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ôn le mène
temple»
V7 2 H i s t ô ï r é E c SLES I ASTIQUÉ,
fouffert volontairement les iupplices ? Après avoir long-
tems parlé, il leur commanda de fortir de la prifon.
au Alors Polemon & Théophile maîtres de la cavalerie
iùrvinrent avec des gardes & une grande foule, & dirent
d’une voix terrible : Voilà Eudemon votre évêque qui a
iàcrifié. Obêiffez auflï, Lepide Ôç Eudemon vous interrogeront
dans le temple. Pionius répondit : Ceux qui
font en priion doivent attendre la venue du proconfub
Pourquoi voulez-vous faire fa charge ? Après ce refus,
ils fe retirèrent ; mais ils revinrent avec une plus grande
troupe , & le chef de la cavalerie leur dit artifîcieu-
ièment : Le proconiul nous a envoyez, nous que vous
voyez i c i , avec ordre de vous ramener à Epheiè. Pionius
dit : Que celui qui eft chargé de l’ordre vienne ,
& nous ibrtirons iàns délai. Le chef de là cavalerie dit :
Siturefuièd obéira l’ordre , tu ièntiras mon pouvoir ,
& lui mit une corde au co u , le preffant fi fo r t , qu’il pen-
ià 1 étrangler. Il le mit donc entre les mains des gardes,
qui le menèrent à la place avec Sabin# & les autres; Ils
crioient tous a haute voix , qu’ils étoient Chrétiens ,
& fe couchoient à terre, de peur d’entrer dans le temple
des idoles ; mais fix officiers enleverent Pionius, qui
refiftoit il fo r t , qu ils eurent peine à le pouilèr dedans,
lui donnant des coups de pieds dans les cotez iàns qu’il
s en emeut j au contraire , il fe rendoit plus pefànr.
Ils appellerait donc du fecours, & le portant avec
grande jo y e , le mirent à terre devant l’autel, comme
une viétime. Eudemon y étoit encore debout , après
avoir làcrifié. r 'b ' , >
Lepide qui étoit un juge, dit d’une voix ièvere : Pourquoi
ne facrifiez-vous pas vous autres? Parce,dit Pionius,
que nous fommes Chrétiens. Lepide ajouta : Quel Dieu
adorez-vous ? Pionius répondit ; Celui qui a fait le ciel
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& la terre , 3c tout ce qu’ils contiennent. Lepide d i t ,
Parles-tu de celui qui a été crucifié ? Celui, dit Pionius,
que Dieu le Pere a envoyé pour le falut du monde. Les
juges difoient enrr’eux, mais enforte que Pionius pou-
•Voit l’entendre : Il faut les contraindre de dire ce que
nous voulons *, & Pionius répondit : Rougiffez adorateurs
des Cieux, ayez quelque égard à la juftice, obéifi
fez à vos lo ix ; elles ne vous ordonnent que de faire violence
à ceux qui refiftent, mais de les faire mourir.
Alors un nommé Rufin qui paffoit pour éloquent,
dit : Ceffe P ionius, de chercher la vaine gloire. Pionius
répondit : Eft-ce là ton éloquence ? Eft-ce là ce que t’ont
appris tes livres ? Socrare n’a-t’il pas efté ainfi traité par les
Athéniens ? On ne void plus que des hommes imparfaits,
pareffeux, lâches 8c poltrons. A ton avis donc Socrate,
Ariftide, Anaxarque & leurs femblables, cherchoient la
vaine gloire , parce qu’ ils s’appliquoient à la iàgeffe &
à la vertu ? Rufin l’ayant oüy parler ainfi fe teut. Un
autre qui étoit conftitué en dignité , lui dit avec Lepide
: Ne crie pas fi h a u t, Pionius. Il répondit: Ne nous
faites point de violence ; mais allumez un feu, & nous
y entrerons volontiers. UnnomméTerence cria dans la
foule : Sachez que c’eft foelui-ci qui foutient les autres
par fon difcours & par fon autorité, & qui les empêche
de facrifier. Alors on mit fur la tefte de Pionius des coü-
ronnes; qu’il rompir, & les pièces demeurèrent devant
l’autel. Un facrificateur étoit venu avec des broches, où
étoient des entrailles des viélimes encore chaudes, comme
pour les donner à Pionius ; mais il n’oià les prefèn-
ter à pas un d’eux, & iè contenta de les manger lui-même
devant tour le monde. Ils s’écrièrent encore: Nous
fommes Chrétiens ; & les payens ne fçaehant que leur
faire , les remenerent en prifon,