesfaints martyrs. En pre-
Îence d’un exorcifte & d’un leébeur : écrit par Lucien.
Saint Cyprien ayant reçu ce billet., Sc voyant qu’il
échauffoit des.efprits turbulens, qu’il avoit dès auparavant
de la peine à gouverner, Sc les pouffoit à vouloir
extorquer la paix de l'églife : voyant cela, il écrivit à fes
prêtres & à fes diacres de s’en tenir à ce qu’il leur avoit
écrit au fujet des apoftats ; parce, d it - il, que c’eft une
affaire qui nous regarde tous, & que nous devons juger
en commun. C ’eft pourquoi je n’ofe me l’attribuer feu!,
ni porter un préjugé. J ’ai envoyé copie des lettres que
je vous ai écrites , à pluiïeurs de mes çollegues , qui
m ’ont répondu qu’ils étoient du même avis, Se qu’il fal-
loit nous y tenir, jufques à c e quenous puiftions nous
affcmbler, Sc examiner les cas particuliers. Et afin que
vous fâchiez ce que m’a écrit Caldonius, mon collègue ,
Sc ce que je lui ai répondu: j ’ai joint à cette lettre la copie
de lafienne &demaréponfe -, Sc je vous prie de lire
le tout à nos freres, afin qu’ils ie difpofent de plus en plus
à la penitence.
La lettre de Caldonius étoit adreffée à faint Cyprien
Sc aux prêtres de Carthage, ôeportoit : La neceffuédu
tems fait que nous ne devons pas legerement donner
la paix ; mais ceux qui après avoir facrifié, ont ete tentez
de nouveau, & fe font banis volontairement, me
f iaroiffent avoir effacé leur péché , ayant abandonné
eurs terres Sc leurs maifons, pour faire penitence, &
fuivreJefus-Chrift. Ainiî F é lix , mon proche voifin, que
je connois particulièrement, Sc qui étoit prêtre fous De-
c ius, Sc VicSboirefa femme, Sc Lucius fefont banis, Sc
leurs biens font confifquez. Une femme nommée Bone,
a été traînée par fon m a ry , pour facrifier , d’autres lui
fenoientles mains, ôcfacrifioient ; elledifoit : Ce n’eft
C c ij
Epîjt, 16 :
Ap.Cypr. ep. 14 ,