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'384 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
avoient auffi des aétes, les uns fous le nom de faint André,
d’autres-de S. Je a n , d’aigres de S. Pierre, d’autres de
fi. Paul. Manés lui-même fe nommoit apôtre de J . C,
non pour fe mettre au rang de faint Pierre, de faint Paul,
il prétendoit bien être au-deffus : mais pour dire , qu’il
étoit envoie de la part de Jefus-Chrift , étant le Parad
e r promis,
Toute la dodrine de Manés rouloit fur la diilindion
des deux principes : le bon , qu’il nommoit prince delà
lumière ; & le mauvais, qu’il nommoit prince des te-
nebres; & il ne prenoit pas ces mots de lumière & de
tenebres par métaphore, mais au pied de la lettre -, car
il ne reconnoiifoit rien que de corporel. Le monde avoir'
été fait du mélange de ces deux natures du bien 8c du
mal. Il y a voit cinq élemens de la nation de tenebres ;
la fumée , les tenebres , le feu , l’eau & le Vent. Dans la
fumée étoient nez les animaux à deux pieds & les hommes
mêmes ; dans les tenebres, lesferpens; dans le feu,
les animaux à quatre pieds 3 dans l’eau , les poiifons ;
dans l’a i r , lesjaifeaux. Pour combattre ces cinq élemens
, Dieu avoit envoie cinq autres de fa iubftance ;
¡8ç dans le combat ils s’étoient mêlez : fçavoir l’air à la
fumée, la lumière aux tçnebres, le bon feu au mauv
a is , la bonne eau à la mauvaife, le bon vent au mau-
vais. Lefoleil 8c la lune étoient deux vaiifeaux vogans
dans le ciel, comme en un grande mer : le foleil com-
pofé du bon fe u , la lune de la bonne eau. C ’eft ainiî
qu’ils expliquoient la trinité divine. Le Pere habitoit
dans une lumière reculée , le Fils dans le fo le il, la Sa-
geife dans la lu n e , le faint Efprit dans l’air. Ainfi le Fils,
n’étoit qu’une partie de la fubftançe du Pere, Dans ces
deux vaiifeaux, le fole il & la lune étoient de jeunes
garçons 8c de jeunes filles d’unp excellente beauté qu’ils
appelloient
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tppelloient les vertus faintes : les princes des tenebres çpjU.c*t.
qui étoient auili des deux fexes en devenoient amou- 3'
reux, 8c de ces amours fuivoient des effets merveilleux,
entr’autre la pluie.
En chaque homme il y avoit deux âmes ; l’une bon- -a** </>*«>*<
ne qui venoit du bon principe, & qui étoit une partie
de fa fubftançe, corporelle comme lui : l’autre ame
étoit une partie du mauvais principe. Les ames des fi- u.Huf.t.\t.
deles, c’eft- à-dire des Manichéens, étoient purgées par
les élemens, 8c portées dans la lune ; d’où elles paifoient
dans le fo le il, qui lçs reportoit à D ieu , pour y être réii-
nies. Les ames de ceux qui n’avoient pas reçu fa doctrine
, étoient envoïées en en fe r, pour être tourmentées
un temps par les démons, à proportion de' leurs crimes.
Etant ainfi purgées , elles étoient renvoïées dans
des corps d’autres hommes, de bêtes, ou de plantes ;
8c fi elles ne fe corrigeoient p o in t , elles étoient enfin
jettées dans le grand feu. Ainfi tout le myfterè de la
rédemption confiftoit à detacher les particules de la divinité,
des corps mauvais où elles étoient engagées 5
pour les réunir à leur principe. Toutefois il n’étoit pas cyrut.
permis de féparer les ames , 8c celui qui le faifoit de- ‘‘
voit fouffrir la même peine ; celui qui avoit tué un animal
de voit être- changé au même animal ; celui
.qui avoit arrache ou coupé une plante, devoit être
changé en la même plante. Ils ne laiffoient pas d’en
manger quand d’autres les avoient cueillies. Quand
donc on donnoit un pain à un Manichéen , il difoit :
Retirez-vous un peu,que jefaffe ma benediétion. Alois
il prenoit le pain , 8c difoit : Je ne t’ai pas f a i t , 8c le
jettoit en h a u t , maudiifoit celui qui l’avoit fait. Puis
il ajoutoit : Je ne t’ai pas femé : que celui qui t’a femé ,
foit femé lui-même. Je ne t’qi pas raoiffonné :que celui
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