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V I I I .
Lettre d’Orige-
ne à Africain.
12 2 H i s t o i r e E c c l e s ia s t iq u e
Cependant Maximin, fur la nouvelle de l’éleétion du
vieux Gordien, avoit marché vers l’Italie ; & ayant paffé
les Alpes, il fut arrêté par la refiftance d’Aquilée, qui
lui ferma les portes, & fe trouva obligé de l’affieger. Le
iiege tirant en longueur, les foldats fatiguez de la guerre,
& irritez de fa cruauté, le tuerent dans fo tente en plein
midi avec fon fils, & envoyèrent leurs têtes à Rome,
où l’on fit des réjoüiiTances extraordinaires de fe voir
délivré de ce tyran. Ce fut environ le printemps de l’an
23 8- & Maximin périt, après avoir régné plus de trois
ans. Puppien & Balbin commençoient à regner librement
, mais ils n’étoîent pas bien unis, & les foldats ne
pouvoient fè reioudre à obéir à des empereurs choifis
par le fenat. Ils s’élevèrent donc ouvertement contre
eux aux Jeux Capitolins, les traînèrent honteufement
par la v ille , 8c les tuerent, après leur avoir fait fouffrir
mille indignitez. C ’étoit au mois de May de la même
année 2 38 . AinfiPuppien&Balbinne regnerentpasune
année entiere. Les foldats conferverent le jeune G o rdien,
qui-fut reconnu de tout le monde pour empereur,
quoiqu’il n’eût qu’environ treize ans: c’eft ce qui paroît
de plus certain pour les dattes de ce regne, qui ne font
pas fons difficulté.
On peut rapporter à ce tems la lettre d’Origene à
Africain, écrite de Nicomedie, apparemment à fon retour
de Cappadoce ; car la perfècution cefïa avec la puifi
fonce de Maximin. Jules Africain , un des plus fçavans
d’entre les chrétiens, étoit de Nicopoli en Palcftinc.
C ’étoit l’ancienne Emmaüs, dont les Romains, après
la ruine de Jerufolem, avoient fait une ville , au lieu
d’une fimple bourgade, & lui avoient donné ce nom,
en mémoire de leurs viéloires fur les Juifs. Elle avoit
été brûlée depuis, 8c Africain lui-même fut député vers
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l ’empereur Heliogabale, pour la faire rétablir, 8c il l’obtint.
Africain étoit plus âgé qu’Origene, puifqu’il le
nomme fon fils, 8c toutefois il ne laifïa pas d aller exprès
à Alexandrie, pour voir Heraclas difciple d’Origene
, du tems qu’Heraclas conduifoit l’ecole chrétienne
de cette grande v ille , avant que d’en etreeveque.
Cet Africain donc écrivit à Origene une lettre, ou il lui
propofè les raifons par lefquelles ils étoient perfuadés que
l’hiftoirede Sufonne, qui eft à la fin du livre de Daniel,
étoit fuppofée. Sa principale raifon é to it, que ni cette
hiftoire, ni celle de Bel & du dragon, ne font point
dans les exemplaires des Juifs.
Origene lui répondit, s’excufont fur le peu de fejour
qu’il faifoit à Nicomedie, qui ne lui permettoit pas de
traiter à fonds cette queftion. Il dit d’abord qu il ne
s’agit pas feulement de ces parties de l’hiftoire de Daniel,
mais de plufleurs autres dans Daniel même, & dans plu-
iieurs livres de l’écriture, particulièrement dans Efther,
qui fe trouvent dans les exemplaires grecs de toutes les
églifes de J . C. & ne fe trouvent point chez les Hebreux.
Ces différences étoient alors encore plus grandes, avant
les travaux d’Origene, 8c avant la verflon latine de foint
Jerôme. Prenez donc garde, d it-il à Africain, que
fons y penfer, en fiipprimant ces paffages , nous n’im-
poflons une loi aux freres de rejetter les livres focrez
reçus par toutes les églifès, 8c de ftater les Ju ifs , en
les priant de nous faire part de,ceux qui font purs, 8c
qui n’ont rien de fîippofe. La providence de Dieu n a-
t-elle pas donné à toutes les églifès de J . C. le moyende
s’édifier par les écritures fointes? C e n’eft pas que je re-
fufè d’examiner les écritures des Juifs, 8c de les conférer
avec les nôtres. Je l’ai,fait, n je l’ofè dire , autant
.que; perfonne „ dii'outant toutes les éditions 6c leurs dif-
K f
Fuf.chr.an.il.
Id .h ifl, i . c . j i f
Epi/t. Orig.p.