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ropifc.in rur.f. de Florien fon fre re , & publièrent une prédnftion :
Qu’un jour de cette famille viendroit un empereur Romain,
foit parles mâles, foit par les femmes; qui donne-
roit des juges aux Parthes & aux Perfes; quifoumettroit
aux loix Romaines les Francs & les Allemands ; qui ne
laiiferoit pas de barbares dans toute l’Afrique; qui donne-
roit des gouverneurs à la Taprobane & à la Bretagne ;
qui commanderoit aux Sarmates, & s’aiïujettiroit toute
la terre que l ’Ocean environne : qu’enfüite il rendroit
l ’empire au fen a t , & vivroit fuivant les anciennes loix:
qu’il vivroit fix vingts ans, & mourroit fans héritier. Il
devoit venir dans mille ans du jour que la foudre avoit
renverfé les ftatuës. Te lle fu t la.vaine prophétie des
arufpices.
Après la mort de T a c ite , fon frere Florien s’empara
de l’empire, de fon autorité propre ; mais à peine avoit-
il régné deux mois , qu’il fut tué à Tarfe parles foldats.
"Euf. eh7» an. 27 6. Cependant on apprit que les troupes d’Orient avoient
É B y fo y * élu celui que le fenat avoit defiré , & que le peuple
Romain avoit demandé par fes acclamations r c’étoit
Marc Aurelius Valerius Probus. Il étoit né à Sirmium
en Pannonie, & fils de Maxime tribun militaire. Le mérité
de Probus lui avoit attiré l’eftime des empereurs
Aurelien & Tacite : & il ayoit repouifé par de grandes
viétoires les barbares qui vouloient inonder I’em-
Pire‘
x. . Ce fut la fécondé année de Probùs, lorfqu’il étoit
feqàcM'ail'sr" conful avec Paulin, c’eft-à-dire, l’an de J .C . 2 7 7 . que
eu/-, chr. cyriii. parut l’herefiarque Manés, dont il faut reprendre l’ori-
B«er. cateeh. 6.p. gjne p|us fgaiIt> y aVoit en Egypte un nommé Scy-
LpJod'.hpm6fc ^ r in , Sarrafin de n a tion , qui n’avoit rien de com-
firm.74.c. i. mun avec le chriftianifme ni avec le judaïfme. Il de-
meuroit à Alexandrie, & fuivoit la feite d’Ariftote. Il
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compofa quatre livres: il nomma le premier é v an g ile ,
le fécond des chapitres, le troifiéme des myfteres, le
quatrième des tréfors. Le premier n’avoit rien de commun
avec l’évangile de J .C . que le fimple titre. Scythien
mourut de maladie,avant que de paifer en Ju d é e , qu’il
fepropofoitd’infeéler de fa doéirine. Il avoit un difci-
ple nommé Terbinthe , qui fut l’heritier de fes livres ,
de fa doélrine & de l’argent qu’il avoit amaile , en trafiquant
aux Indes par la mer rouge. Terbinthe v in t en
Paleftine & en Ju d é e , où étant connu & condamné,
il réfolut de paffer en Perfe: &c pour n’y être pas connu,
il changea de nom & fe fit appeller Boudas. Il y trouva
auffi pour*adverfaires les prêtres de Mithra, & après
plufieurs difputes,il fut convaincu d’erreur & chaifé, &
fe retira chez une veuve. Là étant monté fur la terraiTe
de la maifon , pour invoquer les démons de l’a ir, il fut
frappé de Dieu, tomba de la terraffe & expira. La veuve
hérita de fes livres Si de fon argent.
Comme elle n’avoit point de parens, elle acheta de
cet argent un jeune efclave nommé Coubric qu’elle
adopta pour fon fils , le fit inftruire dans les fciences
des Perfes ; enforte qu’il devint confiderableentre leurs
fages. La veuve étant morte, il hérita des livres & de
l’argent ; & afin que l’on ne lui pût reprocher fa fervi-
tude, il quitta le nom de Coubric & prit celui de M a nés
, qui en Perfan fignifioit converfation ; parce qu’il
croïoit exceller dans la dialeétique. Il difoit qu’il étoit
le Paraclet, & fe vantoit de faire des miracles. Le fils
du roi de Perfe étoit malade : il y avoit grand nombre
de médecins ; mais Manés promit de le, guérir par fes
prières. Les médecins fe retirèrent ; l’enfant mourut,
Manés fut mis en prifon. Il trouva moïen de s’échaper ;
le roi fit mourir les gardes,: Manés s’enfuit en Mefopo-
B b b ij