
XXIV.
Mort de Philip.
F'1. Decius empereur.
Perfe.
cution,
Hè, !,
Ëntrop, Hé, ÿ.
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x j 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
qu’ils lui firent tomber tous les dents, 8c ayant allumé
un grand feu dans les fauxbourgs, ils la menacèrent de
l’y brûler v iv e , fi elle ne prononçoit avec eux des paroles
impies. Elle témoigna demander un peu de tems ;
8c quand ils l’eurent lâché e, elle fauta vigoureufemenc
dans le bûcher, où elle fut confumée. Un nommé Se-
rapion fut pris dans famaifon, 8c tourmenté fi cruellement
, qu’on lui rompit toutes les jointures , puis on
le précipita d’une chambre haute. Il n’y avoir ni grande
ni petite rue où les Chrétiens puffent paffer de
jour ni de nuit. Par tout les infidèles crioient iànsceffe,
que quiconque ne prononceroit pas les paroles impies,
feroit auffi-tôt traîne 8c brûlé. Ces maux durèrent long-
tems, mais enfin la guerre civile q u ifu rv in t, tourna la
fureur des payenscontre eux-mêmes, 8c donna un peu
de tems aux Chrétiens pour refpirer. Il eil à croire que
cette perfecution d’Alexandrie arriva au commencement
de l’année , puifque l’églife honore la mémoire
de faint Metranle trente-uniéme de Ja n v ie r , defainte
Cointa le huitième de F é v rie r, 8c de fainte Apolline le
neuvième.
Le regne de Philippe fut troublé par plufieurs révoltés
dans les provinces ; entr’autres en Pannonie , où il
envoya Decius,homme capable 8c de grande expérience
; mais les foldats, qu’il vouloir corriger , aimèrent
mieux fe procurer l’impunité, en fe donnant un maître
capable de commander,8c déclarèrent empereur Decius
lui -meme. il s’av ança vers l’Italie à la tête de fes troupes,
8c après qu’il eût gagné une bataille , Philippe fut tué
par fes foldats à Verone , 8cfonfils â Rome Ils avoient
régné cinq ans 8c quelques mois. On le mit au nombre
des dieux, ce qui montreque leurchriilianifmen’avoît
pas été fort connu. Ils furent tuez vers le mois de Juil-J
L i v r e s i X i e 'm e : Ï 5 7
1er l’an de J. C. 24?. L’empereur Philippe avoît fon- £»/. ctr. m.
dé enTh ra ce lav illed eP hilip p op olis, quigardeencore 1451
fon nom.
Decius étoit de Budale dans la baffe Pannonie ; fon
nom entier étoit Cneius-Meifius-Quintus-Trajanus-
Decius. Il avoir un fils, Decius Etrufcus, qu’ il fit Cefar.
Se picquant de reformer les défordres introduits fous
le regne de Philippe, il fit une cruelle perfecution aux
Chrétiens. Un des faints de l'églife de Carthage en fut
averti long-tems d e v a n t , au rapport de S. Cyprien , cypr.epiji.
par cette vifion. Il vit un pere de famille aifis , ayant à
fa droite un jeune homme qui paroiifoic plein de douleur
8c d’indignation. Il étoitaflis avec un vifage trille,
s’appuyant la jouë fur fa main ; un autre étoit debout â
la gauche, tenant un filet, qu’il menaçoit de jetter pour
prendre le peuplet|utparoiiioit aux environs. Celui qui
eut cette vifion fut étonné, 8c il lui fut d i t , que le
jeune homme aflis à la droite , étoit affligé de ce que
l ’on n’obfervoit point fes commandemens, 8c que celui
qui étoit à gauche, étoit ravi d’avoir occafion d’obtenir
du pere de famille la permiffion de faire du mal. En
effet, faint Cyprien attribuoit la caufe de cette perfe- c}pr.<i,iapf.
cution au relâchement des Chrétiens, qui venoit delà
longue paix.
Chacun, dit-il, s’appliquoit à augmenter fon bien
avec une avidité infatiable, ne fe fouvenant plus de ce
que les fideles avoient fait fous les apôtres , ni de ce
qu’ils d evoient toûjours faire. Les évêques n'étoienc
point dévouez à la religion ; la fidélité des miniftres n’é-
toit pasentiere; la miiericorde ne paroiffoit point dans
les oeuvres, ni la difeipline dans les moeurs. Les femmes
fe fardoient, les hommes fe teignoient la ba rbe, les
fourcis, les cheveux, comme pour corriger l’ouvrage de
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