
4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j c j e .
tulin leur donna un livre extraordinairement grand. Félix
dit à Marcuclius &c à Silvain : Pourquoi n’avez-vous
donné qu’un livre ï Donnez les écritures que vous avez.
Ils di rent : Nous n’en avons pas davantage -, car nous fouîmes
foudiacres; les lecteurs ont les livres. Félix di t :
Montrez-nous les ledeurs. Marcuclius Si Catulin dirent;:
Nous ne fçavons où ils demeurent. Si vous ne le fçavez
pas, dit F é l ix , dites-nous leurs noms. Catulin & Marcu-
clius dirent : Nous ne fortunes pas traîtres ; nous v o ic i ,
faites-nous tuer. Félix- dit : Qu’on les arrête.
Lor fqu’on fut arrivé à la maifon d’un des ledeurs
nommé Eugene : Félix lui dit r Donnez les écritures que
vous avez pour obéir à l’ordre. Il tira quatre livres. Fél
ix dit à Silvain 6c à Carofe : Indiquez les autres ledeurs*.
Ils dirent r L ’évêque a déjà d i t , qu’Eduiius & Juniusnoi-
tairesles connoiffent tous, qu’ils vous mènent chez eux,.
Eduuus & Junius dirent : Seigneur, nous vous les allons
mon trer . Quand on fut arrivé à la maifon de Félix marbrier
; car les clercs exerçoient auffi des métiers , i l donna
cinq livres. Enfuite on alla chez V id o r in , qui en donna
huit ; puis chez P ro je d u s , qui en donna cinq grands
& deux petits. Lors qu’on fut arrivé en la maiion du
grammairien V id o r ; Félix lui dit : D onnez les écritures
que vous avez pour obéir aux. ordres: V id o r le g rammairien
prefenta deux volumes & quatre: cahiers. Le curateur
Félix lui dit : Donnez les écritures ; vous en avez
davantage. V id o r le grammairien dit ; Si j’en avois eu
da v antag e , je les aurois données. On alla chez Euticus
d eC e fa r é e , & Félix lui dit : Donnez les écritures que
vous a v e z , pour obéir aux ordres. Euticus dit : J e n’en
ad point.. Félix dit ; Vot re déclaration eft dans les ad e s :
Enfuite on alla en la maifon de Coddeon, & ia femme
donna fix volumes ; car ies leéteurs étaient, mariez. Félix:
L i v r e h u î t i e ’ m e , 4 / 5
dit : Cherchez fi vous n’en avez pas davantage, donnez-
les. La femme répondit : J e n ’en ai point. Félix dit au
nommé le Boeu f ferviteur public : Entre & cherche, de
peur qu’il n’y en ait encore. Le ferviteur public dit ; J ’ai
cherché & je n’en ai point trouvé. Félix dit à V id o r in ,
à Silvain & à Ca rofe : Si vous n’avez pas fait ce que vous
deviez, vous en répondrez. Ainfi les livres & les meubles
de l’églife de Circhc furent hvrezaux perfecuteurs;
& le foudiacre Silvain, qui a voit livré tout ce qu’il avoir
trouvé, en exécutant les ordres de l’évêque P au l , ne
laiffa pas d’ être élu. évêque depuis, par brigue & par
fimonie,
L ’édit de la perfecution fut affiché dans la petite ville
de Tibiure , dans l’Afr ique particulière ou proconfu-
laire, le cinquième jour de Ju in . Félix qui en étoit évêque
étoit allé ce jour-là même à Cartbage : Magnilieii
curateur de la ville , fe fit amener Aper prêtre, Cyrus &c
Vital ledeurs-; & il leurdi t : Avez-vous les livres divins?
Aper dit : Nous les avons. Magnilïen dit : Donnez- les ,
afin qu’on lesbrûle: Aper dit : Notre évêque les a chez
lui. Magnilien dit : Où eft-il ? Je nefqai, dit Aper. Ma -
gnilitn dir : Vous ferez entre les mains des officiers
jufquà ce que vous rendiez raifon de votre conduite
au procouful Anulin. L ’évêque Félix revint le jour fui-
vant de Carthage à Tibiure. Magnilien l ’envoi'a quérir
par un officier, & lui dit : Evêque Félix,donnez tous
les livres & les parchemins que vous avez. Félix évêque
dit : Je les ai,mais je ne les donnerai pas. Magnilien dit r
Ce que les empereurs commandent l’emportera fur ce
que vous dites, donnez les livres afin qu’on les brûle. Félix
dit : I l faut mieux qu’on me brûle moi-même, que
tes écritures divines ; car il faut plutôt obéir a Diett
qu’aux hommes. Magnilien dit : C e que les empereurs
L l l iij,
x i .
Martyre de S,
Félix de Tibiure.
A n . 5 0 3 .
A f t a j i n c . f *