
' ty<3 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
à t o i , & change d’a v is , & o n ôtera les clous. Il répondit
: Je les ai bienfèntis ; & après être demeuré quelque
tems peniif, il dit : Je me preiTe , Seigneur , pour me
relever plutôt ; marquant la reiurrcction. On l’éleva
donc attaché au bois, & eniiiite un nommé Metrodore,
de la fééle des Marcionites. Ils étoient tous deux tournez
vers l’Orien t, Pionius à droit, Metrodore à gauche. On
entaiTa tout autour une grande quantité de bois ; & comme
Pionius fermoit les yeux , le peuple crut qu’il étoit
mort. Maisilprioit eniècret; & ayant fini û priere, il
ouvrit les yeux , regarda le feu d’un viiàge gay , dit
Amen, & expira comme par un leger foupir , en diiànt:
Seigneur, recevez mon ame. Après que le feu fut éteint,
les fideles qui étoient préfens trouverènt ion corps entier
, & comme en pleine fitnté ; les oreilles molles, les
cheveux tenant à la tête , la barbe belle, tout le viiàge
éclatant. Les Chrétiens étoient confirmez dans la f o i , les
infidèles fe retiroient épouvantez & agitez des reproches
de leur confcience. Ceci iè paiïâfous le proconful Jule-
Proculus-Quintilien ; fous le troifiéme confulat de l’empereur
Decius, & le fécond de Gratus; félon les Romains,
le quatrième des Ides , c’eft-à-direle.douziémede Mars;
félon l’ufàge d’Afie , le douzième du fixiéme mois Macédonien
, nommé Xanthique 5 à dix heures, iuivant notre
maniéré de compter, l’an de J . C. 2 5 0 . le cinquième
Jour de Mars, à quatre heures après midy. On .ne fait
pas comment finirent les autres martyrs compagnons
de S. Pionius.
xxxy, Cependant S. Cypriende fà retraite écrivoitfouvent
Cyi'kn" S' * fon çlergé , qui étoit demeuré à Cârthrge , & dans
wfl- s• une de fes lettres, il leur dit: Puifque .l’état des lieux ne
me permet pas d’être preiènt, je vous prie de vous acquitter
en çonfçien.ce de votre devoir & du mien ; en
forte
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fort e que rien ne manque à l'ordre ni à l’exa&itudede
la difcipline. Quant à la dépenfequ'il faudra fa ire , foie
pour les confefleurs qui font en prifon, foit pour les pauvres
qui perfeverentdansla foi; je vous prie que rien ne
leur manque, puifque toute la fomme qui a été amaf-
fée, n'aétédiftribuée entreles mains des clercs, qu afin
I que plus de perfonnes eufTerit dequoi pourvoir aux be-
foins de chacun. Que fi les freres, par l’ardeur de leur
charité , s'empreffent â vifiterles bons confefleurs; je
croi qu’ils doivent ufer de précaution , ôc n’y pas aller
à grandes troupes, de peur d’exciter l’indignation , ôc
I nous faire refufer l’entrée; enforte que nous perdions
tout par l’avidité de trop avoir. Prenez - y garde , ôc
I memeque les prêtres, qui offrent le facrifice dans les
priions des confefleurs, y aillent tour à tour avec un
d ia c r ê , parce que le changement des perfonnes les rendra
moins, odieufes. Nous devons en tout être doux 8c
humbles, comme il convient à des ferviteurs de Dieu :
nous accommoder au temps, ôc procurer le repos du
[ peuple ; faluez tous nos freres. Le diacre Viétor ôc ceux
I qui font avec moi vous faluënt. On void dans cettelet-
tre l’affeétion des chrétiens pour le faint facrifice de
I 1 euchariftie; puifque les prêtres alloient le celebrerjuf-
I ques dans les prifonï,plutôt que de priver les confeifeurs
de cette confoiation. On void aufli qu’en cas de befoin
on lecelebroitavecpeu de folemnité; mais que le prêtre
avoir au moins un diacre pour le fervir.
On peut rapporter au même temps une Iettreécrite à sfiji. «
Sergius, a Rogatien & aux autres confeifeurs prifon-
I niers,ou il leur dit de même,qu’il fouhaiteroitde jouïrde
leur prefence, fi l’état des lieux le permettoit. Car , con-
I tinue-t-il, que me pourroit-il arriver de plus agréable,
que d’embrafler ces mains pures, qui ont genereufe-
Torne 11. 7